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Fronde contre le programme d’histoire-géo de première - Véronique Soulé, Libéblog "C’est classe !", 2 octobre 2011

dimanche 2 octobre 2011

Comment faire en un an à peu près ce que l’on faisait en deux ans, en plus devant des élèves de séries différentes dont certains passeront la matière au bac à la fin de l’année et d’autres non ? A la suite de la réforme de la classe de première, les professeurs d’histoire-géo sont face à ce défi. Et protestent contre un programme indigeste.

L’une des principales nouveautés de la première qui se met en place à cette rentrée dans le cadre de la réforme du lycée, est l’introduction d’un tronc commun aux élèves de S, L et ES. Il s’agit de 15 heures de cours au total, en français, histoire-géo, langues vivantes, EPS (éducation physique et sportive) et ECJS (éducation civique).

L’idée, selon les concepteurs de la réforme, est de permettre aux lycéens qui se seraient trompés de filière de changer et de passer dans une autre sans être trop perdus.

Pour ses détracteurs, le but est tout autre : en regroupant les séries, on peut entasser davantage d’élèves, par exemple compléter une classe de S avec des élèves de L, des ES avec des L (toujours les moins nombreux), etc. Et on économise des profs...

Le problème est que - autre nouveauté - les S vont désormais passer l’histoire et la géographie au bac en première. Les L et les ES poursuivront, eux, en terminale tandis que la matière deviendra optionnelle pour les S - cela avait provoqué un tollé dans les milieux historiens en 2009, sans aucun effet.

Pour écrire le nouveau programme de première d’histoire-géo - 4 heures par semaine -, on a dû faire avec, notamment en songeant aux S qui risquent de s’arrêter là. Or, auparavant ils avaient 2 heures et demie par semaine en première, et autant en terminale. Résultat : il a fallu comprimer le programme.

Pour illustrer les problèmes que cela pose, voici des extraits d’un courrier d’un professeur d’histoire-géographie du lycée Juliette Récamier de Lyon, Jérôme Trésallet :

En début d’année, "l’élève de première sera plongé dans la guerre totale et ses remèdes pendant seize heures (c’est-à-dire un mois), de l’attentat de Sarajevo en 1914 jusqu’à la mort de Ben Laden en passant par la Seconde Guerre Mondiale. Tous ces conflits sont totaux, selon le nouveau programe. Pourtant ces guerres n’ont ni causes, ni enjeux, ni conséquences. De toute façon, nous n’aurons pas le temps de les expliquer !

Les seules conséquences à enseigner devront être les volontés successives des Etats de construire une paix durable à travers la SDN et l’ONU ... tout en démontrant l’échec (cf. Al Qaïda).

Après un mois passé dans le "le sang et les larmes", la totalitarisme doit ête présenté aux élèves en mélangeant naturellement et de façon thématique les expériences fasciste, nazie et communiste. On comprendra enfin les causes de l’extermination des Juifs évoquée rapidement (comme tout le reste !) dans la leçon précédente.

Dans un manuel, on pourra même trouver sur une même page les paroles de l’Internationale, préexistante à l’URSS et les lois de Nüremberg excluant les Juifs de la société allemande. De l’aberration à la malhonnêteté intellectuelle, il n’y a qu’un pas ! Cette leçon se termine sur la sortie du totalitarisme avec une étrange mise en parallèle de la dénazification et des politiques menées par Khrouchtchev et Gorbatchev.

Mais le problème ne se limite pas aux cours. Comment concevoir des contrôles à partir de leçons qui mettent dans un même sac Hitler et Ben Laden, Nüremberg et Boris Eltsine ?"

Pour lire la suite :


Voir en ligne : http://classes.blogs.liberation.fr/...