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Diplômés étrangers : « Le plus terrible, c’est l’arbitraire des guichetiers » - M. Piquemal, Libération, 15 mars 2012

jeudi 15 mars 2012

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Une troisième cérémonie de parrainage était organisée, ce mardi soir, pour soutenir les diplômés étrangers empêchés de travailler en France depuis la circulaire Guéant.

Jihan Namrouch ne parvient pas à terminer sa phrase, trahie par l’émotion. « Je ne comprends pas. J’étais excellente, j’avais les bons diplômes, un bon emploi, mon entreprise était contente de mon travail... » Cette jeune Marocaine de 27 ans fait partie de ces diplômés étrangers très qualifiés empêchés de travailler en France et désormais menacés d’expulsion. Mardi, dans un amphi de la Sorbonne, à Paris, était organisée une troisième cérémonie de parrainage.

Depuis décembre, des personnalités de tous bords s’engagent aux côtés de ces jeunes pour les aider dans leurs démarches et tenter de débloquer leur situation. Du piston, faute de mieux, se désole l’avocate Elise Schor, présente dans la salle et épaulant plusieurs jeunes. « C’est la seule voie qui marche malheureusement aujourd’hui. Sur le terrain juridique, rien ne bouge. C’est triste à dire mais nous n’avons aucun succès. »

A l’origine des blocages : la fameuse circulaire Guéant du 31 mai 2011 qui durcit les conditions pour les étrangers hors Union européenne souhaitant passer du statut d’étudiant à celui de salarié. De nombreux jeunes aux parcours exemplaires se sont ainsi vu refuser une première expérience professionnelle en France.

« La deuxième circulaire ? De la poudre aux yeux »

Face à l’importante mobilisation, le gouvernement a publié un deuxième texte le 12 janvier, censé améliorer les choses. « De la poudre aux yeux. Il n’y a aucune tendance globale d’amélioration. A notre connaissance, 500 cas ne sont toujours pas débloqués », indique Fatma Chouaieb, porte-parole du Collectif du 31 mai qui représente ces diplômés déçus. La preuve encore mardi soir, avec plusieurs cas plus ubuesques les uns que les autres.

On fait la connaissance de Li Huang, une Chinoise de 29 ans, parlant couramment français et anglais. Quatre ans d’expérience dans le marketing à Pékin, elle choisit la France pour parfaire son CV avec un MBA à l’école de commerce de Grenoble. 24 000 euros l’année – « vous imaginez l’investissement que cela représente pour moi ». A la sortie, elle est embauchée par une multinationale souhaitant s’implanter en Chine. C’était sans compter les excès de zèle de la préfecture : sa demande de changement de statut pour passer du visa étudiant à salarié a été refusée, sans raison valable. « Je n’ai pas compris. En fait, je suis vraiment choquée, dit-elle dans un français presque impeccable. M’empêcher de travailler, cela n’a vraiment aucun sens. Mes amis qui ont fait MBA aux Etats-Unis ou ailleurs, on fait tout au contraire pour qu’ils restent dans le pays. Moi, on me chasse. »

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