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"La "faillite" qui menace les universités n’est pas financière mais culturelle et sociétale", Emmanuel Davidenkoff, Huffingtonpost.fr, 26 septembre 2012.

mercredi 26 septembre 2012

Le raccourci est tentant : au motif qu’elles peinent à boucler leurs fins de mois, certaines universités sont déclarées en "faillite". Il est aussi faussement rassurant - organismes publics, les universités, par nature, ne peuvent pas faire faillite. Passez muscade ? Pas tout à fait.
Le risque de faillite qui plane à quelques heures d’annonces budgétaires drastiques n’est pas financier : il touche à la place des universités dans les paysages de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les paysages car en France le pluriel s’impose, notre pays ayant fait le choix de confier la formation d’une partie des jeunes à des établissements non-universitaires (classes préparatoires, grandes écoles, BTS, écoles privées, etc.) ou à des filières universitaires fonctionnant selon des règles dérogatoires (les IUT notamment). L’université en tant qu’institution se trouve donc en situation de concurrence, ce qui n’est le cas dans aucun pays développé (la concurrence y est interuniversitaire). Et chacun sait qu’en dépit d’évolutions positives ces dernières années, l’université peine encore à attirer les jeunes les plus prometteurs dans certains de ses premiers cycles.

Le pluriel s’impose également en matière de recherche : là aussi, la concurrence d’organismes publics extérieurs à l’université, au premier rang desquels le CNRS, vient en contradiction avec le modèle dominant de Berkeley à Hong Kong en passant par Cambridge, celui de la research university (l’université de recherche) capable d’organiser la fécondation mutuelle de la jeunesse et de la recherche de haut niveau - de beaux exemples sont racontés dans La Ruée vers l’intelligence (Fayard, 2012), de Stéphane Marchand.

Contrairement à l’idée reçue, l’université est encore bien loin d’avoir rendu les armes. Partout en France, enseignants, chercheurs et étudiants démontrent chaque jour l’incroyable potentiel de nos facultés. Mais un changement de braquet s’impose après quarante ans de sous-investissement chronique que les cinq années d’effort budgétaire écoulées ne pouvaient suffire à compenser.

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