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"Université. 7 000 euros en moins pour les grévistes !", par Laurent Mouloud, "L’Humanité", 19 mai 2009

mardi 19 mai 2009

Onze enseignants et personnels BIATOS de l’université de Toulon sont visés, sans distinction, par des retenues sur salaire exorbitantes.

Un précurseur, ce Laroussi Oueslati… Jusqu’ici, le président de l’université de Toulon était connu pour avoir été l’un des premiers à débloquer son établissement à l’aide de CRS. Eh bien, notre homme vient d’enrichir son palmarès. Répondant aux voeux de la ministre Valérie Pécresse, onze enseignants-chercheurs et personnels administratifs (BIATOS) ont reçu un courrier leur annonçant qu’ils feraient l’objet d’une retenue sur salaire pour fait de grève. Et le zélé président n’y va pas avec le dos de la cuillère : les personnels, visés sans aucune distinction, risquent de perdre jusqu’à trois mois de traitement, soit environ… 7 000 euros !

Selon la lettre expédiée la semaine dernière, les retenues seraient, en effet, comptabilisées depuis le 2 février, avec une application (très) stricte de la législation. À savoir : règle du « trentième indivisible » (on retient une journée entière quel que soit le nombre d’heures de grève effectuées) et prise en compte de l’ensemble de la période de grève, vacances et week-ends compris ! Au final, Laroussi Oueslati aboutit à 98 jours de grève…

Chez les personnels visés, c’est la consternation. Pas sur le principe des retenues sur salaire. Mais sur son application totalement injuste. Car le président de l’université varoise n’a pas fait de détails. Quelle que soit leur implication dans le mouvement, les onze membres du personnel ont reçu la même lettre-type, avec cette phrase lapidaire justifiant lesdites retenues : « Il est constant (sic) que vous avez participé aux manifestations organisées par les personnels grévistes et exprimé votre soutien au mouvement de grève. »

Pour Stéphane Mounier, un des enseignants-chercheurs concernés et cité par Var-Matin, cette attitude est inadmissible. « Sur quoi l’administration se base-t-elle pour arriver à ce total ? Parmi les pénalisés, certains sont en arrêt maladie, d’autres ont repris partiellement les cours, mis des enseignements en ligne ou préparé les examens ! » Cédric Garnier, autre enseignant-chercheur, renchérit : « Ce n’est pas parce qu’on est en grève, qu’on ne bosse pas. Pour la plupart, on a continué nos activités de recherche pendant ces trois mois. » Face à la polémique, le président de l’université de Toulon a tenté de se justifier : « Il ne s’agit pas d’une sanction en tant que telle mais d’une proposition de retenue de salaire. À charge pour les personnes visées de prouver qu’elles n’étaient pas en grève les jours visés. »

Quoi qu’il en soit, le SNESup-FSU juge la sanction tout à fait disproportionnée. « En cas de grève, les retenues sur salaire sont fréquentes, explique Noël Bernard, le secrétaire national. Mais en général, elles font l’objet d’une discussion entre les grévistes et le président de l’université. Là, on assiste à une démonstration d’autorité. » Le syndicat a envoyé une note à l’ensemble de ses adhérents pour savoir si de telles mesures de répression se sont produites ailleurs.

Laurent Mouloud


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-05-19_S...