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Oui à l’excellence, non à la prime - Ixchel Delaporte, L’Humanité, 22 octobre 2009

samedi 24 octobre 2009

Dans une lettre publiée lundi, Didier Chatenay, physicien renommé, explique pourquoi il refuse la « prime d’excellence » lancée il y a peu par Valérie Pécresse.

Rien ne semble pouvoir arrêter le rouleau compresseur des réformes menées par Valérie Pécresse. Le jeudi 15 octobre dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur présentait « un point sur l’avancement de la réforme du système de recherche ». Parmi les projets engagés : l’entrée en vigueur, le 1er septembre 2009, du plan carrière, qui prévoit, entre autres, l’attribution d’une prime d’excellence scientifique (PES) allant de « 3500 euros à 15000 euros par an aux meilleurs chercheurs ». Qu’en pensent les principaux concernés ? Destinataire probable de la prime, Didier Chatenay, directeur de recherches au CNRS et médaille d’argent en physique en 1999, l’a dores et déjà refusée dans une lettre ouverte à Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, et Arnold Migus, directeur général. Pourquoi ? Parce que, dit-il, « jusqu’ici une des caractéristiques du monde académique et savant résidait dans sa capacité à decerner à certains de ces membres une reconnaissance symbolique dépourvue de tout avantage matériel. (…) Les considérations d’ordre matériel ne devant en aucun cas intérférer avec des arguments purement scientifiques ». Pour ce chercheur, la création de la prime est superflue puisqu’il existe déjà des modalités de distinction : « Le statut de la fonction publique permet la prise en compte de la qualité du travail accompli au travers du déroulement différentiel des carrières ».

Soutenu par l’association Sauvons la recherche (SLR), la démarche de Didier Chatenay symbolise le décalage béant entre l’idéologie de la concurrence et du mérite vantée par le gouvernement et les valeurs de service public et d’équipe préservées par les chercheurs. Pour Alain Trautmann (SLR), « la prime permet de renforcer l’individualisme, l’aggressivité, le sens de la compétition, du chacun pour soi, aux dépens de l’esprit d’équipe, de solidarité, de partage des savoirs et des gains pour un travail collectif ».

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