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Mise en place d’un indicateur de performance sociale - communiqué du MESR, 8 juin 2010

mardi 8 juin 2010

Valérie Pécresse est intervenue à l’Ecole centrale de Paris, une Grande école exemplaire en matière d’ouverture sociale puisqu’elle a fait passer le nombre de boursier de 11 à 17% entre 2006 et 2009. A cette occasion, la ministre s’est prononcée en faveur de la création d’un indicateur de performance sociale applicable à tous les établissements d’enseignement supérieur afin d’accompagner et valoriser les efforts de mixité sociale.

On oppose parfois excellence académique et ouverture sociale, comme si le principe même de la méritocratie républicaine, ce n’était pas de les réconcilier autour d’une exigence simple : garantir à tous nos jeunes qu’ils pourront aller jusqu’au bout de leurs possibilités, quel que soit leur milieu ou leur territoire d’origine.

Cette promesse républicaine, nous avons le devoir de la tenir. C’est la mission que nous a assignée le Président de la République en fixant en décembre 2008 l’objectif de 30% de boursiers dans les Grandes écoles.

Nous avons d’ores et déjà franchi une première étape décisive en augmentant le nombre de boursiers admis en classes préparatoires, qui sont le principal vivier des Grandes écoles. Nous avons atteint dès 2009 l’objectif de 30% de boursiers en 1ère année de CPGE publiques que nous nous étions fixé pour 2010.

Cette première étape, nous l’avons franchie sans créer de mécanismes de contrainte, mais en mobilisant l’ensemble de la communauté éducative autour d’un objectif commun d’ouverture sociale. Avec lesétablissements concernés, nous avons tout fait pour encourager les jeunes à oser ces classes préparatoires dont ils croyaient à tort qu’elles n’étaient pas faites pour eux.

Désormais, nous engageons une deuxième étape : passer de 30% de boursiers en classes préparatoires à 30% dans les grandes écoles. C’est la suite logique de notre action, pour transformer l’essai.

Là encore, de réels progrès ont été accomplis : nous sommes aujourd’hui à l’Ecole centrale de Paris, l’un des temples de l’élitisme républicain, l’école dont sont sortis Eiffel, Michelin, Blériot ou Peugeot. La direction de l’Ecole a fait de l’ouverture sociale une priorité et en trois ans à peine, nous sommes passés de 11% de boursiers en 2007 à 17% en 2009.

L’Ecole centrale n’est pas un cas isolé : la proportion de boursiers dans les écoles d’ingénieurs a augmenté de 59% entre 2007 et 2009. Plus remarquable encore, les boursiers représentent désormais 23% des admis en 1ère année.

Mais Centrale Paris est l’exemple même d’une de nos plus grandes écoles se saisissant de la question de l’ouverture sociale par tous les moyens à sa disposition, sans pour autant renoncer un seul instant à son exigence d’excellence.

Car notre objectif, c’est de permettre à l’excellence de s’épanouir dans nos écoles sous toutes ses formes. Ce qui suppose d’y accueillir des jeunes qui pour avoir d’autres profils que leurs camarades, n’en ont pas moins les mêmes capacités.

C’est tout l’objet des dispositifs mis en place par l’Ecole centrale, qui lui a permis de diversifier le profil de ses étudiants. J’en citerai seulement quelques¬uns, qui me paraissent exemplaires :
- Centrale s’est donné les moyens d’accueillir des étudiants venus de l’université, en signant avec l’université Paris XI une convention qui permet aux étudiants de licence d’accéder au cursus d’ingénieur et, en retour, aux élèves ingénieurs attirés par la recherche et envisageant une poursuite d’études en doctorat de s’inscrire en Master.

Ce partenariat est de bon augure, alors que le déménagement de l’École sur le plateau de Saclay fera partie de la 1ère vague d’opérations prévue dans le cadre de l’opération Campus. Je tiens à saluer à ce propos le travail de la direction de l’École et de ses personnels pour préparer cette opération et réunir les financements nécessaires en plus de la dotation de l’État ;
- Centrale s’est également donné les moyens d’accueillir plus de jeunes filles, en faisant découvrir aux lycéennes les formations et les métiers d’ingénieur à travers des visites ou des conférences dans les lycées, ou encore les Forums « Initiative for Women », dont la première édition a réuni en décembre dernier au lycée Louise Michel de Bobigny 500 lycéennes de Seine¬Saint¬Denis autour de centraliennes et de femmes ingénieurs. Dernière initiative en date : le lancement d’un site internet interactif dédié aux jeunes filles, « mademoisellefaitcentrale.com », où des élèves et des professionnelles témoigneront de leur parcours afin de battre en brèche les idées reçues sur la place des femmes dans les métiers d’ingénieur.

- Centrale s’efforce enfin d’accueillir des jeunes venus de tous les milieux et de tous les territoires, en s’impliquant très fortement dans les « Cordées de la réussite », ces dispositifs qui permettent justement aux jeunes d’oser une orientation à laquelle ils ne sont pas préparés depuis leur plus tendre enfance.

En les accompagnant, en élevant leur niveau d’ambition et en leur donnant les moyens de la réaliser à travers le tutorat, l’ouverture culturelle et la découverte des métiers et des formations, les Cordées brisent la logique de l’autocensure. Centrale en anime déjà 3 et travaille à la création d’une 4ème.

A tous ces étudiants, Centrale donne également les moyens de réussir. Car il ne suffit pas d’accueillir des jeunes ayant un profil différent, il faut aussi leur ouvrir une vraie voie de réussite, en renforçant chaque fois que nécessaire l’accompagnement social et pédagogique. C’est ce que fait Centrale :

- en prévoyant un accompagnement spécifique pour les quelque 300 boursiers qu’elle accueille : dispense de frais de scolarité, réduction de 40% des frais d’hébergement, versement de 60 000 € à des étudiants en situation difficile et cautionnement de prêts bancaires à hauteur de 190 000 € pour une quarantaine d’élèves ;
- en proposant une pédagogie adaptée aux élèves¬ingénieurs qui le souhaitent grâce à l’apprentissage : à la rentrée 2010, tous les élèves¬ingénieurs issus de CPGE ou titulaires d’une licence pourront effectuer leur scolarité par la voie de l’apprentissage, avec un calendrier et une pédagogie adaptés.

Centrale contribue ainsi au développement de l’apprentissage dans le supérieur – je rappelle que le nombre d’apprentis y est passé de 53 000 à plus de 97 000 en moins de dix ans, avec une progression particulièrement forte pour les diplômes de niveau I et II : près de 39 000 apprentis en 2009 contre seulement 16 400 en 2001, soit une hausse de 137%. Or l’apprentissage, on le sait, favorise à la fois l’ouverture sociale et l’insertion professionnelle.

Des actions comparables s’engagent aujourd’hui dans toutes les grandes écoles. Elles doivent être soutenues, systématisées et reconnues.
C’est pourquoi je souhaite que chaque établissement élabore désormais une politique pérenne d’ouverture sociale, qui fasse partie de son projet pédagogique. L’ouverture sociale n’est pas une mode ou une lubie, c’est une exigence fondamentale.

Cette action dans la durée est la meilleure manière de sortir des débats stériles sur les quotas : il n’est pas nécessaire de sacrifier l’excellence à l’ouverture ou l’ouverture à l’excellence. Sans ouverture, la méritocratie républicaine vire à l’élitisme : excellence et diversité doivent aller de pair. L’exemple de Centrale et celui de dizaines d’autres écoles prouve que c’est parfaitement possible.
Pour accompagner et valoriser cet engagement, je souhaite la création d’un indicateur de performance sociale applicable à tous les établissements d’enseignement supérieur, universités et Grandes écoles. Ce nouvel outil de pilotage permettra :

* de prendre en compte l’accueil et la réussite des étudiants boursiers ;
* de fixer des objectifs pluriannuels et de mesurer les progrès réalisés et ceux restant à accomplir ;
* d’évaluer, plus généralement, les résultats de la politique menée en faveur de l’égalité des chances dans l’accès à l’enseignement supérieur.

Ce nouvel indicateur, j’ai demandé à mes services de le construire en tenant compte des caractéristiques de chaque école et de chaque université. Il sera pris en compte dans le volet « performance » du contrat d’établissement et permettra de conduire une vraie politique d’ouverture sociale, progressive mais durable. Car au¬delà des Grandes écoles, l’ouverture sociale est une exigence pour l’ensemble de notre enseignement supérieur.

C’est tout le sens de la politique que je mène depuis trois ans en rapprochant les grandes écoles et les universités, mais aussi en construisant des passerelles entre les licences, les IUT et les BTS : chaque étudiant doit pouvoir emprunter sa propre voie de réussite et réaliser les ambitions qu’il se découvrirait une fois ses études supérieures commencées.

Il faut en finir avec cette logique d’orientation irréversible, qui transforme les choix accomplis au sortir de la Terminale en destin. On doit avoir le droit de choisir l’université sans renoncer à jamais à rentrer dans une grande école, de même qu’on doit pouvoir rentrer en BTS et poursuivre des études supérieures jusqu’à la Licence ou au Master. Mais pour que ces passerelles fonctionnent, encore faut¬il offrir à tous les profils l’accompagnement pédagogique qui leur permet de réussir : c’est le sens du plan Licence, qui a permis de renforcer l’accueil, l’encadrement et le suivi des étudiants. C’est également l’un des objectifs de la modernisation des filières supérieures courtes que je vais lancer, en développant en particulier l’apprentissage : à tous les niveaux, en IUT et en STS comme dans les grandes écoles, c’est en effet une voie de réussite différente que nous devons développer.

Vous le voyez, l’ouverture sociale est au cœur de la refondation de notre enseignement supérieur engagée depuis trois ans. L’ensemble de la communauté universitaire en est désormais pleinement consciente : c’est notre enseignement supérieur qui porte aujourd’hui les espoirs de promotion sociale de nos jeunes et de leurs familles.
Nous avons le devoir de leur permettre de réussir et de s’insérer : cette exigence est plus forte que jamais en période de crise. Nous serons au rendez¬vous.


Voir en ligne : http://www.enseignementsup-recherch...