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"L’"appel des appels" vise à la convergence des colères sociales", "Médiapart" du 10 janvier 2009

dimanche 11 janvier 2009, par Laurence

Le 31 janvier, de 10 heures à 18 heures, les initiateurs d’une trentaine
de pétitions telles que « Pas de 0 de conduite pour les enfants de trois
ans », « Non à EDVIGE », « Sauvons la recherche » ou « Réseau éducation sans
frontières » (voir la liste complète sous l’onglet Prolonger de cet
article) se rassembleront au 104 de la rue d’Aubervilliers à Paris,
pour déterminer l’ensemble les actions à mettre en œuvre pour alerter
sur « les conséquences sociales désastreuses des réformes hâtivement
mises en place ces derniers temps tant à l’université qu’à l’école, ou
dans les services de soins et de travail social, dans les milieux de la
justice, de l’information et de la culture
 ».

La convergence des multiples inquiétudes catégorielles réveillées à la
suite des réformes engagées ou annoncées de l’Education nationale,
l’audiovisuel public, la santé, la justice... commence à s’opérer.
Ce rassemblement est initié par Roland Gori, psychanalyste et professeur
de psychopathologie à l’université d’Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône) et
Stefan Chedri, psychanalyste et enseignant à l’université de Paris-IV.
Cette convergence se traduit d’ores et déjà par un texte commun, l’appel
des appels <http://www.appeldesappels.org/>, qui n’entend pas seulement
s’en prendre au travail du pouvoir en place, mais plus largement
critique l’« idéologie de "l’homme économique" » au nom de laquelle/
« le pouvoir défait et recompose nos métiers et nos missions en exposant
toujours plus les professionnels et les usagers aux lois "naturelles"
du marché
 ».

Pour les pétitionnaires, elle est à l’œuvre, notamment et en vrac
dans les nouveaux programmes scolaires et l’aide personnalisée à
l’école, dans le statut de l’enseignant-chercheur et le démantèlement du
CNRS, dans la tarification à l’acte à l’hôpital, dans la remise en cause
des modalités de l’hospitalisation d’office en psychiatrie, etc. Et de
façon moins catégorielle, on la retrouve aussi dans le dépistage précoce
des "troubles du comportement" chez l’enfant. Pour Roland Gori, les
divers dispositifs visent à « l’apprentissage à la servitude volontaire ».
Ce rassemblement, auquel un certain nombre d’artistes et d’intellectuels
se sont d’ores et déjà associés,
<http://www.appeldesappels.org/petition/index.php?petition=2&pour_voir=oui>
n’est pas sans rappeler l’appel à la désobéissance civile
<http://www.bok.net/pajol/manifeste66.html>, initié en février 1997 par
66 cinéastes et professionnels de l’audiovisuel en faveur des
sans-papiers et qui, fort de dizaines de milliers de signatures, a
contraint le gouvernement à retirer le projet de loi Debré
http://www.bok.net/pajol/projloi.html sur l’entrée et le séjour des
étrangers.

Ou encore l’appel contre la guerre à l’intelligence (
http://multitudes.samizdat.net/Contre-la-guerre-a-l-intelligence),
initié en février 2004 par les Inrockuptibles (et Nicolas Demorand),
qui entendait lui aussi fédérer « tous ces secteurs du savoir, de la
recherche, de la pensée, du lien social, producteurs de connaissance et
de débat public
 » contre « les attaques massives révélatrices d’un
nouvel anti-intellectualisme d’Etat
 ». (Remarquez ci-contre, qu’à cette
époque, la Une des inrocks était partagée avec Carla Bruni...)
Ce rassemblement interviendra en tout cas au lendemain de la soirée pour
la liberté de l’information organisée le 30 janvier
<http://www.mediapart.fr/journal/france/080109/contre-la-regression-democratique-un-appel-de-six-titres-de-presse>au
théâtre du Châtelet, à Paris, à l’initiative de six titres de presse :
Mediapart, Le Nouvel Observateur, Marianne, Charlie Hebdo, Rue 89 et
Les Inrockuptibles. Et deux jours après la manifestation du 29 janvier
où les organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU,
Solidaires, UNSA se mobiliseront pour que les salariés, les demandeurs
d’emploi et les retraités ne restent les premières victimes d’une crise
« dont ils ne sont en rien responsables ». Le gouvernement peut donc se
préparer à une fin de mois difficile.

Par Sophie Dufau <http://www.mediapart.fr/club/blog/s...>