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Message de Philippe Régnier, Président du Conseil scientifique du département des SHS du CNRS (9 février 2009)

mardi 10 février 2009, par Elie

pour diffusion rapide et maximale

aux membres du Conseil scientifique de département/institut et aux présidents de section

Chers collègues,

À la veille des actions et assemblées de cette semaine et alors que les laboratoires reçoivent un message conjoint de la ministre et de la direction du CNRS daté des 6 et 9 février, il est grand temps de tenter de faire le point.

1°) La nomination de Bruno Laurioux a donc été officialisée, et ainsi le fil qui s’était tendu à l’extrême du dialogue avec la Direction du CNRS n’a-t-il pas été rompu. Comme nous le souhaitions et parce que nous l’avons souhaité, la phase à venir de mise en place expérimentale de "l’institut" conserve des chances de se faire dans une certaine stabilité et dans une certaine continuité, et, qui sait, de comporter quelques éléments positifs au milieu d’un ensemble qui n’emporte pas la conviction. Le document de référence étant le projet d’institut SHS tel qu’il a été en fin de compte validé, mon intention est de demander très prochainement rendez-vous à B. Laurioux et à son équipe, avec le bureau du CSD, pour avoir un premier échange de vues visant en particulier à défricher les points suivants, afin d’aller de l’avant, autant que faire se pourra et sans aliéner notre liberté d’appréciation :

- la politique scientifique de l’institut en 2009 après la désignation de son directeur ;

- la réflexion sur les "missions nationales" de l’institut, globalement et discipline par discipline ;

- les principes et la méthode de l’application, notamment à la vague D, mais aussi à la préparation de la vague A, de la séparation entrela fonction opérateur et la fonction agence, notamment pour les UMR ;

- la position de la Direction scientifique sur l’évaluation des unités et des individus (compte rendu annuel d’activités, avis dit "d’opportunité" des sections sur les unités, outil dit de "caractérisation").

2°) Après une discussion de fond, le C3N est parvenu à une quasi-unanimité sur le texte du communiqué ci-joint. Sa dernière rédaction a été achevée aujourd’hui lundi vers 17 h et il a été publié peu avant que ne soit diffusé le message ministériel et directorial (ci-joint, pour qui ne l’aurait pas encore reçu). Au-delà de la tactique qui prend en compte et essaie d’éteindre la colère grandissante, chacun analysera ce message-ci en fonction de l’expérience des menaces, des avancées et des reculs de l’année 2008 jusques et y compris au discours présidentiel de cette fin janvier.

C’est en vérité déjà ce que fait le communiqué du C3N.

Tirant les leçons des fragiles acquis arrachés en 2008 lorsque s’est exprimé l’attachement commun aux UMR, il met en effet l’accent sur l’importance de construire une convergence et une coordination des mouvements en cours pour la recherche et pour l’université. Prenant le relais d’assemblées universitaires et de sections du Comité national et du CNU ayant voté des motions en ce sens (que le communiqué du C3N de fin 2008 sur "la continuité thématique" amorçait fortement), il appelle dès à présent à un moratoire général des évaluations à l’ANR et à l’AERES et il propose la perspective d’une conférence plénière du Comité national élargie, sous des formes restant à définir, au CNU.

3°) Nota bene : il ne s’agit surtout pas de déduire de l’appel au moratoire que les membres des sections chargés de représenter le Cn dans les comités de visite doivent s’abstenir si ceux-ci se tiennent néanmoins. C’est tout le contraire : il faut, dans ce cas, qu’ils y aillent, ne serait-ce que pour faire écho au présent appel et tâcher d’y rallier les autres membres du comité.

D’autres collègues ont à recevoir des comités de visite AERES ou à y participer de l’autre côté de la barrière cette semaine ou dans les toutes prochaines semaines. Bien sûr, c’est aux intéressés de se déterminer après discussion collective. Le cas est à peu près réglé si l’établissement de rattachement de leur laboratoire est installé dans une grève illimitée et totale. Mais comme les situations sont souvent plus complexes, et qu’il peut être délicat de décommander en catastrophe des experts qu’on a eu beaucoup de mal à mobiliser de loin, voire de l’étranger, une formule pourrait être, à l’ouverture de la séance, d’avoir une discussion préalable pour convenir, voter et faire savoir aux instances de l’AERES que personne ne communiquera quelque rapport et résultat que ce soit tant que le moratoire n’aura pas été levé. Idem pour les comités déjà tenus : le mieux est, par consensus entre évaluateurs et évalués, de stopper la remontée de l’évaluation. Reste que le sens de l’appel est clair pour les comités programmés à échéance un peu plus lointaine ou non encore programmés : tout suspendre.

4°) Le "groupe de travail sur la caractérisation" tient sa 4e et dernière séance cette semaine. Sans anticiper sur les conclusions qui seront remises au Directeur général, j’en retiens déjà pour ma part qu’il y sera probablement recommandé de remiser définitivement plusieurs éléments parmi les plus critiqués et de corriger ou de préciser bon nombre d’autres - le tout sans que les membres du groupe extérieurs à la Direction des partenariats cautionnent une persistance à vouloir exploiter sous forme de "radar" les informations qui seront collectées dans les dossiers de contractualisation. À suivre.

5°) En guise d’épilogue provisoire. Si l’on jette un regard rétrospectif sur les apparentes péripéties subies en SHS spécifiquement depuis mars 2008 (dépêche AEF évoquant l’éventualité d’une réduction drastique du périmètre du CNRS en SHS) jusqu’au déroulement... étonnant... de la procédure de désignation par voie de "comité de sélection" en passant par ce qui s’est passé début septembre, la seule logique explicative possible réside dans la conjecture d’une "main invisible" pesant de l’extérieur sur le CNRS. À quel bras cette main ? et à quelle tête ce bras ? Voilà un roman populaire à écrire, ou un mystère à méditer et à interpréter pour les herméneutes que nous sommes tous peu ou prou, nous autres SHS.

Bien cordialement

Philippe Régnier
Président du Conseil scientifique du département des Sciences humaines et sociales
CNRS