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Lettre du Président de la CEDUL (Conférence des Doyens et Directeurs d’UFR Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines et Sociales)

18 juin 2007

lundi 24 décembre 2007, par Laurence

Limoges, le 18 juin 2007

Jacques Migozzi
Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Limoges
Président de la Conférence des Doyens et Directeurs d’UFR Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines et Sociales (CEDUL)

[|A Madame Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche|]

Madame le Ministre,

Le gouvernement auquel vous appartenez a décidé de présenter dès la session parlementaire extraordinaire de juillet une loi réformant la gouvernance des universités et leur accordant davantage d’autonomie.
Pour cette réforme que Monsieur le Premier Ministre qualifie lui même de majeure, au point d’y voir « peut être la plus importante » du mandat quinquennal, la concertation nous paraît toutefois étonnamment étroite et limitée, non seulement en termes de délais de consultation mais aussi en termes de représentativité des acteurs du monde universitaire, tout particulièrement des personnels engagés dans les différents secteurs d’activité de l’Université : en dehors des syndicats nationaux, la seule Conférence des Présidents d’Université, dont les 20 propositions dites du colloque de Metz n’ont pas été débattues au sein des établissements et ne reflètent donc pas nécessairement les convictions et le sentiment des personnels, voire de tous les responsables universitaires, ne saurait représenter la pluralité des approches et des compétences présentes au sein de l’institution. En tant que Conférence des Doyens et Directeurs d’UFR Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines et Sociales, représentant par nature un très vaste et important secteur interdisciplinaire, la CEDUL marque donc par ma voix une exigence de principe : celle d’être associée à tout processus en cours ou à venir de réforme de la gouvernance des universités ou de rénovation des formations de L, M ou D, dossiers sur lesquels notre réseau de responsables de terrain a pris des initiatives pour impulser les nécessaires mutations.

La CEDUL souhaite par ailleurs, Madame le Ministre, manifester avec la plus grande vigueur son opposition à l’une des dispositions dont serait - en l’état de nos informations lacunaires - porteur le projet de loi sur l’autonomie des universités : il serait question que les directeurs d’UFR ne soient plus élus par les conseils d’UFR mais nommés par le Président de l’Université. Or de notre point de vue, Madame le Ministre, les directeurs d’UFR pour être efficaces dans leur rôle essentiel d’interface entre les arbitrages stratégiques de l’équipe présidentielle et la gestion de leur composante méritent d’être élus.

En effet, sur le plan pragmatique du pilotage, la désignation par le Président affaiblirait la légitimité issue de l’élection des doyens et directeurs ; conséquemment elle altérerait leur représentativité pourtant essentielle dans le dialogue avec l’équipe présidentielle, et hypothéquerait auprès des personnels et des étudiants de leur composante leur autorité de médiateurs, régulateurs et prescripteurs, autorité d’autant plus efficace qu’elle peut se fonder au quotidien sur le dialogue incitatif et non sur l’injonction. Malgré son intention d’améliorer la cohésion de l’équipe dirigeante d’un établissement universitaire et la cohérence nécessaire de sa gouvernance, qui doit effectivement ne pas être paralysée par des alliances conjoncturelles d’intérêts catégoriels, cette mesure hypothèquerait ainsi de manière contre-productive l’efficacité des directeurs d’UFR, acteurs essentiels de la dynamique universitaire pour dépasser les particularismes facultaires.
Par ailleurs, nous souhaitons attirer votre attention sur deux points, également centraux : le projet de limiter à 20 membres la taille des Conseils d’administration, dont une partie importante seraient extérieurs à l’Université, aurait pour effet immédiat, pour des Universités pluridisciplinaires, de ne pas permettre la simple représentation de tous les secteurs disciplinaires présents au sein de l’établissement. La situation actuelle n’est sans doute pas satisfaisante, mais il nous semble que toute proposition de reconfiguration doit prendre en compte la diversité des situations, et en particulier la taille et la configuration des établissements.
Les projets actuels – pour a
utant que nous puissions les connaître – nous font craindre que les nouvelles dispositions envisagées en matière de gouvernance et de structure des conseils se fassent au détriment de nos secteurs, qui constituent un élément essentiel et important à tous points de vue du champ universitaire, et sont par ailleurs, bien au-delà des images colportées, engagés fermement dans un processus de rénovation et de modernisation qu’il serait regrettable de voir remis en cause, du fait de décisions stratégiques prises sans qu’en soient mesurés tous les effets.
Dans cet espace de concertation malheureusement très réduit, nous tenons toutefois à vous faire savoir que nous nous sommes ouverts à la discussion sur ces différents points, et que la Conférence que je préside se tient à votre disposition pour tout contact ultérieur, quelle qu’en soit la forme.

En vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à nos observations, soyez assurée, Madame le Ministre, de mes sentiments respectueux.

Jacques MIGOZZI