Accueil > Revue de presse > Universités : pourquoi le gouvernement ne parvient pas à calmer la fronde - (...)

Universités : pourquoi le gouvernement ne parvient pas à calmer la fronde - Le Monde, 12 mars 2009

jeudi 12 mars 2009, par Laurence

Un simple problème de méthode ? Une mauvaise lecture de l’état
d’exaspération de la communauté universitaire ? Le gouvernement peine
toujours à trouver une porte de sortie à la crise universitaire. Le 25
février, après un mois de mobilisation et de blocages d’universités,
le premier ministre François Fillon pensait avoir trouvé la clé.

En proposant le gel des suppressions de postes l’an prochain, la
réécriture du décret statutaire des enseignants-chercheurs, et des
aménagements sur la formation des enseignants du primaire et du
secondaire, il avait réussi à regagner partiellement la confiance des
présidents d’universités et de la majorité des syndicats les plus
modérés, SGEN-CFDT et UNSA en tête.

Deux semaines plus tard, la mobilisation reste importante. Le 11 mars,
ils étaient encore entre 30 000 et 60 000 manifestants à défiler dans
toute la France. Pourtant Valérie Pécresse a mené des négociations
tous azimuts, non seulement sur le décret statutaire, le décret sur le
Conseil national des universités, mais aussi, mardi 10 mars, sur le
décret sur le nouveau contrat doctoral unique, l’un des nombreux
points d’abcès de la contestation. La semaine prochaine des
discussions sur les organismes de recherche vont également s’ouvrir.

C’est dans ce contexte que le ministre de l’éducation nationale Xavier
Dancos, s’apprête à faire un nouveau geste en annonçant un nouvel
aménagement de la formation des maîtres."Si l’on sort par le haut sur
cette question de la mastérisation, cela détendra la situation dans
les universités
", assure Gérard Aschieri, secrétaire général de la
FSU, syndicat enseignant majoritaire de l’école à l’université. En
réalité rien n’est moins sûr : compte tenu du niveau actuel de la
mobilisation, il est probable que le mouvements fera tout pour tenir
jusqu’à la grande mobilisation interprofessionnelle du 19 mars.

FOSSÉ

Comment expliquer qu’en multipliant les réunions sur les sujets qui
fâchent et en cédant chaque jour un peu plus aux demandes syndicales,
le gouvernement n’arrive pas à sortir de la crise ? Soucieux de
défendre ses réformes universitaires, le gouvernement a mal appréhendé
l’ampleur de la fronde, laissant s’installer un fossé entre lui et le
monde de la connaissance. Dans Libération, le 11 mars, le secrétaire
général de l’Elysée, Claude Guéant estimait que le texte du décret
statutaire des enseignants-chercheur "sera peu différent de celui qui
a été mis sur la table
". Une remarque qui discrédite les quatre
syndicats négociateurs et envoie un mauvais signal à la communauté
universitaire.

Comme dans tout rapport de force, les syndicats les plus en pointe
dans la lutte, comme le Snesup (FSU), mais aussi les divers collectifs
(Sauvons la recherche, Sauvons l’université, la coordination nationale
des universités) appuient pour obtenir plus de concessions. Ils
réclament des annonces plus globales concernant non seulement
l’université, mais aussi la recherche.

"Nous attendons depuis maintenant deux semaines des signaux forts de
la part du gouvernement sur les moyens, les postes et l’avenir de
toutes les composantes de l’enseignement supérieur et de la
recherche
", explique Isabelle This Saint-Jean, président de
l’association Sauvons La Recherche. "Avec ses annonces partielles,
François Fillon n’a pas compris le malaise général qui mine l’ensemble
de notre communauté
", assure Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup
(FSU).

"Pour apaiser la tension, il fallait nous accueillir tous ensemble,
syndicats, associations ou collectifs, de manière solennelle
", défend
Isabelle This-Saint-Jean. Faute de cette réunion-symbole, la
contestation s’est radicalisée.

Philippe Jacqué