Accueil > Le mouvement de 2009 > Motions globales > Motion adoptée par l’Association Française de Sociologie le 22 avril (...)

Motion adoptée par l’Association Française de Sociologie le 22 avril 2009

samedi 2 mai 2009, par Elie

Sauvons Obstinément la Sociologie (SOS)

Soucieuse de la nécessité de préserver une autonomie de pensée comme
condition d’exercice des libertés publiques et de garantie d’une réelle
démocratie, l’Association Française de Sociologie, réunie en Assemblée
Générale le 16 avril 2009, reprend à son compte les revendications exprimées
par la communauté d’enseignement et de recherche, mobilisée depuis le 2
février.
- La restitution des emplois supprimés, y compris pour les chaires mixtes,
et définition d’un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires,
- L’arrêt du démantèlement des organismes de recherche, le maintien sans
ambiguïté des EPST dans leur rôle d’opérateurs de recherche,
- Le retrait du projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs et du
projet de contrat doctoral, l’abrogation du décret « comités de sélection »
- Le retrait de l’actuel projet de réforme de la formation des enseignantEs
des premier et second degrés et des concours,
- Le maintien des frais d’inscriptions à un niveau permettant l’accès de
tous-tes à l’enseignement supérieur,
- L’abrogation de la LRU et du Pacte pour la Recherche.

Les enseignantEs-chercheurEs, les chercheurEs, les personnelLEs BIATOSS,
les sociologues praticienNEs, les docteurEs, les doctorantEs réuniEs au sein de
l’AFS mesurent les effets particulièrement négatifs de la politique du
gouvernement pour l’avenir des sciences humaines et sociales, et notamment
pour la sociologie.

L’AFS, en tant que société savante, veut ainsi alerter les pouvoirs publics et les
citoyenNEs sur les dangers de la politique actuelle et demande :

1. la restitution des emplois supprimés dans le cadre du budget 2009,
l’affectation des budgets repris des chaires mixtes à la création d’emplois
statutaires, la titularisation des personnelLEs précaires, particulièrement
nombreux dans notre discipline, qu’ils soient administratifs,
technicienNEs, ingénieurEs ou docteurEs ;

2. le rééquilibrage des financements de la recherche au profit des crédits
récurrents et pérennes qui doivent être la principale source de
financement. Ces financements pérennes garantissent des enquêtes
empiriques de grande envergure et de longue durée, ainsi que la
cumulativité des savoirs sociologiques au sein de collectifs stables ;

3. la garantie d’indépendance des enseignements et des recherches vis-à-vis
des pouvoirs politiques et économiques. Une telle garantie est cruciale
pour la survie d’une discipline davantage sollicitée comme gestionnaire
destination de tous les publics. Cela passe notamment par :

a. le renforcement de la pérennité et du caractère public des
financements et des emplois,

b. la généralisation des principes de collégialité et de transparence
pour la composition de l’ensemble des instances d’évaluation, de
décision, et de recrutement,

c. des allocations de recherche non systématiquement indexées à des
thématiques imposées,

4. un système collégial d’évaluation des personnels et des équipes qui tienne
compte des collectifs de travail et du contenu des productions
scientifiques plutôt que des critères purement quantitatifs, notamment
bibliométriques ;

5. le choix d’une politique soutenue de délégation de minimum deux ans des
enseignantEs-chercheurEs dans les EPST. En effet, en l’absence de
moyens supplémentaires pour soutenir la généralisation de l’accès à
l’enseignement supérieur, les enseignantEs-chercheurEs portent la charge
du sous encadrement. Cette situation suppose :

a. le renforcement et non la destruction du maillage des UMR,

b. des procédures de décharge des tâches d’enseignement et
d’administration qui soient régulières dans les carrières, notamment
pour les premières années qui suivent le recrutement,

c. une véritable politique de créations d’emplois statutaires ;

6. les conditions d’une transmission des savoirs et savoir-faire, et d’un
renouvellement démographique à long terme,

a. notamment par la création d’emplois publics statutaires,

b. par une égalité de traitement entre tous les établissements
d’enseignement supérieur, notamment en terme de financement par
étudiant inscrit,

c. par la mise en place des conditions matérielles et institutionnelles
pour de véritables projets pédagogiques collégiaux et cohérents.

d. par le renforcement de la sociologie dans l’enseignement
secondaire,

7. le développement des espaces d’échanges et de coopération, comme les
GDR, et l’abandon de la politique de mise en concurrence généralisée des
établissements d’enseignement supérieur et de recherche, des équipes et
des laboratoires, des revues et des personnelLEs entre eux, concurrence
vers quoi convergent la LRU et le Pacte pour le Recherche ;

Dans l’immédiat et pour contribuer à la mobilisation de la communauté
scientifique, seule voie laissée par le gouvernement pour obtenir satisfaction sur
ces revendications, l’AFS appelle :
- au maintien de la grève des tâches administratives et des enseignements
(quelles qu’en soient les modalités),
- au refus de participer aux processus de recrutement des chaires mixtes,
- à la participation de l’ensemble des personnelLEs de l’enseignement et de
la recherche aux prochaines manifestations, notamment celles du 28 avril
et du 1er Mai.