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Motion sur l’université du Conseil Municipal d’Amiens (20 mai 2009)

lundi 25 mai 2009, par Laurence

Les réformes du service public d’enseignement supérieur et de
recherche, engagées dès 2006 avec le "pacte recherche", vont dans le
sens d’une déstructuration en profondeur. Sa mise au pas suivant les
canons d’une économie de la connaissance basée sur le seul modèle de
l’entreprise, conforme aux préconisations de l’agenda de Lisbonne, ne
saurait laisser indifférente une ville universitaire comme la nôtre.

La loi d’autonomie des universités (LRU), prélude aux décrets
d’aujourd’hui, s’inscrit dans une politique qui cache bien mal
l’abandon de la responsabilité de l’Etat. La concentration des
pouvoirs autour du président est une porte ouverte à des décisions
placées sous le signe de l’arbitraire et du seul fait du prince. La
mise en place de politiques managériales, également à l’œuvre dans les
hôpitaux et la magistrature, là où
la collégialité est seule garante d’indépendance est bien le signe que
ces réformes engagent l’université dans une voie préoccupante.

Dégradation de la formation des professeurs, modification des statuts
des enseignants chercheurs, nouveau contrat doctoral, démantèlement
des grands organismes de recherche (CNRS ?) : la multiplication des
passages en force du gouvernement sur ces dossiers doit nous inquiéter.
Le service public d’éducation et de recherche, assurance de l’égalité
de tous est menacé, plus particulièrement dans les jeunes universités
comme Amiens. Les filières jugées peu rentables y disparaîtront à
terme. Les investisseurs privés, alors premiers financeurs, ne les
jugeraient pas digne d’intérêt. Les filières jugées rentables,
richement dotées, seront l’enjeu d’une concurrence exacerbée entre
universités, entre étudiants.

Les circulaires ne peuvent se substituer aux décrets. Les déclarations
méprisantes ne peuvent apaiser le débat. Les mesures dilatoires ne
peuvent remplacer la négociation. La menace du couperet des examens
est un chantage qui ferme la porte au dialogue. La mobilisation
universitaire a été exceptionnelle par sa durée, son intensité et son
unité, initiée par le monde enseignant et rapidement relayée par les
étudiants.

Le Conseil Municipal, convaincu que le système universitaire français
doit profondément évoluer, avec des moyens renforcés, pour faire face
aux enjeux du XXIème siècle, souligne que cette évolution ne peut se
faire sans l’implication des communautés scientifiques et contre
l’intérêt des étudiants de notre ville.

Le Conseil dénonce le blocage gouvernemental et appelle à un retrait
de la loi LRU et des décrets du 24 avril 2009 et à une véritable
négociation avec l’ensemble du personnel des universités et les
étudiants.

Le Conseil Municipal d’Amiens