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L’évaluation de la recherche en question (recension de plusieurs numéros de revues) - Bernard Thomann, La Vie des idées, 28 mai 2009

lundi 1er juin 2009, par Laurence

La question de l’évaluation de la recherche est au cœur du mouvement de protestation qui anime les universités et les laboratoires depuis de longs mois. Plusieurs revues lui consacrent des numéros spéciaux : au-delà du caractère massif des oppositions aux réformes, une lecture attentive révèle des divergences d’appréciation sur le rôle de l’évaluation et sur la relation entre science et société.

Recensés :

- « La fièvre de l’évaluation », numéro spécial de la Revue d’histoire moderne et contemporaine, supplément n° 55-4 bis, 2008.
- « L’idéologie de l’évaluation, la grande imposture », numéro spécial de Cités, n° 37, 2009.
- Christophe Charle, « L’évaluation des enseignants-chercheurs », Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, n° 102, avril-juin 2009, p. 159-170.
- Patrick Fridenson, « La multiplication des classements », Le Mouvement Social, n° 226, janvier-mars 2009, p. 5-14.

La question de l’évaluation a été placée, depuis quelques mois, sous les feux de l’actualité par le mouvement social qui s’oppose au décret instaurant la modulation du service des enseignants-chercheurs en fonction de leurs « performances » individuelles. Cette question s’était néanmoins déjà imposée depuis plusieurs années au cœur de la pratique quotidienne des universitaires et des chercheurs. Qu’elle se traduise par les initiatives des étudiants pour évaluer les enseignements, par l’utilisation grandissante des indices bibliométriques, par la généralisation de la pratique des appels d’offre de l’Agence nationale de la recherche (ANR), ou par les visites de l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), la rapidité de l’évolution des pratiques de l’évaluation et la multiplication de ses procédures suscitent des interrogations et des inquiétudes. Celles-ci semblent s’être soudainement et violemment cristallisées à la suite de la présentation du projet de décret de réforme sur le statut des enseignants-chercheurs. La prise à bras le corps de cette question de l’évaluation par des numéros spéciaux de la Revue d’histoire moderne et contemporaine sur « la fièvre de l’évaluation », et de la revue Cités sur l’« idéologie de l’évaluation : la grande imposture », et par des articles du Mouvement Social et de la revue Vingtième Siècle, a le mérite de venir éclairer l’actualité la plus brûlante en la replaçant dans le temps plus long de l’évolution des politiques de la recherche et de l’enseignement supérieur. Le traitement approfondi de cette question par des revues de sciences humaines et sociales est d’autant plus bienvenu que les médias de grande diffusion peinent parfois à s’élever au dessus de la communication gouvernementale, des caricatures ou des préjugés, et à véritablement rendre compte des enjeux profonds du débat, comme le compte rendu du numéro spécial de Cités paru dans Le Monde le 21 mars dernier, avec son titre dédaigneux, « Chercheurs qu’on martyrise », l’illustre malheureusement. La lecture de ces numéros spéciaux montre pourtant qu’il existe, au sein même de communauté universitaire et scientifique, au-delà du rejet assez massif de la politique du gouvernement actuel, des différences de sensibilité et un véritable débat, comme l’illustrent bien les éditoriaux très contrastés qui viennent introduire les dossiers de la Revue d’histoire moderne et contemporaine et de Cités.

L’évaluation : imposture ou véritable enjeu ?

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