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La galère des étudiants : vers une situation de crise ? - dijOnscOpe, Club de Médiapart, 12 octobre 2009

lundi 12 octobre 2009, par Laurence

NB : dijOnscOpe est un site d’information qui tente de renouveler l’information locale à Dijon et en Bourgogne, et avec lequel Médiapart a établi un partenariat. Voici ce qu’en dit Sabine Torres : Il s’agit de «  se doter d’une charte des journalistes en ligne, privilégier la qualité plutôt que la quantité, suivre nos choix éditoriaux et pas seulement le calendrier des temps forts institutionnels... […] vous transmettre une information rigoureuse et indépendante, rédigée et filtrée par des journalistes et correspondants de presse dont l’honnêteté intellectuelle est sans compromis. […] notre ligne éditoriale n’a pas pour vocation d’être consensuelle mais honnête et juste, respectant la dignité de notre public, votre dignité.
Car nous ne serons pas un média de service public mais bien un média au service du public.
 ». Cet article de Julie Philippe (daté en réalité du 7 octobre) figure donc, avec d’autres, dans le "Club" de Médiapart comme émanant de la rédaction de dijOnscOpe.

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Selon le quotidien "Libération", la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse s’est dite « choquée » par l’ouverture d’une antenne du Secours populaire sur le campus de l’université de Lille à la fin du mois de septembre dernier. La précarité pousserait certains étudiants à faire appel à des associations pour subsister. Qu’en est-il à Dijon ? Comment cette précarité se manifeste-t-elle ? dijOnscOpe a mené l’enquête…

« Nous ne roulons pas sur l’or mais nous ne sommes pas précaires »

Partons d’un constat simple : la plupart des élèves en situation de précarité sont boursiers. Il s‘agit également de jeunes dont les parents ont des revenus trop importants pour prétendre aux bourses mais insuffisants pour payer les études. Certains sont aussi des étudiants délaissés par leurs parents et ne bénéficiant pas d’aides. Le CROUS attribue des bourses aux étudiants en fonction de certains critères et des revenus des parents. Beaucoup avouent cependant devoir travailler l’été pour joindre les deux bouts.

Interrogés sur la question, peu d’entre eux se considèrent en situation de précarité. C’est par exemple le cas de Romain et Céliane tous deux âgés de 20 ans et étudiants en langues étrangères : « Comme la plupart des jeunes nous travaillons l’été pour compléter notre bourse. Certes, nous ne roulons pas sur l’or mais nous ne nous considérons pas comme précaires. » C’est également l’avis de Damien étudiant en Master d’histoire : «  il est clair que sans la bourse, je ne pourrais pas étudier. »

Un même constat : l’âge d’étudier ; l’âge d’être précaire

Dans certains cas, la précarité est cependant effective. Célia a 25 ans. Après avoir exercé durant quatre ans le métier d’infirmière, elle décide de changer de voie et de passer un Master en santé publique. C’est là que les problèmes commencent : « Les bourses, APL et RSA sont basées sur les revenus de l’année précédente. De ce fait, je n’y ai pas droit. Je suis allée voir une assistante sociale qui va me donner une aide d’urgence. J’ai l’impression que personne ne veut m’aider. Toutes les institutions se renvoient la balle entre elles. Je suis dans une situation difficile. Je me sens dans la précarité. Tout l’argent que j’avais économisé lorsque je travaillais est passé dans mes études et mes parents ne peuvent pas m’aider. »

Célia est-elle un cas isolé ? Selon Damien Deias, président du syndicat UNEF Bourgogne, le nombre d’étudiants en situation précaire a sensiblement augmenté ces derniers mois : « L’augmentation du nombre d’étudiants en situation de précarité vient s’ajouter aux problèmes déjà existants. Aujourd’hui, il est clair que l’âge de la précarité est celui où on est étudiant. Il existe un lien entre le manque de moyens des étudiants et le manque de moyens de l’université. » Cette paupérisation estudiantine est également ressentie dans certaines associations.

Un conseil du Crous aux étudiants ? Trouver de l’aide dans les associations humanitaires...

Ainsi, n’en déplaise à Valérie Pécresse, le Secours Populaire de Dijon connait lui aussi un accroissement du nombre de demandes d’aides de la part des étudiants. Selon Blandine Polonceau, chargée de la communication au sein de l’association, il serait utile d’avoir, tout comme à Lille, une antenne sur le campus : « les étudiants qui viennent sont vraiment au bout du rouleau. Beaucoup n’ont pas osé venir avant. Actuellement, le CROUS et les assistantes sociales nous en envoient certains. Il s’agit généralement de jeunes qui n’ont pas réussi à avoir suffisamment d’aides de la part de l’université. Un grand nombre d’entre eux sont boursiers. Les étrangers, en majorité Africains, sont également nombreux. »

Quelques initiatives d’entraide

Face à cette augmentation du nombre d’étudiants en difficulté, des mesures voient le jour. Des associations naissent ou amplifient leur moyen d’action. A l’Ecole Supérieure de Commerce de Dijon par exemple, l’association Solidarité vient en aide aux étudiants boursiers. Selon Mathieu Immarigeon, son président, leur nombre augmenterait chaque année : « Tous les ans, le nombre de demandes d’aides augmente. Nous avons souhaité montrer que l’entraide pouvait exister au sein de l’école ». 90% des frais de scolarité sont pris en charge par l’association grâce à des fonds privés, la CCI mais aussi un petit magasin et divers événements artistiques (cinéma, spectacles...). Le bénéfice des ventes est reversé à Solidarité. Ce type d’initiative est cependant rare et bien isolé.

Le nombre d’étudiants précaires, sans être une généralité, semble donc en augmentation au sein de la capitale bourguignonne. A l’occasion du forum des chefs d’entreprises, organisé au Palais des Congrès de Paris le 5 octobre, le président de la République a énuméré les réformes réalisées. Il a aussi annoncé son intention de réformer le système de l’enseignement : « D’ici à la fin de l’année, j’annoncerai la réforme des lycées parce qu’il est absolument capital que nous ayons les meilleurs lycées d’Europe comme nous devons avoir les meilleures universités d’Europe ». Dans le contexte actuel, cette ambition semble donc difficile, presque aussi incertaine que l’avenir de certains étudiants...