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Budget 2010 : un député UMP s’alarme des 16.000 suppressions de postes dans l’éducation - par Louise Fessard, Mediapart, 11 novembre 2009

jeudi 12 novembre 2009, par Elie

Pour lire cet article sur le site de Mediapart.

Dans son rapport sur le budget de l’enseignement scolaire, qui doit être discuté le 12 novembre à l’Assemblée nationale, le député UMP Yves Censi s’inquiète du rythme des suppressions de postes. Après trois années de coupe (11.200 postes supprimés au budget 2008 et 13.500 au budget 2009), le ministère de l’éducation nationale perd encore 16.000 postes dans le projet de budget 2010, soit près de la moitié des postes supprimés en 2010 dans la fonction publique. « Les gains de productivité semblent avoir été réalisés, écrit Yves Censi. Si l’on veut par la suite continuer à diminuer les emplois, dans une optique de réduction de la dépense publique à long terme, il faudra alors modifier en profondeur le système éducatif et les méthodes d’enseignement. »

Et le rapporteur de la commission des finances d’insister lourdement : « Il paraît difficile de maintenir la réalisation des programmes scolaires et le fonctionnement actuel des établissements en allant au-delà dans la diminution des emplois, tant enseignants qu’administratifs. »

Tableau de la répartition des supressions de poste en 2010 sur le site de Mediapart en document joint.

Coup de génie, la réforme de la formation des enseignants, à la rentrée 2010, permet au gouvernement de supprimer « facilement » des milliers de postes, ceux des 18.000 enseignants stagiaires. Jusqu’ici les étudiants ayant réussi les concours de l’enseignement devenaient des fonctionnaires stagiaires rémunérés, partageant leur temps entre une classe et l’IUFM. Désormais recrutés au niveau master, les nouveaux enseignants seront directement affectés dans des classes. Autant de postes de stagiaires de supprimés.

Douche froide pour l’enseignement agricole

Mais une fois les économies liées à la masterisation passées, comment le gouvernement « gérera-t-il la baisse du nombre d’emplois publics en 2011 et 2012 ? », s’interroge Yves Censi. Dans certains secteurs comme le remplacement des enseignants ou l’enseignement agricole, déjà sous-budgétisé en 2009, la situation semble aujourd’hui critique. « Aller au-delà en obéissant à un seul motif comptable n’est pas souhaitable car on atteint aujourd’hui un niveau d’étiage [NDLR, niveau le plus bas du fleuve] », note Yves Censi.

Malgré les mobilisations de l’an dernier – blocage des notes – et les promesses de Luc Chatel aux syndicats en août, l’enseignement agricole, déjà très affaibli, perd ainsi 244 postes. « Ça a été une douche froide, dit Olivier Bleunven, secrétaire national du principal syndicat de l’enseignement agricole, le Snetap-Fsu. Cette diminution du nombre de postes ne s’explique pas démographiquement – le nombre d’élèves est équivalent, voire en hausse dans certaines filières –, et ne répond pas aux attentes des parlementaires qui avaient déjà prévenu l’an dernier qu’il n’était pas possible de poursuivre l’hémorragie. »

Le Snetap-Fsu craint que l’écart entre public et privé ne se creuse encore plus. « Dans certains endroits, on envoie les élèves redoublants dans le privé par manque de place, témoigne Olivier Bleunven. Quand on a des fermetures d’établissements, des seuils de recrutement et moins de moyens, c’est clair qu’on pousse les jeunes vers le privé. »

Les deux principaux syndicats enseignants, le Snes et le Se-Unsa, accusent d’ailleurs le budget 2010 de « faire la part belle au privé ». « Quand on crée des postes, le privé réclame sa part de 20% des postes créés dans le public mais quand on supprime des postes, on n’applique pas la règle du 20% », reproche Daniel Robin, secrétaire général du Snes. « Dans le projet de loi de finances 2010, alors que 14.600 postes sont supprimés dans le public, l’enseignement privé ne connaît que 1.400 suppressions, soit deux fois moins que le principe affiché », précise un communiqué Se-Unsa.

Parmi les rares créations, quelque 2000 nouveaux postes sont annoncés dans le primaire pour faire face à l’augmentation du nombre d’élèves (7000 élèves supplémentaires attendus au cours des deux prochaines rentrées). « L’annonce est à prendre avec d’autant plus de prudence que ces trois dernières années, les créations prévues au budget n’ont pas été traduites dans les faits, met en garde le Se-Unsa. L’an dernier, il y a eu plus de 2000 postes en moins que ce qui était prévu ! »

Un autre chiffre est à mettre en parallèle avec la diminution du nombre d’enseignants, celui de la hausse du nombre de contrats précaires (assistants d’éducation, auxiliaire de vie scolaire et employé de vie scolaire), souvent limités à une durée de six ans voire trois ans. Entre 2006 et 2010, leur nombre est passé de 73.139 à 106.555 selon le rapport d’Yves Censi. D’après l’« opération vérité » lancée par quatre syndicats de la FSU sur la rentrée 2009, 45% des 1.650 établissements ayant répondu au questionnaire constatent une augmentation du recours aux contrats précaires.

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