Accueil > Le mouvement de 2009 > Dans le primaire et le secondaire ! > Lycée-en-forêt de Montargis

Lycée-en-forêt de Montargis

Grève du mardi 18 mars 2008

mardi 18 mars 2008, par Laurence

Ce texte, signé SNES et SUD-Education est paru dans La République du Centre et L’Éclaireur du Gâtinais.

[|
MOINS D’ENSEIGNANTS POUR EDUQUER MOINS|]

Le 18 mars, les enseignants du Lycée-en-forêt de Montargis participeront à la grève de l’Education nationale. Une journée non payée, chaque gréviste renoncera à 0,4% de son salaire annuel, quand le gouvernement vient de nous accorder une augmentation de 0,8%, supposée rétablir notre pouvoir d’achat. Nous commençons ainsi notre lutte contre la suppression de 9130 postes d’enseignants du secondaire annoncée pour la prochaine rentrée. Malgré les affirmations du ministre, cette coupe dans les effectifs est l’application d’une décision politique nouvelle : moins éduquer. Au Lycée-en-forêt, 7 postes sont supprimés, alors que le nombre d’élèves ne varie pas. La règle inacceptable du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux est elle-même dépassée avec zèle, ce sera plutôt un pour un.

Devant les carences créées par ces suppressions brutales, les « solutions » seront d’abord sans surprise. Le nombre d’élèves par classe va s’accroître jusqu’au seuil légal, auquel se trouvent déjà la plupart des classes. Cette mesure aura donc peu d’effet, sinon de systématiser des conditions d’enseignement insupportables pour les élèves et les enseignants (35 élèves par classe). La seconde « solution » consistera à restreindre les options proposées aux élèves. Cette mesure est pratiquée depuis si longtemps au Lycée-en-forêt qu’il n’y a plus grand-chose à supprimer, juste assez pour passer de l’indigne à l’indigent. Les « solutions » classiques ne seront donc d’aucun secours.
Le discours présidentiel l’a assez répété, il faudra donc travailler plus. On nous proposera des heures supplémentaires. Le ministère a pourtant prévu que cette mesure ne permettra de récupérer qu’un tiers des heures manquantes.

Et encore : à condition que les enseignants y répondent favorablement. C’est à quoi nous nous refusons. Nous ne ferons pas davantage d’heures supplémentaires que celles déjà acceptées. Nous ne voulons pas de cette injustice qui réserve le travail et ses revenus à ceux qui ont déjà un emploi, alors que les étudiants désireux de devenir enseignants sont toujours plus nombreux. Pour nous, enseignants, partager n’est pas un gros mot.

La seule mesure efficace sera de réduire le nombre d’heures d’enseignements pour les élèves. Moins de cours puisqu’il y aura moins de professeurs. La réforme des programmes qui sera bientôt annoncée n’a pas d’autre objectif. Les lycées professionnels viennent de passer par là : le bac s’y obtient désormais en trois ans quand il en fallait quatre, et le ministère se réjouit d’avoir ainsi supprimé 25 % des postes. L’enseignement général suivra cette voie. Le baccalauréat perdra encore de sa valeur, et les difficultés des bacheliers dans l’enseignement supérieur augmenteront. Ceux qui auront pu s’assurer des cours privés supplémentaires seront avantagés. En défiscalisant pour moitié le coût de cet enseignement inégalitaire, le gouvernement finance par des fonds publics une prime donnée à ceux qui ont les moyens de se l’offrir. C’est plus que de l’injustice, et pas très loin du vol légal.
Si ces suppressions sont maintenues, la rentrée prochaine s’accompagnera d’un recours à des enseignants recrutés hors concours, sans formation pédagogique, parfois seulement titulaires d’une licence, auxquels on proposera des contrats précaires et de pauvres salaires. Pour eux et leurs élèves, le ministère aura inventé la règle nouvelle du perdant-perdant.
Voulez-vous pour vos enfants moins d’éducation et davantage d’inégalités ?
Au Lycée-en-forêt, si fortement touché par les mesures ministérielles, la question se pose dès aujourd’hui.