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Destruction programmée de l’UFR SHS de l’université Versailles-Saint-Quentin - Lettre ouverte de l’Intersyndicale FERC-sup, CGT, SNESUP FSU et UNEF de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), le 23 avril 2010

mercredi 28 avril 2010, par Laurence

La mise en œuvre de la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU)
donne, au nom de l’autonomie, des pouvoirs exorbitants aux Présidents d’université. Elle
favorise l’opacité dans le mode de gestion des budgets, facilite les montages financiers
complexes et incite à de grands regroupements institutionnels et thématiques (pôles
d’excellence etc.) dont l’efficacité pédagogique et scientifique reste à prouver. Elle accroît
l’influence des grandes entreprises dans la formation et la recherche par le truchement de
fondations. Elle se traduit déjà par de nombreuses dérives (présidentialisme, précarisation
des personnels, renforcement des inégalités dans l’accès aux études entre universités,
déréglementation des droits d’inscription…) dans les universités françaises.

L’Université Versailles St Quentin est passée à l’autonomie renforcée au 1er janvier 2010.
Les dérives étaient déjà présentes avant cette date (suppression arbitraire d’un laboratoire
mixte IRD-UVSQ, conditions d’attribution des primes, conditions de recrutement de chargés
de mission…).

Aujourd’hui, une nouvelle étape a été franchie : l’Unité de Formation et de Recherche des
Sciences Sociales et des Humanités (UFR SSH) est menacée d’éclatement car cette
décision est programmée pour le Conseil d’Administration de l’UVSQ du 12 mai. Après
l’annonce présidentielle, mais encore non officielle, de la disparition de cette UFR, les
personnels administratifs ont été convoqués le 13 avril, à des entretiens individuels par la
direction de l’Université, et appelés à s’exprimer dans des délais très brefs sur leurs souhaits
d’affectation. Or, les nouvelles composantes résultant de l’éclatement de l’UFR n’ont pour
l’instant aucune existence, sinon celle d’être des projets présidentiels. Parallèlement, il a été
demandé aux enseignants-chercheurs de rédiger, en quelques jours, un nouveau projet
scientifique et pédagogique et de prévoir la nouvelle organisation administrative afférente.
Ces demandes ignorent le travail de fond réalisé lors de l’élaboration du contrat quadriennal
qui rentre tout juste en application (2010-2013).
Ces évolutions sont en totale contradiction avec les missions de service public auxquels
nous restons attachés.

En particulier, la création prévue de plusieurs instituts à la place de l’UFR SSH abat le
dernier rempart juridique contre l’arbitraire présidentiel dans l’université.

Elle remet
notamment en cause :

- Les dernières possibilités de démocratie à l’intérieur d’une composante de l’université
(garantie par les statuts d’UFR – Loi Faure de 1969, 1984) ;
- La collégialité académique ;
- Des droits d’inscription réglementés nationalement ;
- L’absence de sélection à l’entrée.

Suite à l’appel par l’intersyndicale de l’UVSQ à une assemblée générale des personnels de
l’UFR le 12 avril, la Présidence de l’Université a convoqué en urgence une réunion
d « information » pour le même jour. Selon la présidente de l’UVSQ, cette explosion de
l’UFR est justifiée par une organisation thématique censée faciliter l’intégration de l’université
au sein de grandes « confédérations universitaires » (campus de Saclay etc.). Elle a tenté de
rassurer les personnels en les assurant que « personne ne serait laissé au bord de la
route ». Force est de constater que ni l’argumentaire développé, ni le calendrier imposé, n’a
convaincu. Le refus, à une très forte majorité (3 blancs, 5 oui, 20 non), d’avaliser l’éclatement
de l’UFR, a été exprimé lors du conseil extraordinaire réuni le vendredi 16 avril, après un
long et riche débat, ce qui a confirmé ces inquiétudes.
Aujourd’hui, c’est un scénario managérial de concurrence effrénée entre instituts, en interne,
et entre formations des autres universités, en externe, qui nous est imposé. Une
désagrégation des UFR signifierait l’affaiblissement des instances démocratiques dans
l’université, car le fonctionnement des UFR est régi par la loi de 1984, contrairement aux
instituts.

Face à ces graves attaques liées à la mise en œuvre de la loi LRU, l’intersyndicale de
l’UVSQ, mandatée par l’Assemblée Générale des personnels et étudiants de l’UFR SSH qui
s’est tenue le 12 avril, réaffirme par cette lettre ouverte son attachement aux missions de
service public de l’université, et le rôle incontournable que l’UFR SSH doit jouer dans leur
réalisation. Elle exige notamment le maintien du rôle des conseils élus, en particulier dans la
nomination des directeurs des composantes, et la définition d’une politique financière,
budgétaire et immobilière claire et équitable.

Face aux effets d’annonce de court terme et à une communication coûteuse, véritable fuite
en avant dans des opérations aux conséquences souvent dommageables pour l’université,
nous défendons une vision à moyen et long termes d’une université collégiale qui prend en
compte les intérêts, les aspirations et les compétences de l’ensemble des personnels et des
étudiants de l’UFR SSH.