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Réaction du SNESup et du SNCS à l’issue de l’audience accordée par V. Pécresse - 5 mai 2010

mercredi 5 mai 2010, par Elie

IDEES FIXES ET SOUFFLE COURT

A son initiative, la ministre de l’enseignement supérieur et de la
recherche a souhaité « reprendre contact » avec les organisations
syndicales. Dans ce cadre et pendant plus de deux heures, le SNESUP-FSU
et le SNCS-FSU ont donc été reçus pour porter en convergence leurs
revendications et dénoncer les politiques gouvernementales (recomposition
du paysage universitaire, démantèlement des organismes de recherche,
attaque des retraites, individualisation forcenée des rémunérations,
entraves aux libertés scientifiques et pédagogiques, « mastérisation »,
précarité galopante, souffrance au travail, emploi public scientifique,
nécessaire revalorisation pour tous…). Si, sans surprise, la ministre
s’est livrée à l’exercice désormais rôdé d’autosatisfaction de l’action
gouvernementale, c’est sans réel souffle qu’elle semble plus encline à
promouvoir son bilan.

Sur fond de chantage au « Grand Emprunt », nous avons dénoncé
l’atomisation du service public d’enseignement supérieur et de recherche.
Les annonces des premières conventions entre l’Etat et les opérateurs
chargés du processus extrêmement sélectif et opaque des projets liés au
grand emprunt confirment d’une part la quasi absence de crédits
immédiatement « consumptibles », et, d’autre part, consacrent l’ANR et
son rôle dans le pilotage discrétionnaire de la recherche. Dans ce
contexte, la ministre a annoncé son projet de voir les « Alliances » être
en capacité d’effectuer des recrutements. Ces « Alliances », aux
fonctionnements tournant le dos aux processus démocratiques, ont pour
vocation d’organiser le pilotage de la recherche dans un même périmètre
thématique traversant organismes et universités sur tout le territoire.
Alors que le non remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite
sur deux reste plus que jamais d’actualité, et que la loi relative à la
mobilité accélère le mouvement de réduction du nombre de fonctionnaires,
le SNESUP et le SNCS dénoncent par ce biais une volonté de développer une
flexibilité et la mobilité territoriale subies, sous-tendant de futures
suppressions d’emplois de fonctionnaires au détriment de l’enseignement
supérieur et de la recherche publics.

Concernant la formation des enseignants, nous avons dénoncé une réforme
régressive - dont nous demandons le retrait - et condamné l’absence totale
de cadre dans lequel les collègues des UFR et des IUFM s’exténuent à en
contrer les effets délétères et nocifs. Les dispositions ubuesques
imposées aux candidats aux concours et à leurs formateurs ne permettent
pas aux universités d’atteindre l’objectif d’élévation des qualifications
des enseignants. Dans le processus de déstructuration de l’ensemble de
l’offre de formation de master existante, et par conséquent de la
recherche, le cabinet va jusqu’à reconnaître l’abrogation du cahier des
charges de la formation présentée en Conseil Supérieur de l’Education
(CSE) jeudi prochain, et confirme son choix de « laisser faire » tout en
laissant miroiter un hypothétique cahier des charges rédigé a posteriori
à partir des maquettes existantes. Il est inacceptable que le ministère
persiste à tenir un double discours : affichant une volonté de maintenir
le potentiel des IUFM pour mieux les remiser au rang de « pôles
universitaires de proximité » auxquels rien n’assure qu’il ne se
chargeront que de formation des enseignants.

Dénonçant les pressions accrues sur les collègues, les entraves aux
libertés scientifiques et pédagogiques, conséquences immédiates de la Loi
LRU et du décret EC modifié, l’explosion de la précarité et des
souffrances au travail dans les organismes de recherche comme dans les
universités, le SNESUP et le SNCS ont exigé l’extension du processus de
médiation existant au CNRS à l’ensemble de l’enseignement supérieur et à
la recherche. Ce réseau de médiation permettrait d’une part de trouver
des solutions aux situations intolérables pour les collègues mais aussi
de produire un bilan sur l’ensemble du territoire. Contrainte de
reconnaître cet état de fait, la ministre a déclaré qu’elle était
favorable à cette proposition. Reconnaissant l’absence des bilans sociaux
dans la plupart des universités, la ministre s’est engagée à produire une
synthèse ministérielle nationale des bilans sociaux – récapitulant
nationalement les emplois par natures et disciplines -, ce qu’elle
refusait hier. La ministre doit s’y tenir.

Ces mesures ne remplaceront pas la nécessité d’abroger tant le « pacte
pour la recherche » que la loi LRU. Si la Ministre a confirmé
l’engagement du Premier Ministre de ne pas supprimer d’emplois pour 2011
dans l’enseignement supérieur et la recherche, nous considérons que la
création massive d’emplois de fonctionnaires reste une priorité. Le
SNESUP et le SNCS ont demandé l’ouverture de négociations portant sur les
grilles salariales et les carrières et permettant la revalorisation de
tous : notamment, prise en compte du doctorat au recrutement, déblocage
des fins de carrière... La ministre s’est dite prête à étudier de près ce
dossier.

Concernant le dossier des retraites, le SNESUP et le SNCS ont porté
devant la ministre avec force leurs revendications pour préserver notre
système intergénérationnel solidaire de retraite notamment pour imposer
le maintien du droit à la retraite à 60 ans, la prise en compte des
années de formation, le calcul sur la base des 6 derniers mois. Nous
avons exigé que ce qui caractérise nos métiers, à savoir la difficulté de
reconstruction des carrières pouvant avoir eu lieu à l’étranger, débutées
tardivement, ou encore la prise en compte des années d’études plus
longues soit pris en compte. Nous avons demandé qu’un travail du MESR
dans le cadre de la fonction publique en relation avec E. Woerth puisse
être mené.

Communiqué commun du SNESUP et du SNCS du 5 mai 2010