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Courriers de l’Association des enseignants maîtres formateurs du Haut-Rhin à Mme l’Inspectrice d’académie du Haut-Rhin (9 et 18 juin 2010)

vendredi 18 juin 2010, par Mathieu

Colmar, le 9 juin 2010

Association des enseignants maîtres formateurs du Haut-Rhin

Mme l’Inspectrice d’académie,
Directrice des services départementaux de l’Education nationale

Cabinet de Mme l’Inspectrice d’académie
Inspection académique du Haut-Rhin

21 rue Henner

68000 COLMAR

Madame l’Inspectrice d’académie,

Nous vous prions de bien vouloir accorder une attention toute particulière à ce courrier
collectif que nous vous adressons ce jour.

Il se veut l’expression unanime de l’inquiétude et des doutes que partagent les maîtres
formateurs du Haut-Rhin signataires quant à leur avenir professionnel à court et long
termes mais aussi l’acte fondateur de leur engagement potentiel au sein du nouveau
modèle de formation des maîtres inscrit dans la réforme qui prendra effet à la rentrée
prochaine.

Mais avant d’aller plus avant dans notre propos, nous vous demandons, Madame
l’Inspectrice d’académie, de prendre acte de quelques remarques préliminaires qui
relèvent de notre propre perception et de notre analyse de cette réforme, qui nous
engagent pleinement du point de vue de l’éthique professionnelle et constituent autant de
positions de principe dont nous tenons à vous faire part.

Si le contenu et les orientations de cette dernière nous laissent pour le moins sceptiques,
la note de cadrage qui concerne sa mise en œuvre lors de l’année de stage nous a
plongés dans une grande perplexité. Les données dont nous disposons à ce jour ne sont,
en effet, que le reflet d’un dispositif que nous jugeons contestable dans sa conception et la
résultante, prévisible mais malencontreuse, de la précipitation, la confusion et l’absence de
concertation qui ont présidé à son élaboration. Alors oui, Madame l’Inspectrice, nous
sommes inquiets : inquiets pour les maîtres de demain, inquiets pour nous-mêmes, eu
égard à la manière dont nous serons amenés, dans un futur presque immédiat, à y
collaborer.

La suppression pure et simple d’un centre de coordination de la formation des maîtres,
d’une « école », au sens de lieu où notre métier s’apprenait, puisqu’il faut bien écrire au
passé, relève, à nos yeux, d’une erreur historique qui met un terme à la culture spécifique
de la formation des enseignants du primaire dans la mesure où elle signe la fin de cette
complémentarité et de cette synergie entre les compétences de formateurs appartenant à
des catégories professionnelles différentes que seuls les IUFM favorisaient et
garantissaient.

Nous savons désormais, qu’en ce qui concerne la gestion de nos services, nous serons
placés sous l’autorité des Inspecteurs d’académie, la vôtre en l’occurrence. Même si la
circulaire concernant nos nouveaux statuts précise que des conventions liant les rectorats
et les universités nous permettraient d’intervenir, dans le cadre des masters, à l’IUFM, le
dispositif précédent qui reposait sur l’autorité conjointe de l’IA et de l’IUFM nous semblait
plus pertinent.

Il n’en demeure pas moins que nous sommes les spectateurs, pour ne pas dire les
victimes, d’un déplacement de notre centre de gravité qui heurte la conception que nous
nous faisions de notre engagement au service de la formation des maîtres, contrarie les
motivations qui nous ont poussés à exercer nos fonctions et ne sera pas sans incidence,
nous le craignons, sur le caractère et la nature de nos interventions. Nous considérons, en
effet, que cette décision est propre à générer un repli sur soi, une « insularisation » de
notre catégorie professionnelle au sein de la sphère strictement institutionnelle, dans le
vase clos des formateurs dits « de terrain », nous privant ainsi de ce contact privilégié et à
bien des égards stimulant avec d’autres catégories de formateurs. Il ne s’agit pas, vous
l’aurez compris, d’une vision idéalisée et aux accents, déjà, nostalgiques de ce qu’ont pu
être les IUFM, pas plus que d’un positionnement manichéen, mais l’hommage que nous
rendons à une institution qui a constitué, pour nous, un authentique lieu d’ouverture
intellectuelle et de prévention de toute forme de sclérose pédagogique.

Ces principes posés, et malgré nos réticences, nous avons toutefois sollicité et entretenu
un dialogue régulier avec Monsieur l’Inspecteur de l’Éducation nationale Adjoint. Nous
avons accepté de répondre favorablement à la proposition qu’il nous a faite de participer, à
deux reprises, aux réunions d’élaboration d’un cahier des charges de la formation des néo-
stagiaires pour la rentrée prochaine, en y délégant deux d’entre nous, alors même que
nous restions dans l’expectative sur l’évolution de nos missions et les conséquences de
notre rattachement à l’IA en terme de service dû.

Vous comprendrez donc aisément, Madame l’Inspectrice, qu’il est impératif pour les
maîtres formateurs du département de disposer avant les congés d’été, d’éléments
d’appréciation et de garanties quant aux caractéristiques de leur service et missions à
venir afin qu’ils puissent se déterminer en toute connaissance de cause.

En ce sens, nous vous demandons de prendre en compte quelques propositions
significatives à savoir :
- L’organisation d’un corps départemental des maîtres formateurs sous votre autorité
confié à un personnel chargé de mission (éventuellement maître formateur) pour assurer
entre autres la gestion centralisée du service des EMF et d’une commission consultative de maîtres formateurs.
- Une définition des règles de décompte du service des EMF selon l’usage en vigueur
jusqu’alors en IUFM, précisant :

• le service annuel dû (96 heures)

• la confirmation de la répartition des interventions telle qu’elle nous a été présentée
par l’IENA, c’est-à-dire : 40 heures dans le cadre du « compagnonnage » des néo
stagiaires, 36 heures réservées à l’IUFM et 20 heures pour la formation continue en
particulier auprès des néo titulaires.

Des règles de décompte de ces services explicites garantissant un équilibre entre le
temps réellement consacré et le temps comptabilisé et sans risque de dépassement
horaire que l’employeur ne saurait prendre en compte.
- La définition avant la rentrée de septembre, d’un cadre statutaire (convention)
d’intervention dans les unités d’enseignement de l’UDS
qui autorise et encourage la
coopération entre l’IUFM, école interne, et les maîtres formateurs.
- La révision du calendrier de formation des S1 afin d’augmenter les trop faibles
occasions données aux maîtres formateurs et aux conseillers pédagogiques de croiser
leurs regards et d’intervenir simultanément auprès des stagiaires et dans leur intérêt.
- La définition d’un temps de formation de formateurs, dans le cadre d’un stage pour
l’année 2010 – 2011 et les suivantes. Il s’agirait bien de temps d’échanges et de
mutualisation réservés aux formateurs du terrain et programmé au plan départemental de
formation et non de réunions organisées au hasard des disponibilités.
- Un aménagement horaire spécifique aux maîtres formateurs chargés de la direction
d’une école.
- La prise en compte, afin de mener leur mission de « compagnonnage » sereinement,
de la nécessité de ne pas affecter sur les postes de modulateurs de personnel néo-
stagiaire.
Il s’agit, vous en conviendrez Madame l’Inspectrice, des garanties minimales auxquelles
nous pouvons prétendre pour nous adapter à cette période transitoire et envisager le plus
sereinement possible l’année à venir, garanties sans lesquelles nous sommes
susceptibles de suspendre nos fonctions de maîtres formateurs.
Dans l’attente de vous lire, nous vous prions de bien vouloir croire, Madame l’Inspectrice,
en notre engagement dévoué au service de la formation des maîtres.

Rachel ADRIAN - Floriane BARBARY - Bernard BRENDLE - Claudine BRAUN -
Anne BURGY - Jean-Luc DARNAUD - Florence DEL TATTO - Marie ESSELIN - Anne
HERMANN-BARAD - Fada MAZZAOUI - Alain MORITZ - Florence NATUREL -
Bettina REVERBEL - Catherine ROESCH - Emmanuelle ROCTON - Caroline
SANCHEZ - Jean-Georges SCHIELE - Michèle SCHILLINGER - Martine SCHNEBELEN
- Laurent SCHNEBELEN - Myriam STOFFEL - Bernard SUTTER - Mireille THOMANN -
Claudine WALGENWITZ .


Colmar, le 18 juin 2010

Association des enseignants maîtres formateurs du Haut-Rhin

Mme l’Inspectrice d’académie,
Directrice des services départementaux de l’Education nationale

Cabinet de Mme l’Inspectrice d’académie
Inspection académique du Haut-Rhin

21 rue Henner

68000 COLMAR

Madame l’Inspectrice d’Académie,

Nous vous demandons de bien vouloir prendre acte, dans le prolongement du courrier que l’AEMF
68 vous a adressé le 10 juin dernier, du souhait émanant de six PEMF du département de voir
leur nom s’ajouter à la liste des signataires. Il s’agit de :

Mesdames Christiane LONGERON, Corinne SAULNIER, Sandrine CHEVARIN, Chantal MEYER,
Fabienne SIMMENDINGER et Monsieur Michel KELLER.

Vous le constaterez, Madame l’Inspectrice, la forte mobilisation des maîtres formateurs du Haut-
Rhin constitue le témoignage du réel dynamisme de leur catégorie professionnelle, de
l’importance qu’ils accordent à la reconnaissance de leur identité professionnelle, construite de
longue date, de la vigueur des liens qu’ils ont su tisser et entretenir au sein de l’IUFM, anciens et
nouvellement nommés confondus, de leur engagement fervent dans les missions qui leur sont
confiées et de l’intérêt qu’ils accordent à la préservation d’une formation des maîtres de qualité,
mais aussi, légitimement, de leur volonté de disposer, dans l’avenir, de conditions d’exercice
satisfaisantes, bien circonscrites et répertoriées, garantes, en outre, de leur propre formation
personnelle.

Vous le savez, nous sommes actuellement quarante PEMF, en fonction, dans le département. Deux
d’entre nous vous ont fait connaître leur souhait de démissionner. L’une d’entre nous quitte le
Haut-Rhin. Ce sont donc trente maîtres formateurs sur trente sept restants qui adhèrent au
positionnement et aux propositions que contenaient notre courrier
.
Dans un tel contexte, il va de soi, Madame l’Inspectrice, que nous serons particulièrement
vigilants et attentifs aux réponses que vous apporterez à chacune des demandes formulées qui
constituent pour nous autant de garanties minimales attendues.

Deux syndicats nous ont fait savoir, ce jour, alors que nous sommes toujours dans l’attente d’une
réponse à notre lettre, que vous souhaitiez nous rencontrer avant la fin de l’année scolaire et que
nous serions destinataires, sous peu, d’une courrier d’invitation à l’Inspection académique. Nous
en prenons, à notre tour, acte.

Nous mettons beaucoup d’espoir dans cette rencontre. Les échos qui nous parviennent d’autres
académies sont inquiétants et signes d’un malaise grandissant. Une coordination nationale des
EMF est sur le point de naître. Nous espérons, quant à nous, que le département du Haut-Rhin
constituera un exemple de dialogue, de respect des personnels et de leurs compétences,
d’intelligence, d’efficacité et d’excellence dans la mise en œuvre, dans l’urgence, d’un dispositif
dont nous mesurons pleinement, sachez-le, la complexité.

Veuillez croire, Madame l’inspectrice, en la sincérité de notre engagement déterminé et militant
au service de la formation des maîtres.

Rachel ADRIAN - Floriane BARBARY - Bernard BRENDLE - Claudine BRAUN - Anne
BURGY – Sandrine CHEVARIN - Jean-Luc DARNAUD - Florence DEL TATTO - Marie
ESSELIN – Anne HERMANN-BARAD – Michel KELLER - Christiane LONGERON -
Chantal MEYER - Fada MOUZAOUI - Alain MORITZ - Florence NATUREL - Bettina
REVERBEL - Catherine ROESCH - Emmanuelle ROCTON – Caroline SANCHEZ -
Corinne SAULNIER - Jean-Georges SCHIELE - Michèle SCHILLINGER - Martine
SCHNEBELEN - Laurent SCHNEBELEN – Fabienne SIMMENDINGER - Myriam
STOFFEL - Bernard SUTTER - Mireille THOMANN - Claudine WALGENWITZ .