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Ouvrir un internat d’excellence, c’est fermer un internat de réussite éducative - Véronique Soulé, "C’est classe !", Libération, 28 novembre 2010

lundi 29 novembre 2010, par Laurence

Hier on encourageait les internats de réussite éducative. Aujourd’hui on n’en a plus que pour l’excellence. L’internat de réussite éducative de Mériel (Val d’Oise) vient ainsi d’apprendre que l’Etat réduisait de 70% ses subventions en 2011. Et qu’il risquait donc de disparaître.

Les internats de réussite éducative ont été créés par la loi de cohésion sociale du 18 janvier 2005 (p.35 du programme). Financés par l’Acsé (Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances), ils prennent en charge les élèves en grande difficulté scolaire et souvent sociale qui risquent de décrocher. Généralement il s’agit de collégiens, mais chaque établissement a son propre projet.

L’internat de Mériel, installé dans un centre de loisirs de la ville de Saint Denis, a été ouvert au printemps 2008. Depuis, il a accueilli près de 60 élèves dionysiens de cours élémentaire, moyens et de sixième, pour une durée de six semaines, renouvelable deux fois. Neuf enfants ont fait leur rentrée en septembre, et deux ou trois autres sont attendus prochainement.
Retirés de leurs cadres et de leurs familles qu’ils retrouvent le week-end, ils sont très encadrés - deux profs payés par l’Education nationale, quatre assistants d’éducation (l’équivalent de trois pleins temps), un directeur, etc. Le but est de leur redonner des repères qu’ils ont souvent perdus, de leur faire prendre confiance en eux et de les remotiver pour l’école.

Mais la mode est aujourd’hui aux internats d’excellence, une idée chère à Nicolas Sarkozy sur le thème : "il faut donner plus à ceux qui ont moins, et parmi eux, à ceux qui le méritent". Bénéficiant de moyens supplémentaires, ces internats sont destinés aux jeunes "méritants" de milieux modestes, n’ayant pas de bonnes conditions de travail chez eux, bons élèves ou appliqués, surtout motivés pour réussir.

Or le président a promis qu’il y aurait 20 000 places pour eux. Du coup, les internats existants ont été encouragés à devenir des internats d’excellence.

Mais il y a un problème : ces établissements, dont le premier s’est ouvert à Sourdun à la rentrée 2009, n’ont pas les mêmes objectifs que les internats de réussite éducative. Les premiers visent à faire grimper au plus haut de l’échelle les jeunes méritants des quartiers. Les autres à prévenir le décrochage et faire réussir le plus grand nombre dans ces quartiers.

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