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Manifs étudiantes à Londres : un moment de bonheur collectif - Philippe Marlière, politiste à Londres, Rue89, 2 décembre 2010

jeudi 2 décembre 2010, par Elie

Depuis le 24 novembre, à Londres, quelques centaines d’étudiants occupent la salle Jeremy Bentham située à côté de la bibliothèque principale de UCL (university college London), l’université où j’enseigne. Cette fac est aujourd’hui rejointe par plus d’une trentaine de campus également occupés : à Londres (School of Oriental and African studies, King’s College, Goldsmith, London university of arts, university of East London, South Bank university) et en province (Oxford, Cambridge, Leeds, Manchester, etc.).

A UCL, les étudiants séjournent jour et nuit dans une vaste pièce d’ordinaire utilisée pour des réceptions, qui comprend deux petites pièces adjacentes ainsi qu’une cuisine.

Un mouvement rare pour la Grande-Bretagne

Cette occupation est le signe de la radicalisation des luttes étudiantes contre un projet de loi du gouvernement libéral-conservateur. Celui-ci envisage de doubler et à terme de tripler le montant des frais d’inscription. A ce stade, les étudiants devront débourser 9 000 livres sterling par an pour étudier.

Le Daily Telegraph (conservateur) a reconnu que des étudiants en licence pourraient s’endetter à hauteur de 80 000 livres sterling (soit 95 000 euros), si l’on prend en compte la hausse des taux d’intérêts des prêts étudiants.

Phénomène rare ici, trois manifestations successives ont rassemblé un nombre croissant d’étudiants, rejoints par des lycéens. Bravant un froid glacial et la gestion brutale des marches par la police, le succès de ces manifestations s’explique par un rejet déterminé de cette loi jugée profondément injuste et cynique. Injuste, car elle va dissuader les jeunes des classes populaires d’entreprendre des études ; cynique, car le gouvernement continue de faire payer aux forces utiles de la nation la gabegie financière.

Le 29 novembre, un groupe de UCL a manifesté devant le magasin Topshop dans l’artère commerçante d’Oxford Street. Philip Green, son propriétaire, est un milliardaire qui a été chargé par David Cameron de réfléchir au moyen de « réduire les dépenses publiques ». Green, dont l’épouse est fiscalement domiciliée à Monaco, a en outre été accusé de fraude fiscale.

S’il y a un problème de déficit public, que l’on commence par faire payer les riches, surtout quand ils fraudent le fisc. Les étudiants l’ont bien compris et ont entonné devant le magasin le slogan : « Les impôts dus par Philip Green pourraient servir à financer nos études ! »

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