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Lettre n° 72 de la CPU - 29 juin 2011

mercredi 29 juin 2011, par Sylvie

Autonomes et solidaires

A ceux qui s’alarmeraient de ce que l’autonomie des universités, les libertés et responsabilités que le législateur leur a confiées puissent conduire notre système d’enseignement supérieur et de recherche vers une dérégulation débridée, la Conférence des présidents d’université est venue, dans sa séance plénière du 23 juin dernier, avec une quasi unanimité, apporter l’illustration que, pour les présidents d’université, l’autonomie rimait avec la solidarité, et donnait encore davantage de force à notre engagement collectif.

A la veille des congés d’été, de nombreux personnels titulaires de la fonction publique d’Etat affectés dans nos établissements n’ont toujours pas pu bénéficier de chèques vacances ou chèques emploi services universels, au motif que les universités dans lesquelles ils exercent leurs fonctions étaient passées aux responsabilités et compétences élargies. La CPU a tenu à rappeler, dans une position adoptée à l’unanimité que ces prestations interministérielles dont bénéficient les fonctionnaires relèvent d’une gestion interministérielle, valable pour toute la fonction publique d’Etat, qui échappe aux universités, fussent-elles autonomes. Les présidents ont alerté à de nombreuses reprises, depuis le début de l’année, les ministères concernés sur ce sujet, crucial pour de nombreux personnels. Avec l’exercice des responsabilités et compétences élargies, nos établissements ont développé des politiques d’aide sociale pour leurs personnels propres souvent plus généreuses que celles destinées aux personnels fonctionnaires.

Une réflexion peut être envisagée, avec l’Etat, sur les conditions dans lesquelles des politiques sociales d’établissements pourraient bénéficier à l’ensemble des personnels, quelle que soit leur catégorie, qui concourent en commun aux missions de nos établissements. Mais, avant tout, c’est une discussion, et, le cas échéant, une négociation, à conduire avec les organisations représentatives des personnels, qui ne pourront pas se dérouler sans la participation et l’implication de l’Etat.

L’autonomie a permis de développer des politiques de ressources humaines dans les universités, diverses, parfois innovantes, mais souvent méconnues. La CPU a demandé à l’AMUE de collecter et de mettre en ligne les bilans sociaux des universités. Cette demande, formulée notamment par des organisations représentatives des personnels, a été portée par le bureau de la CPU, qui souhaite que les bilans sociaux des universités, dans la diversité de leurs présentations et de leurs contenus, puissent être accessibles sur un site unique. Cette mise en ligne permettra de témoigner de la volonté de transparence de nos établissements dans un domaine particulièrement sensible, des efforts qui ont été réalisés en faveur des personnels, de la diversité des politiques mises en œuvre.

Il ne s’agit nullement de s’engager vers une normalisation imposée de la présentation des bilans sociaux, mais bien de pouvoir montrer combien les universités sont soucieuses du développement d’une politique de ressources humaines, de son suivi et de son analyse. Cette vision globale des bilans sociaux existants y contribuera, même si une politique de ressources humaines ne peut être appréciée, bien évidemment, que dans sa globalité et ne peut être résumée dans un bilan social aussi complet soit-il, sans tenir compte des autres éléments de politique de ressources humaines qui n’y figurent pas, de la spécificité et du contexte propre de chaque université, notamment des équilibres qui résultent des délibérations des instances de chaque établissement.

Enfin, en adoptant à la quasi unanimité les conclusions du Colloque de
Toulouse
, sur la licence, notre Conférence a pris une décision d’une grande
portée, manifestant un véritable engagement collectif de nos établissements. Au nom de la communauté universitaire, les présidents d’université se sont emparés de ce sujet essentiel qu’est la licence et ont émis quinze propositions très osées, qui eussent été inimaginables il y a seulement quelques années. Ces propositions ont été élaborées à
partir de larges auditions et des contributions de nombreux acteurs de la communauté éducative et de milieux professionnels – au service de la réussite des étudiants.

Nos universités, désormais plus autonomes, tiennent à rester dans le cadre du service public national de l’enseignement supérieur et de la recherche – et, par leurs propositions, par leur engagement, par l’élaboration de référentiels nationaux de compétences, veulent donner une nouvelle ambition à la notion de diplômes nationaux, en intégrant les démarches d’évaluation des formations de licence dans un processus global d’amélioration continue de leur qualité.

Loin d’aboutir à une dérégulation sauvage, l’autonomie des universités ainsi conçue est à nos yeux la condition pour renforcer la qualité des formations, de nos diplômes nationaux, en faisant confiance aux acteurs de la communauté universitaire, à leur capacité à dialoguer avec leur environnement territorial ou socio-économique pour construire des
formations avec et pour les étudiants.

C’est dans cet esprit que la CPU apportera sa contribution aux travaux que le Ministère engage pour la rénovation de la licence.

Propositions issues du colloque de la CPU : « Une ambition : la Licence »

Après avoir consacré ses travaux de 2010 au Doctorat, la CPU a souhaité aborder en 2011 le thème de la Licence et plus précisément de l’ensemble des diplômes qui constituent le cycle licence.

La CPU a d’emblée placé dans son colloque annuel le cycle licence comme un enjeu majeur, une ambition pour notre pays, car si au cours de ces dernières années, de nombreux travaux ont été menés, notamment dans le cadre du comité de suivi licence afin de favoriser l’évolution du cursus licence et de lutter contre l’échec des étudiants, jamais le sujet de la licence n’avait été abordé dans le cadre d’une approche globale, en incluant dans la réflexion l’ensemble des acteurs participant à la construction de ce premier cycle, quelle que soit leur structure d’activité (universités y compris les IUT, STS, CPGE…), et en se donnant comme objectifs la lisibilité, une réflexion sur les finalités du cycle licence et sa cohérence. [...]

Retrouvez l’intégralité des propositions du colloque de la CPU : « Une ambition : la Licence »

Pour l’égalité et la parité entre les femmes et les hommes dans l’enseignement supérieur

L’égalité entre les femmes et les hommes constitue un sujet de préoccupation majeur pour l’enseignement supérieur et la recherche. Ce n’est pas seulement l’affaire des femmes, il s’agit pour nous tous d’un élément de progrès essentiel pour que l’enseignement supérieur et la recherche bénéficie d’une meilleure participation de tous, bénéficie de la diversité, présente à tous les acteurs et en particulier aux étudiants l’attractivité d’une communauté équilibrée.

La CPU a adopté en décembre 2009 une charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. De nombreux établissements ont adopté en leur sein une charte pour l’égalité, et mis en place des plans d’actions concrètes, adaptés à leur contexte.

La CPU souhaite aujourd’hui réaffirmer sa détermination à progresser vers l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’enseignement supérieur et la recherche. Elle encourage les établissements qui ne l’ont pas encore fait à inclure l’égalité dans leur projet d’établissement, et à adopter une charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. La CPU souhaite que chaque établissement nomme un(e) chargé(e) de mission pour l’égalité. La CPU souhaite que les établissements renforcent leurs actions de soutien à l’égalité et à la parité entre les femmes et les hommes. Elle souhaite que les établissements s’engagent à composer des comités de sélection équilibrés dans leur participation de femmes et d’hommes, dans la mesure du possible selon les disciplines.

La CPU souhaite que les universités se dotent de conseils proches de la parité, et suivent ainsi l’évolution du reste de la société. Pour cela, la CPU demande aux présidents et aux présidentes de faire adopter dans leurs instances des délibérations incitant la candidature de listes comprenant des femmes et des hommes en position alternée pour les élections aux trois conseils centraux.

L’université doit poursuivre les évolutions législatives qui ont favorisé la parité dans le reste de la société (loi Génisson du 9 mai 2001, loi du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance des entreprises privées). La CPU souhaite ainsi que la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche examine la possibilité de modifier le décret électoral afin que les conseils centraux des universités soient élus à partir de telles listes.

* Position adoptée à l’unanimité par la CPU plénière du 23 juin

Les classements au banc d’essai

Conséquence de la mondialisation de l’enseignement supérieur et la recherche, les classements d’universités jouent un rôle croissant, non seulement dans la définition des stratégies d’établissements, mais aussi dans les décisions prises par la puissance publique en matière de politique scientifique et universitaire.

En 2003, la première publication du classement de Shanghai et l’image peu flatteuse des universités françaises qu’il restituait, ont introduit durablement les classements dans le débat public sur l’enseignement supérieur et la recherche. Depuis lors, les classements mondiaux d’universités se sont multipliés alors même que la fiabilité et la pertinence de ces classements font de plus en plus question.

La Présidence française de l’Union Européenne en 2008 a pris l’initiative de proposer un classement européen à portée mondiale, idée qui a donné lieu à un appel d’offres lancé par la Commission européenne et remporté par le consortium CHERPA [1]. C’est ainsi qu’est né le
projet U-Multirank. Etabli en rupture avec l’idée de palmarès des établissements, il s’appuie sur une conception multidimensionnelle alors que la plupart des classements privilégient une approche unidimensionnelle mettant généralement la recherche en exergue. Dès le
mois de mars 2008, avant même que le projet de classement européen ne soit porté par la Présidence française de l’Union Européenne, la CPU en avait fait l’une des propositions phares issues de son colloque annuel qui se déroulait alors à Bruxelles et avait l’Europe pour thème. La CPU a été partie prenante du projet de classement européen à travers l’OST [2] qui fédérait les partenaires français.

U-Multirank devrait publier les résultats de son étude le 11 juillet prochain. Les conclusions essentielles en ont été présentées le 9 juin dernier, lors d’une conférence à Bruxelles. Par ailleurs le rapport de l’EUA consacré à l’analyse des classements mondiaux d’universités « Global university rankings and their impact » a été rendu public la semaine suivante, le 17 juin. Enfin, le mois dernier, les 16 et 17 mai, l’UNESCO avait organisé un forum mondial qui a réuni des universitaires du monde entier pour débattre des effets des classements.

Cette conjonction d’événements en un temps aussi court est révélatrice de l’acuité et de l’actualité de la question des classements au cœur du débat public. Il en ressort une nette similitude des constats quant aux biais et aux limites méthodologiques des classements les plus connus, une grande circonspection quant à leur utilisation dans l’élaboration des stratégies d’établissements, une certaine inquiétude quant à leurs effets induits en termes de politique publique d’enseignement supérieur et de recherche, ainsi qu’une unanimité réelle autour de l’idée de classement multidimensionnel.

C’est sur le thème des classements, de leur utilité et de leurs effets que la CPU organisera son séminaire de rentrée jeudi 15 septembre prochain. A cette occasion, l’étude de U-Multirank et le rapport de l’EUA « Global university rankings and their impact » seront présentés aux participants.

Learning centre

Contribuant à bâtir une stratégie numérique pour l’Université dans le
cadre du programme "Elan 2020", le rapport d’études CPU / CDC "Mettre en
place un learning centre
" est en ligne.

Brèves de séance

La CPU a tenu sa séance plénière du mois de juin : retrouvez un résumé
des sujets à l’ordre du jour sur son site internet.


[1CHERPA : Consortium for Higher Education and Research Performance Assessment

[2Observatoire des Sciences Techniques