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Financement de l’enseignement supérieur : quelle place pour les entreprises ? par Pierre-André Chiappori, E. Rowan and Barbara Steinschneider Professor of Economics, Columbia University (juin 2011)

samedi 9 juillet 2011, par Laurence

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Pour lire l’article d’Olivier Rollot qui attire l’attention sur ce document

Sur l’Institut de l’entreprise qui publie cette étude

À la fois lieu de rencontres, centre de réflexion et pôle de formation, l’Institut de l’entreprise
développe une vision de l’entreprise ouverte sur le monde et sur la société.
Animé par
des dirigeants d’entreprise, l’Institut de l’entreprise s’appuie sur un vaste réseau d’experts
issus d’horizons variés. Au coeur de sa démarche figure la pédagogie des faits, nourrie
par l’expérience de ses adhérents.

RÉFLEXION

L’activité de réflexion se déploie autour des enjeux qui sont au coeur de la relation entre
l’entreprise et son environnement. Pour diffuser ses analyses et ses propositions, l’Institut
de l’entreprise privilégie trois canaux complémentaires : des rapports et des notes, le site
internet
Débat&co (www.debateco.fr), et la revue Sociétal.

RENCONTRES

Les différentes manifestations visent à alimenter la réflexion collective des adhérents de
l’Institut de l’entreprise. Dirigeants d’entreprise, personnalités politiques, experts issus
de l’entreprise ou du monde universitaire sont invités à s’exprimer à l’occasion de déjeunersdébats,
de conférences et de colloques.

FORMATION

L’Institut de l’entreprise développe des programmes visant à mieux faire connaître
l’entreprise à des publics qui évoluent hors de celle-ci, mais qui sont amenés à interagir
au quotidien avec elle. Ils s’adressent en particulier à quatre publics : les enseignants
de Sciences Économiques et Sociales ; les élèves journalistes ; les fonctionnaires
(inspecteurs des impôts, magistrats et inspecteurs du travail) ; les hauts potentiels à
travers l’IHEE.

Créé en 1975, l’Institut de l’entreprise est une association qui regroupe plus de 120
adhérents
– pour l’essentiel des grandes entreprises auxquelles s’ajoutent quelques
établissements
d’enseignement supérieur et quelques fédérations professionnelles.

Pour en savoir plus : www.institut-entreprise.fr

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Résumé

S’il est aujourd’hui admis que l’importance et la qualité de la recherche et de l’enseignement supérieur sont des enjeux majeurs pour les pays développés, le retard pris par la France dans ce domaine est particulièrement préoccupant.
Une des raisons de ce retard tient à des aspects budgétaires : comme l’illustrent les comparaisons internationales, la France souffre d’un sous-financement considérable de son système d’enseignement supérieur, et ce malgré l’effort important de remise à niveau budgétaire engagé par l’Etat au cours des dernières années. Dans un contexte de finances publiques tendues, la recherche et l’enseignement supérieur français ne pourront donc se passer, à moyen et long terme, d’une redéfinition de la structure de leurs ressources, incluant en premier lieu un recours accru aux financements privés.

La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) a posé en 2008 les fondements institutionnels d’une telle réforme en permettant aux universités de créer des fondations levant des fonds privés, notamment auprès des entreprises. À l’heure actuelle, les résultats restent cependant modestes : seuls 68 millions d’euros ont été levés depuis 2008, et les dons aux universités les mieux loties ne dépassent guère aujourd’hui 1 % de leur budget.

S’appuyant sur une enquête auprès de dirigeants d’entreprise et d’établissements d’enseignement supérieur, le rapport du Professeur Chiappori souligne que la modestie de ces résultats tient en partie aux spécificités culturelles propres à notre pays : une vision étatique de l’enseignement supérieur et de la recherche qui a conduit l’opinion publique à percevoir ce dernier comme un service public, avec les effets pervers associés à une telle représentation ; une méfiance traditionnellement forte de cette opinion publique vis-à-vis du marché, qui rend plus vives qu’ailleurs les craintes d’une mainmise des intérêts « marchands » sur la production du savoir ; un système de sélection des élites qui rend ces dernières relativement indifférentes au sort de l’université et éloignées du monde de la recherche ; une pratique de la philanthropie peu développée en comparaison des pays anglo-saxons.

Ces éléments invitent à une véritable révolution culturelle, si l’on souhaite renforcer les liens entre les entreprises et les universités. Du côté des entreprises, cette révolution culturelle passe d’abord par une prise de conscience de la situation française en matière de recherche, que beaucoup d’entre elles ne semblent aujourd’hui percevoir que partiellement, alors qu’elle met directement en cause l’avenir à long terme de l’économie nationale ; elle passe aussi par l’explicitation de leur intérêt à agir, qui relève autant d’un intérêt bien compris que d’une affirmation de leur responsabilité sociale ; elle passe enfin par des aménagements organisationnels, qui visent à structurer les relations des entreprises avec les établissements d’enseignement supérieur. À cet égard, le rapport préconise la nomination d’un correspondant recherche/université qui fasse figure d’interlocuteur unique dans chaque entreprise, voire – quand c’est possible – la création d’une fondation d’entreprise qui porte la politique de cette dernière sur les enjeux de recherche et d’enseignement supérieur et serve de « hub » aux interlocuteurs issus des universités.

Du côté des universités, la culture des établissements doit évoluer, afin d’adopter une logique concurrentielle qui se distingue, voire s’oppose à la logique administrative publique qui leur est familière. Une réflexion approfondie sur la gouvernance doit être menée en s’inspirant des réflexions du rapport Aghion, qui propose de distinguer clairement instances exécutives, en charge des enjeux stratégiques et de gestion, et instances académiques, en charge des enjeux scientifiques et d’enseignement. Une telle séparation, comme l’illustre le cas américain, offrirait une garantie de l’indépendance scientifique des établissements et préviendrait tout risque de « marchandisation » du savoir et de la recherche. Enfin, un effort de professionnalisation doit être fait dans l’exercice des levées de fonds des établissements et la logique de « due diligence » doit prévaloir dans l’affectation et la gestion de ces fonds. Les entreprises pourraient offrir leur concours aux universités pour accompagner ces transformations, dès lors que mettre en place des structures et des instruments permettant d’optimiser le choix, la gestion et le suivi des investissements constitue une zone d’expertise évidente du secteur privé.

Au-delà, le rapport souligne que si l’implication financière des entreprises semble à moyen terme déterminante pour éviter que se creuse un retard excessif entre la recherche française et celle d’autres pays développés ou émergents, son impact serait d’autant plus fort qu’il pourrait se concentrer sur un petit nombre d’établissements d’excellence, parmi ceux qui se seraient le plus engagés dans les transformations rappelées précédemment.

SOMMAIRE

RÉSUMÉ, p. 5

INTRODUCTION p. 7

1. Financement des établissements d’enseignement supérieur
et de recherche : deux exemples étrangers ...........p. 15

2 . Financement privé des universités et de la recherche : spécificités culturelles françaises ……………………………………p. 25

3. Les entreprises et le financement des universités :
une révolution culturelle ? .....................p. 31

4. Les universités et le financement privé :
la route des mille li …………………………p.35

5. Questions spécifiques …………. p.41

6. Des évolutions structurelles nécessaires …………………………p. 47

CONCLUSION .........................p. 55

LISTE DES CHEFS D’ENTREPRISE RENCONTRÉS .........p. 57

COMMENTAIRE DE VINCENT BERGER, PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ PARIS VII .........p. 58

ANNEXE 1 : Budget par étudiant des dix premières universités
selon le classement de Shanghai ..................p. 64

ANNEXE 2 : Les bonnes pratiques mises en place par les fondations
dans leurs levées de fonds......................p. 66

ANNEXE 3 : Les bonnes pratiques mises en place par les décideurs
dans leurs allocations de fonds ..............p.75

L’AUTEUR ..........................................p. 81