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Financement de l’enseignement supérieur : faut-il faire payer les étudiants ?, Éducpros, 16 septembre 2011

vendredi 16 septembre 2011, par Sylvie

Lors de son XXIIème congrès, à Lille du 8 au 11 septembre 2011, la FAGE organisait un colloque sur le financement et la démocratisation de l’université réunissant quelques acteurs de l’enseignement supérieur dont Patrick Hetzel, directeur général pour l’enseignement supérieur, Louis Vogel, président de la CPU et François Bonaccorsi, directeur du CNOUS, et deux cents élus de la FAGE. Echos des débats.

La première table ronde était consacrée au financement de l’université. La question était de savoir si dans le contexte européen actuel de hausses des frais d’inscriptions et de baisses des budgets des universités, la France allait continuer à faire exception.

Réformer pour ne pas arroser le sable

Patrick Hetzel a d’abord dressé un constat : « Avant la loi LRU, notre système d’enseignement supérieur était sous-financé par rapport à d’autres systèmes en Europe. Depuis, le budget des universités a été multiplié par 4. Seulement augmenter le financement sans engager une réforme revient à arroser le sable. Les évolutions de financement n’ont eu de sens que parce que nous avons agi sur le système. » Quand à savoir si les budgets de l’enseignement supérieur allait continuer à augmenter, Patrick Hetzel est resté prudent : « Ce qui est très clair est que l’enseignement supérieur reste une priorité. La règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux ne s’y applique pas. En revanche ce qui va se passer après 2012 est fonction du futur pouvoir politique…. »

Le faux débat de la hausse de frais d’inscription

Faut-il plus d’argent ? Pour Louis Vogel, « la réponse est clairement oui ». «  Nous n’avons pas assez d’étudiants, a souligné le président de la CPU, avec 53% d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur et un taux de diplômés dans la population active de 27% qui est l’un des plus bas des pays développés ». Quant à savoir si l’Etat doit continuer à financer, «  la réponse est encore oui, estime Louis Vogel. Avant la LRU, on était à 6.800 euros par étudiant (contre 11.000 euros au lycée et 15.000 euros en prépa). Aujourd’hui on est à 9.000 euros par étudiant. Ce n’est pas suffisant. »

Alors faut-il augmenter les frais d’inscription ? «  La CPU répond que c’est un faux débat, explique Louis Vogel. On ne peut pas toucher à un facteur sans toucher à tous les autres : aides, montants des bourses, fiscalité… Il faut aussi rappeler qu’il est rentable d’investir dans l’enseignement. C’est un choix que doit faire l’Etat et nous sommes encore très loin du compte. » Quand à trouver d’autres ressources, Louis Vogel reste dubitatif : « Ça ne se fera pas du jour au lendemain. Sans doute faut-il développer la formation continue mais nous ne sommes pas encore prêts. Quant aux fondations, il faut savoir que les fondations universitaires capitalisent au total environ 66 millions d’euros, soit l’équivalent de la seule fondation de HEC ! ».

La demi-part fiscale en question

« Nous sommes au moins d’accord sur un point avec Mr Vogel, a répondu Patrick Hetzel : il faut continuer à augmenter le nombre de diplômés. Cette augmentation des diplômés proviendra notamment de la formation tout au long de la vie qui offre des ressources supplémentaires. A l’exemple de ce qui a été mis en place à Lille 1. Cette diversification va considérablement modifier la pédagogie et impacter la formation initiale ».

Réagissant au propos de Louis Vogel et Patrick Hetzel, Julien Blanchet, secrétaire général de la FAGE, a rappelé que « la FAGE considère que l’enseignement supérieur est un bien commun et il apparait logique qu’un système fiscal y réponde. D’autre part il faut trouver des marges de manœuvres qui ne peuvent se faire ni sur les personnels, ni sur les formations dont certains sont menacées de disparaître. » Alors on la supprime la demi-part fiscale ?, a insisté un étudiant de la FAGE dans la salle. Réponse de Patrick Hetzel : « L’an passé, le ministre du budget a proposé cette mesure qui a été retirée in fine. C’est le parlement qui décide. »

Des aides sociales mais pas seulement

De quoi faire le lien avec la deuxième table ronde consacrée à la démocratisation de l’enseignement. « Un sujet qui, pour Yves Guillotin, président de l’université du Maine, « ne se réduit pas seulement un problème d’argent » : « parler de démocratisation de l’enseignement supérieur est indissociable de son financement, des différents systèmes d’aides sociales, des dispositifs fiscaux, de la pédagogie et de l’orientation. Il faudrait notamment revenir sur l’échec de l’orientation en France pour briser les mécanismes de reproduction sociale. Les étudiants qui ne sont pas issues des familles les plus favorisés sont également les moins bien informés et donc ceux qui se sentent le moins concernés par la possibilité de rentrer dans l’enseignement supérieur. On pourrait aussi parler du plan Réussite en Licence mais il est trop tôt pour faire une évaluation sérieuse de son impact. »

Pour sa part, François Bonaccorsi, directeur du CNOUS, a rappelé que « la question de la démocratisation est une constante dans toutes les politiques sur l’enseignement supérieur avec une augmentation du nombre de boursiers d’année en année et un système d’aides directes plutôt bien adapté aux étudiants qui ne répondent pas aux critères d’attributions des bourses. »

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