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Rapport de conjoncture du CNRS pour 2010

vendredi 30 septembre 2011, par Laurence

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Ce rapport annuel constitue un bilan auquel participent librement chacune des 40 sections du Comité National (voir ci-dessous, la critique non dissimulée de la politique scientifique et administrative du CNRS par la section 33 - mondes modernes et contemporains), les 4 commissions interdisciplinaires, les 8 conseils scientifiques de département (ceux-là, de manière prospective).

Les soulignements des quelques extraits (en gras) sont de SLU.

Préface

Le Comité national de la recherche scientifique a pour mission statutaire de procéder à l’analyse de la conjoncture scientifique et de ses perspectives. Ce nouveau rapport de conjoncture,
résultat d’une consultation très large des communautés scientifiques, se positionne comme un outil
de référence dans le paysage de la recherche nationale.

Il est publié à un moment charnière de l’évolution du système français de recherche et
d’innovation, à l’issue de la mise en place opérationnelle de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités et au moment de l’émergence de pôles universitaires d’excellence avec de
véritables politiques scientifiques de site dans lesquels le CNRS est fortement impliqué.

Pour construire cette dynamique de progrès, ce rapport revêt une importance accrue par
l’analyse exceptionnelle des connaissances qu’il nous propose. Développant à la fois une vision
disciplinaire et interdisciplinaire sur les grands enjeux scientifiques et sociétaux auxquels le CNRS
doit répondre, dans une perspective européenne et internationale, ce rapport contribuera utilement
aux réflexions stratégiques amorcées par les composantes de la recherche nationale.

Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cette oeuvre collective et, en premier
lieu, les membres des sections du Comité national de la recherche scientifique, des Conseils
scientifiques d’Instituts et du Conseil scientifique du CNRS.

Alain FUCHS,
Président du CNRS

Section 33

p. 621 1 – CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

Les recherches des unités de la section se concentrent sur l’évolution historique des sociétés humaines principalement durant les cinq derniers siècles. C’est pourquoi son intitulé est devenu Mondes modernes et contemporains lors de l’avant-dernière mandature. La tranche chronologique privilégiée, l’extension mondiale du périmètre des études, la prise en compte du temps actuel, l’ouverture aux méthodes et questionnements des disciplines proches, l’éventail des orientations présentes au sein de la section font que celle-ci dépasse notablement l’histoire au sens strict. Par ailleurs, les unités dont le CNRS partage ou assure la tutelle ne représentent qu’une partie, relativement réduite, de l’ensemble des équipes de recherches travaillant dans les champs qui sont les siens, même si celles-ci
ont l’ambition de jouer un rôle déterminant dans leurs domaines respectifs.

Réaliser un rapport de conjoncture solidement fondé, surtout pour un ensemble dépassant largement le seul cadre du CNRS, demanderait des moyens (en temps et en personnel) dont les sections ne disposent pas. Ce travail supposerait pour le moins que des données fiables, à commencer par celles qui concernent les unités liées au CNRS, soit fournies systématiquement par les administrations
de tutelle. Elle supposerait qu’une session au moins du Comité national soit consacrée à ce travail. Ces conditions, il est vrai, n’ont jamais été assurées par le passé.

Dans la conjoncture d’aujourd’hui, elles se seraient imposées. La redéfinition des tâches induites par la création des instituts, l’évolution des relations entre le CNRS et les universités et autres établissements du supérieur, l’émergence du réseau des MSH, la création du Conseil pour le développement des Humanités et des Sciences sociales, la mise en place de l’ANR et de l’AERES nécessitent une réflexion approfondie et la plus large possible sur les orientations de nos disciplines. Faire un rapport de conjoncture digne de ce nom impliquerait donc d’avoir une vision globale des unités de recherches (en France et à l’étranger), des réseaux structurés auxquels elles se rattachent (MSH, GDR, GIS, RTP, etc.), des personnels de divers statuts dont elles disposent (et de leur démographie), des moyens financiers mobilisés par les différentes instances concernées, des programmes en cours et des projets proposés, des appels d’offre multiples qui sont désormais lancés, à divers niveaux, des contrats obtenus, notamment avec l’ANR ou dans le cadre européen, des très nombreuses revues, publications de centres de recherches et autres supports de qualité qui offrent la possibilité de publier, des sites internet qui se développent et constituent un autre espace de communication de la recherche, sans oublier d’avoir également une vision d’ensemble d’autres acteurs ou éléments du champ : centres de documentation et d’archives, musées et autres lieux d’expositions, associations érudites ou spécialisées qui sont aussi des lieux d’intervention pour les chercheurs des domaines de la section 33. Cette observation impliquerait de plus une analyse critique du fonctionnement et des évaluations de l’AERES. Elle nécessiterait un regard critique sur la politique conduite depuis une dizaine d’années par le CNRS, comme par les universités et les établissements, au moins dans nos domaines.

Ajoutons que la capacité d’expertise de la section 33 a été singulièrement affaiblie par le nouveau système d’évaluation des unités et par la façon dont l’INSHS s’y est adapté. En effet, le regard de la section sur les laboratoires ne peut plus reposer sur la connaissance précise que permettait l’évaluation auparavant. Celle-ci se faisait collectivement, après une visite des unités concernées, sur la base des propositions de deux rapporteurs et des observations du comité de visite (dont faisait partie un élu ITA). Il est donc dans les conditions d’aujourd’hui parfaitement illusoire de demander aux sections une appréciation satisfaisante des domaines de leur ressort, alors qu’elles n’ont même plus les moyens de l’avoir sur le
périmètre qui est le leur !

Par conséquent, la section regrette que le rapport de conjoncture de cette mandature n’ait pas été, au moins, repoussé à une échéance ultérieure afin de permettre au Comité national et aux instituts – à commencer par l’INSHS – une réflexion plus approfondie sur leurs missions et leur place dans la recherche publique française et, plus largement, dans
la recherche internationale.

Dans ces conditions, le rapport n’examinera pas les orientations générales des recherches en cours, pas plus qu’il ne tentera de discerner d’éventuels domaines émergents, d’autant que le précédent rapport de conjoncture avait donné sur ces points des indications générales qui n’ont rien perdu de leur pertinence.

Le rapport tentera de faire un état des lieux de la section à partir des données imparfaites qui sont à sa disposition.

[…]

p. 626-627 La création de l’ANR et la place qu’elle prend désormais dans le financement des équipes, le développement d’autres types d’appels d’offres constituent l’une des évolutions majeures en matière de financement de la recherche ces toutes dernières années. Cette poussée des
financements sur projets se traduit dans la modification de la structure des budgets. Si elle apporte des moyens supplémentaires et souvent appréciables (signe de la qualité et du dynamisme des chercheurs de la section), elle n’en pose pas moins aux unités de redoutables problèmes : complexification de la gestion, déséquilibre accentué dans la répartition des moyens entre les équipes, concurrence entre les individus, tendances centrifuges et tensions internes affaiblissant l’indispensable
cohésion des laboratoires et la culture du collectif, effets pervers de financements « politiques » ou largement influencés par « l’air du temps », excessive variation des financements selon les périodes limitant les possibilités de mise en place de politiques à moyen terme.

Le caractère positif du financement sur projets – à condition de mettre plus de cohérence dans les dispositifs et de mieux coordonner l’action des diverses instances nationales et européennes
– ne doit pas aboutir à une diminution ou une stagnation des moyens récurrents, les seuls capables de fonder une politique d’unité et de soutenir des programmes fondamentaux
– notamment avec des ambitions internationales – dans la durée. De plus, et ce n’est pas le moindre des problèmes, la maîtrise de cette diversification des financements, d’origine et de durée diverses, les problèmes de gestion découlant de l’internationalisation des recherches,
posent la question du personnel capable de faire face à ces charges supplémentaires et
complexes
. Or les unités n’ont pas les personnels administratifs titulaires en nombre suffisant et suffisamment formés pour y faire face. La responsabilité des tutelles est engagée car il n’y aura pas de politique de recherche ambitieuse si les chercheurs n’ont pas les moyens de
gérer correctement les budgets qu’ils peuvent obtenir.
Et ce n’est pas par le recrutement de vacataires ou l’affectation de post-doctorants ou de doctorants en CDD sur ces tâches que
l’on résoudra la question.

p. 630 Ajoutons que la disparition des détachements
qui permettaient à de jeunes fonctionnaires,
enseignants du secondaire pour la plupart,
de terminer une thèse a des effets extrêmement
dommageables dans nos domaines de recherches
.

Ce vivier de chercheurs, assez particulier aux études en LSH, joue un rôle notable dans le renouvellement de leurs effectifs chercheurs, puisque nombre de ceux qui veulent s’engager dans cette voie commencent par présenter les concours de l’enseignement et ne candidatent pas forcément à une allocation. Le passage par l’enseignement secondaire continue à dominer le parcours de beaucoup de doctorants, puis de docteurs jeunes. Ignorer cette situation pour privilégier un seul modèle de recrutement, calqué sur les sciences dites « dures », conduit à affaiblir nos disciplines. Il conviendrait au contraire d’encourager l’aboutissement des
thèses des enseignants du secondaire et de leur donner la possibilité de se lier mieux à la vie des laboratoires. Le retour au dispositif des détachements devrait être un objectif de l’INSHS. L’irrigation scientifique du monde de l’enseignement secondaire (et au-delà) et la vitalité de pans entiers de la recherche en histoire moderne et contemporaine en dépendent pour une large part.

p. 631 : En 2009, on comptait 43 chercheurs ayant dépassé les 60 ans, soit 21% de l’effectif (dont 21 nés en 1946 ou 1947). Au total, à peu près de 40% des chercheurs avaient atteint ou dépassé les 55 ans. Entre temps, une demi-douzaine est déjà partie à la retraite, rendant notre évaluation des effectifs par laboratoire obsolète. Cela se passe de commentaires. Nous avons déjà signalé que l’avenir était obéré, voire compromis dans certains cas. La projection 2006-2015, effectuée lors de la mandature précédente, avait conclu à la nécessité de recruter 7 à 8 chercheurs par an pour maintenir les effectifs...

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