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Le cahier de doléances des professeurs d’histoire, Lemonde.fr, Maryline Baumard, le 27 janvier 2012

samedi 28 janvier 2012, par Alain

Si le Jeu de Paume avait été libre, à coup sûr, ils auraient fomenté un nouveau 1789 ! Samedi 28 janvier, les enseignants d’histoire-géographie montent vers la capitale, cahiers de doléances sous le bras. Ils réunissent au lycée Louis-le-Grand leurs états généraux. La colère gronde dans les salles de profs. Le tiers-état de l’enseignement est en souffrance. En colère aussi contre la Rue de Grenelle qui a transformé leur matière en une vulgaire option.

Avant la réforme du lycée de 2010, les lycéens avaient tous l’épreuve d’histoire-géographie en terminale. Depuis la mise en place de la réforme Darcos-Chatel, les lycéens scientifiques passent l’épreuve en fin de 1re et la discipline devient facultative en terminale. Or la gente enseignante digère mal que la future élite de la nation ne soit pas nourrie une année de plus aux humanités.

Mauvais moral

Comme la profession s’y connaît en stratégies pour avoir étudié celles des autres, elle a changé son fusil d’épaule et mis entre parenthèses la restauration de la discipline à sa place d’antan. En revanche, ses cahiers de doléances sont pleins de fortes critiques sur les programmes que sont en train d’ingurgiter les élèves des classes de 1re scientifique, ceux qui vont passer le bac histoire dans quelques mois.

Hubert Tison, le patron de l’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG) et grand organisateur de ces états généraux, estime longue la liste des plaintes sur le sujet et très bas le moral des troupes.

La synthèse d’un questionnaire que l’association a fait passer à ses 7 500 adhérents conclut à "des collègues démoralisés et angoissés devant l’épreuve du bac", tant "ces programmes manquent de sens pour les élèves". Et si hier le Tiers-Etat pleurait d’être écrasé par les redevances, à l’heure de la défiscalisation des heures supplémentaires d’enseignement, c’est un haro sur le nombre de chapitres qui pourrait monter des travées de l’assemblée. Trop long, trop lourd le programme de 1re ! "Les élèves ont 15 à 17 heures pour apprendre "La guerre au XXe siècle", soit les deux guerres mondiales, la guerre froide, la guerre du Golfe et les conflits des Balkans. C’est hallucinant. Ces programmes proposent une sorte de zapping, où il faudrait avoir vu un ensemble de choses qui sont incontournables. Mais, comme il faut les avoir toutes vues, forcément, elles perdent leur sens : en tout cas leur sens historique", déplore Xavier Delbèque, professeur à Caen.

Au lieu de travailler sur un programme chronologique, les élèves virevoltent d’une thématique à une autre. "A cause de cette organisation, certains étudient la seconde guerre sans avoir vu les totalitarismes", peste Hubert Tison.

Cette assemblée ne devrait pas se quitter sans avoir répondu à la question de la place de l’histoire-géographie dans la formation du citoyen, où tranché sur les notions essentielles à enseigner. Autant de sujets qui auraient peut-être dû précéder l’élaboration des programmes... Mais, c’est bien là la preuve que l’approche chronologique ne fait pas défaut qu’aux élèves.

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