Accueil > Évaluation / Bibliométrie / Primes > Lettre ouverte de Jérome Valluy aux membres de la Commission Permanente du (...)

Lettre ouverte de Jérome Valluy aux membres de la Commission Permanente du CNU sur l’évaluation

mardi 20 mars 2012

Chers collègues,

Vous vous réunirez ce mercredi 21 mars 2012 sur un ordre du jour qui comporte pour l’après-midi l’examen du "Rapport du groupe de travail - Évaluation". Ce rapport est supposé refléter le plus honnêtement possible les positions exprimées, sous formes de motions, en sections du CNU. La compilation des motions vous est connue et elle l’est aussi, à cette heure, d’une large partie des enseignants-chercheurs partout en France (cf. : http://dl.free.fr/oIdo1nuNF) qui se sont exprimés massivement à ce sujet en 2009.

Deux projets de "synthèse" de ces motions vous ont été envoyés. Ils émanent du "Groupe de travail - Évaluation" :
- le premier est une trahison pure et simple de ce qu’ont exprimé les enseignants-chercheurs lors du mouvement de 2009 et depuis de manière constante ;
- le second, bien que plus honnête à l’égard des positions exprimées en sections, comporte un choix contestable : celui d’ouvrir à cette date une discussion sur la mise en œuvre de l’évaluation.

Sur les 41 motions que vous avez reçues, dix d’entre elles (section n°4,10,11,13,14,15,19,25,26,72) n’envisagent aucune négociation de mise en œuvre : or aucun texte proposé au vote de l’assemblée générale ne reflète cette position. En outre, les deux textes proposés ne reflètent pas non plus les 31 autres puisque celles-ci, dans leur très grande majorité, expriment d’abord et avant tout le refus de cette évaluation quadriennale... ce qui implique de ne pas d’entrer en négociation avant d’y être contraint.

Ces deux textes se présentent comme une alternative politique... mais celle-ci est factice, puisque les deux amorcent le même débat de mise en œuvre. Or en cas d’alternance, le 6 mai prochain, nous pouvons faire annuler le décret de 2009. Aussi serait-il stupide que la CP-CNU, par un vote après-demain, accepte implicitement le principe de ce dispositif que les enseignants-chercheurs rejettent depuis trois ans. Cela ne pourra qu’affaiblir nos chances d’atteindre nos objectifs dans les prochains mois auprès d’un nouveau gouvernement.

En votant un texte acceptant implicitement le dispositif de l’évaluation quadriennale, par discussion ou cadrage de ces conditions d’acceptabilité, non seulement vous tournerez le dos à tous les collègues qui ont mené en 2009, contre ce dispositif, la plus longue mobilisation universitaire depuis un demi siècle (http://universitesenlutte.wordpress.com) mais vous avaliserez de manière sidérante la volonté d’un ministère particulièrement contesté alors même qu’il n’a plus qu’un mois et demi à vivre. En faisant cela vous porteriez alors seuls l’entière responsabilité de la mise en place de cette évaluation quadriennale que subiront vos collègues ensuite.

A l’inverse, vous pouvez limiter la séance de mercredi 21 mars à une discussion générale, demander au "Groupe de travail - Évaluation" de réexaminer les motions adoptées en sections en lui donnant des consignes précises et fixer une prochaine délibération... au 7 mai prochain, par exemple. En repoussant à cette date l’adoption finale du texte de synthèse vous n’affecterez pas le calendrier global de la consultation puisque les débats de sections sur ce texte peuvent avoir lieu au mois de mai (certains sont déjà programmés). Les 68000 enseignants-chercheurs qui attentent votre verdict, vous seront certainement très reconnaissants d’opter pour cette solution.

Bien cordialement,

Jérôme Valluy

Pour l’intervention de J. Valluy au séminaire "Politique des sciences" en mai 2011, voir : http://pds.hypotheses.org/1290

—