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Louis Vogel, président de la CPU : « Quatre urgences pour les universités » - Les échos.fr, Jean-Claude Lewandowski, 11 septembre 2012

jeudi 13 septembre 2012, par Mariannick

Boucler le budget 2012, obtenir des moyens suffisants pour 2013, organiser au mieux les Assises de l’enseignement supérieur, et enfin améliorer les conditions de vie des étudiants : tels sont les principaux sujets de préoccupation pour la rentrée universitaire, selon le président de la Conférence des présidents d’université (CPU).

La CPU vient d’organiser son séminaire de rentrée. Dans quel état d’esprit aborde-t-elle cette période ?

Nous sommes très inquiets. Certes, je me réjouis de l’adoption de certaines mesures qui ont été annoncées avant l’été, comme la confirmation du financement du dixième mois de bourses. Mais la grande question pour les universités, aujourd’hui, est celle des moyens financiers -d’abord pour finir l’année 2012, ensuite pour 2013. Autrement dit, comment tenir jusqu’en décembre, et après ? Nous avons eu plusieurs échanges avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les nouveaux responsables découvrent l’ampleur des impasses budgétaires. Tout cela fait peser de sérieuses inquiétudes sur les engagements de l’Etat à l’égard des universités.
Vont-ils être tenus ?

Le président de la République a affiché à maintes reprises sa volonté de donner la priorité à l’éducation et à la jeunesse. Ce serait un très mauvais signal que les crédits des universités en 2013 soient en baisse -et que le budget de 2012 ne soit pas convenablement exécuté. Si l’Etat ne tient pas ses engagements, nous allons au-devant de sérieux problèmes pour le fonctionnement de nos établissements. Mais cela provoquera aussi une immense déception, qui risquerait de réduire les Assises à un simulacre pour amuser la communauté universitaire, sans aucune perspective ni crédibilité sur la volonté du gouvernement et du président de la République d’engager une politique ambitieuse pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Pourquoi y a-t-il un problème pour boucler l’année 2012 ?

Le gouvernement nous avait promis un « dégel » des crédits qui avaient été attribués, mais temporairement bloqués. Ce dégel aura-t-il réellement lieu ? Nous attendions environ 70 millions d’euros. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas là de moyens supplémentaires, mais de crédits qui nous avaient été promis, votés par le Parlement, et sur lesquels nous comptions. A cela s’ajoute la question du juste calcul de la masse salariale : en prenant en compte la progression de carrière -ce qu’on appelle le GVT (pour « glissement vieillissement technicité », NDLR) -cela représente environ 40 millions supplémentaires, sur lesquels nous n’avons pas d’information précise. Au total, donc, cela fait 110 millions. Ce n’est pas énorme pour le budget de l’Etat, mais c’est vital pour les universités. C’est une première urgence.

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Dans ce contexte, comment se présentent les Assises de l’enseignement supérieur ?

Organiser la concertation, associer l’ensemble des acteurs à la réflexion sur les évolutions nécessaires de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est une très bonne chose. Mais, en l’état actuel de nos informations sur leur organisation, en particulier territoriale, ces Assises ne laissent pas une place suffisante aux universités et à leurs représentants, notamment les présidents. Le calendrier, en outre, est trop resserré : pour corriger certains aspects de la loi LRU, le gouvernement souhaite faire voter une loi au premier semestre de 2013. Ce qui nous conduit à boucler les Assises vers janvier ou février. Cela nous semble bien trop tôt. Il faut bien souligner que la réforme et l’ambition que nous avons pour les universités ne passent pas que par la loi et ne se résument pas à quelques mesures législatives, même si des adaptations sont nécessaires.

La CPU doit non seulement proposer les cadres législatifs et réglementaires adaptés aux besoins, mais les présidents d’université ont à conduire, au quotidien et sur la durée, les évolutions de nos établissements. Il leur faut répondre aux attentes des différents acteurs de la communauté universitaire, de nos personnels, de nos étudiants, de leurs familles, des chercheurs et des organismes de recherche qui sont nos partenaires naturels. Ils doivent être attentifs aux souhaits et aux besoins des territoires dans lesquels nos universités sont inscrites, des collectivités territoriales, des entreprises, des acteurs socio-économiques. Nous devons relever les défis de la mondialisation de la société de la connaissance, qui conduit à la fois à une coopération et une compétition internationales accrues entre les universités de l’Europe et du monde. Pour organiser les concertations nécessaires et élaborer des propositions concrètes, il nous faudrait un ou deux mois de plus. Ce ne serait pas exagéré. Cela nous mènerait en mars ou avril pour la fin des Assises.

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