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Séisme de l’Aquila en Italie : les condamnations qui dérangent - Jean-Marie Decorse, La Dépêche, 24 octobre 2012

jeudi 25 octobre 2012, par Mariannick

La justice italienne a condamné six géophysiciens pour homicide par imprudence. On les accuse d’avoir sous-estimé les risques avant le séisme de l’Aquila, en 2009. Des démissions en cascade sont attendues.

La décision du tribunal de l’Aquila est tombée comme un couperet, provoquant un véritable émoi dans la communauté scientifique italienne et étrangère. Les juges des Abruzzes ont condamné six géophysiciens et un responsable de la Protection civile à six ans de prison pour « homicide par imprudence ». Leur tort ? Avoir sous-estimé les dangers avant le séisme meurtrier de l’Aquila en 2009 alors qu’ils siégeaient au sein d’une Commission « grands risques » chargée de l’évaluation des conséquences sur la population.

Ladite commission composée d’experts des séismes et du sous-directeur de la Protection civile s’était réunie à L’Aquila six jours avant le séisme, mais il n’en était ressorti aucune mesure particulière de précaution. La Protection civile avait déclaré que l’activité sismique de la région ne présentait aucun danger. Mais quelques jours après, ce séisme provoquait la mort de 300 personnes et faisait des milliers de sans-abri.

La justice a aussi condamné les scientifiques à l’interdiction d’exercer un emploi public. Et ils devront verser 9 millions d’euros de dommages-intérêts aux parties civiles.

Ce jugement a fait le tour de la planète, entraînant de vives réactions chez les chercheurs. Les scientifiques français peuvent-ils être exposés demain à des responsabilités pénales dès l’instant où la justice les commet comme experts pour une meilleure appréhension des grands risques naturels ? La question vaut d’être posée. Imagine-t-on ainsi que Météo France puisse être attaquée pénalement au motif qu’elle n’avait pas prévu l’intensité de la tempête de décembre 1999 ?

La prévision ne relève pas des sciences exactes. « Nous n’avons pas la science infuse. Nous ne détenons pas la vérité. Restons d’abord des scientifiques honnêtes », souligne Jacques-Marie Bardintzeff. Pour le volcanologue, « on a parfois 48 heures pour se retourner quand on assiste impuissant à la poussée du magma qui arrive des profondeurs d’un volcan. Mais, en sismologie, il n’y a aucun signe avant-coureur à la fois précis et impartial. Pour l’instant, on n’a jamais pu prévoir un tremblement de terre… » Même si des méthodes se dessinent peu à peu mais sans fiabilité réelle. Peut-être un jour.
Démissions en cascade ?

Le président de la commission italienne « grands risques » a démissionné de son poste, hier, pour protester contre la condamnation de ses collègues. Physicien de renom (il fut directeur du CERN à Genève de 1999 à 2003), Luciano Maiani a affirmé que d’autres responsables de la commission s’apprêtaient à démissionner à leur tour, se trouvant dans l’impossibilité de travailler avec sérénité et de soumettre un avis hautement spécialisé à l’État, dans des conditions aussi « complexes ».

Mathieu Sylvander, sismologue à l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP)
« La sismologie n’est pas une science exacte »

Six ans de prison à l’encontre de scientifiques. Ce jugement est-il acceptable ?

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Terremoto L’Aquila, scienziati divisi sulla sentenza contro la Grandi rischi

Per alcuni esperti americani e giapponesi si tratta di una decisione "pericolosa". Ma per Scientific american "il giudizio non è sugli studi o sulla previsione, ma sulla comunicazione"

La decisione del giudice dell’Aquila ha lasciato meravigliati gli scienziati svizzeri e molte voci si sono alzate per difendere gli esperti che avrebbero agito secondo i principi scientifici. "In una situazione simile, non mi sarei comportato diversamente dai miei colleghi italiani", ha dichiarato oggi in un’intervista all’Ats Stefan Wiemer, direttore del Servizio sismico svizzero (SED). A suo avviso, è poco comprensibile che gli esperti italiani siano stati giudicati sulla maniera in cui hanno informato dei rischi. "In futuro dovremo comunicare con maggiore prudenza".