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Université de Strasbourg : le président à la merci des étudiants - Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde, 30 novembre 2012

vendredi 30 novembre 2012, par Mademoiselle de Scudéry

Alain Beretz, président de l’université de Strasbourg depuis 2008, et qui postule à sa succession, est en grande difficulté. Les quatre collèges de l’établissement se sont prononcés entre le 22 et le 28 novembre. Et, parmi les 22 nouveaux administrateurs élus, M. Beretz ne dispose pas d’une majorité. Pionnier de l’autonomie, le président de Strasbourg est emblématique. Son sort ne laisse donc pas indifférent.

Sa liste a obtenu 6 des 7 sièges du collège A (professeurs). L’opposition, qui présente une liste intersyndicale, a, elle, obtenu 6 des 7 sièges du collège B (maîtres de conférence). L’égalité est donc parfaite. Le mode de scrutin, mis en place par la loi LRU - Loi relative aux libertés et responsabilités des universités, votée en août 2007 -, est pour beaucoup dans cette embarrassante situation : la liste arrivée en tête, fût-ce de quelques voix, bénéficie d’une très forte prime.

Le collège des personnels administratifs ne compte que trois sièges et c’est donc celui des étudiants, avec cinq sièges, qui se retrouvera, lors du premier conseil d’administration, le 18 décembre, en position d’arbitre.

Un débat pour départager les deux camps

L’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges), membre de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), a raflé quatre des cinq sièges. L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) n’a qu’un poste, et sa voix devrait se porter sur le candidat d’opposition, contre M. Beretz. L’incertitude persiste, en revanche, sur les intentions de l’Afges : « Ce qui importe, c’est le projet. Nous organisons, le 11 décembre prochain, un débat pour entendre les deux camps et nous nous déterminerons ensuite », explique Thibaut Klein, son président. « Nous serons d’abord attentifs à ce que les difficultés budgétaires que connaît l’université ne pèsent pas sur les moyens alloués à la formation et à la recherche et nous souhaitons que chaque unité d’enseignement dispose de plus d’autonomie dans l’organisation et le contrôle des connaissances. Notre souhait c’est aussi de développer des cursus transversaux avec une discipline majeure et une mineure », poursuit-il. l’UNEF insiste sur le maintien des examens de rattrapage à l’heure où l’université s’apprête à passer au contrôle continu intégral pour le plupart des formations.

Un budget sous contrainte

Cette élection est observée de près par la communauté universitaire car Alain Beretz fut l’un des premiers à solliciter l’autonomie de son université, dès 2009, et à fusionner trois établissements en un. L’Université de Strasbourg ainsi rassemblée a, depuis, remporté une quarantaine d’appels d’offres de recherche, de Laboratoires et d’Initiatives d’Excellence (Labex et Idex). En 2011, le prix Nobel de physiologie et médecine a été attribué à l’un de ses chercheurs, Jules Hoffmann. En dépit de ce bilan, l’établissement est contraint à des économies : « Je n’ai pas caché les difficultés financières et les efforts à fournir, ce qui peut expliquer un vote peu favorable pour moi », analyse M. Beretz, « mais j’ai joué la transparence et déjà commencé à assainir les finances. Mon programme est donc clair et passe par la réduction des frais de fonctionnement ». Face à lui, l’opposition intersyndicale, liste dite « d’ouverture » avec un tiers de personnes non encartées réunies sous la bannière « responsabilité, démocratie, collégialité » conteste les coupes budgétaires proposées notamment sur les heures d’enseignement, et n’a pas encore désigné son candidat. Ce sera fait le 4 ou 5 décembre prochains. « Nous souhaitons présenter une équipe, pas une personne seule », explique Pascal Maillard, du Snesup-FSU.

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