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"Chez les profs, « les heures sup’ plombent l’ambiance »"

par Marie Piquemal, "Libération" du 4 septembre 2008

vendredi 5 septembre 2008, par Laurence

Pour lire le texte sur le site de "LIbération"

Bisbilles ou grosses disputes. Dans les salles de prof, les heures sup’ sèment la zizanie. « Il y a deux camps : ceux qui acceptent de jouer le jeu du gouvernement et les autres qui résistent. Comme ils peuvent » résume Hélène, prof de Français dans l’académie de Créteil.
Plus que jamais cette année, les enseignants sont incités à « travailler plus pour gagner plus ». Dans sa dernière réforme, Xavier Darcos, le ministre de l’Education, a revalorisé les heures sup : 35,40 euros pour la première heure en plus, 29,5 pour les suivantes (valables pour les titulaires du CAPES, c’est un peu plus pour les agrégés). Petit bonus : une prime de 500 euros pour récompenser les profs du second degré réalisant au moins trois heures supplémentaires chaque semaine.

Méthode incitative ou coercitive ?

« En théorie, on peut seulement nous imposer une heure supplémentaire par semaine. Pour le reste, on est censé avoir le choix… » explique Martine, prof de sport dans l’académie de Créteil. « Mais, dans les faits, on nous met la pression pour qu’on en fasse plus. Si on accepte des heures en plus, on est bien vu par le chef d’établissement… Et on plus de chances d’avoir un bon emploi du temps ou les classes les plus faciles ! » avoue une autre enseignante.

Elle préfère garder l’anonymat, histoire de ne pas aggraver les tensions avec ses collègues. « Ces heures sup’, ça plombe l’ambiance entre collègues. Vous comprenez, ceux qui acceptent sont montrés du doigt car ils participent à la précarisation du système. »

« Des situations aberrantes »

Grands perdants de ces heures sup, les TZR (Titulaire de zone de remplacement), ces profs titulaires remplaçants affectés chaque année dans un nouvel établissement en fonction des besoins. Mardi, le jour de la rentrée, certains ont eu une mauvaise surprise : « au lieu d’être dans un seul établissement, je vais devoir enseigner dans 4 collèges différents » témoigne, écœurée, Magali, 28 ans.

Pour elle, l’explication est toute simple. Tenus d’utiliser un contingent d’heures supplémentaires, les chefs d’établissement ont dû ruser… « En remplaçant par exemple un temps complet par un temps partiel de 10 heures. II suffit ensuite de dispatcher les heures restantes entre les profs consentants ».

« On en arrive à des situations complètement aberrantes » s’énerve Valérie Sultan, secrétaire académique au SNES de Créteil prenant l’exemple de ce prof de physique-chimie forcé de faire plus de 6 heures de trajet par jour pour enseigner dans quatre établissements différents ! « A côté de ça, un collègue a réussi à amasser 13 heures de cours supplémentaires. C’est sûr, il va gagner plus. Au sacrifice de ses élèves. Dommage. »