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Deux billets d’H. Audier sur le débat parlementaire concernant le projet de loi sur l’ESR : "Sénateurs « de gauche » : Berson, Percheron, Plancade. A qui le tour d’horreur ?", "AERES : La lettre de Rémi Mosseri aux parlementaires", Le Blog d’Henri Audier, 11 juin 2013

dimanche 16 juin 2013

Sénateurs « de gauche » : Berson, Percheron, Plancade. A qui le tour d’horreur ? 11, juin 2013

La discussion sur l’évaluation et l’AERES qui va débuter au Sénat, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur l’ES-R, n’est pas sans poser de nombreux problèmes tant dans l’organisation des débats qu’en raison de déclarations scandaleuses, émanant notamment de trois élus socialistes ou PRG. Sur l’organisation des débats, nous y reviendrons, mais une question centrale se pose : comment se fait-il que la commission ait entendu le responsable de l’AERES sans que puissent lui répondre – et du même coup éclairer les sénateurs pas très au fait du dossier – les syndicats les plus représentatifs des chercheurs et des enseignants chercheurs (SNCS et SNESUP-FSU) et/ou les instances représentatives des scientifiques, la CPCN (Conférence des présidents de section du Comité national de la recherche scientifique) et la CPCNU (Conférence des présidents de sections du CNU) ?

S’agissant des déclarations de certains élus « de gauche », Michel Berson (apparenté PS), Daniel Percheron (PS) et Jean-Pierre Plancade (PRG), le problème n’est pas tant qu’ils aient défendu l’AERES mais qu’ils l’aient fait dans des termes qui montrent qu’ils sont très loin de connaître l’ensemble du dossier. A notre connaissance, pour parfaire leur opinion, ils n’ont d’ailleurs jamais éprouvé le besoin de rencontrer ni un seul syndicat ni la CPCN ou la CPCNU.

Le cas de Daniel Percheron est étonnant. Ses déclarations sont correctes et documentées quand il parle de ce qu’il connaît : « Cette loi ne sera pas une grande loi. Elle ne corrigera pas le scandale de l’équité des territoires pour l’université et la recherche. (…) 20 milliards d’euros consacrés aux investissements d’avenir, ont été attribués d’une manière confidentielle, avec l’alibi d’un jury indépendant. Ces crédits ont déséquilibré de manière peut-être irréversible les efforts de recherche sur notre territoire. »

Par contre quand il affirme « L’AERES a cent fois raison car son travail nous a donné à nous, élus, des clés et des perspectives irremplaçables. L’AERES est indispensable et l’idée de la remplacer est une plaisanterie », il montre sa méconnaissance. Car il semble comprendre qu’on voudrait supprimer l’évaluation alors que, bien entendu, c’est cette institution, l’AERES, qui dévoie l’évaluation et tord le travail scientifique qui est en cause, et non le fait de procéder à l’évaluation des établissements.

Michel Berson est un récidiviste. Il s’est illustré d’abord par un rapport sénatorial apportant un soutien total au CIR (avec quelques inflexions marginales), sans avoir tenu compte, et sans doute sans avoir même lu, les critiques sur cette niche fiscale, très onéreuse et sans effet. Avant même de prendre ses fonctions de membre du conseil de l’AERES (désigné sur proposition du président du Sénat), il écrivait dans Le Monde du 13 décembre : « l’enjeu essentiel lié à l’existence de l’Aeres : la qualité et la performance de notre système de recherche et d’enseignement supérieur. »

Jean-Pierre Plancade est notre préféré. Il n’y va pas par quatre chemins : « Je souhaite insister sur le sujet de l’AERES dont je regrette vivement le sort dans ce projet de loi (…). Je crois que M. Houssin [le responsable de l’AERES] est victime de son succès, de sa rigueur et de son indépendance d’esprit. C’est insupportable intellectuellement car il s’agit d’une élite qui refuse le contrôle extérieur. On reste pantois devant ce corporatisme porté à un si haut niveau intellectuel. Je souhaite dire que le rapport de l’Académie des sciences sur l’AERES est un vrai scandale. Nous avons auditionné, avec Dominique Gillot, son vice-président, qui n’a même pas su nous dire sur quoi étaient fondées de telles critiques.... »

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AERES : La lettre de Rémi Mosseri aux parlementaires, 13 juin 2013

Provocation ? Inconscience totale des retombées politiques ? Refus des conclusions des Assises ? Mais à la liste des sénateurs de gauche boiteux, il faut rajouter Dominique Gillot, rapporteur de la loi au Sénat, qui a décidé de déposer un amendement contre la suppression de l’AERES. Mon ami Rémi Mosseri a été membre du Comité de pilotage des Assises. Dans le style qui est le sien, marqué par sa volonté d’expliquer, il a écrit une lettre pour qu’elle soit diffusée aux parlementaires que vous connaissez. Elle est ci-dessous et Rémi est donc d’accord pour que chacun la diffuse. Alors, allez-y !

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Evaluation dans l’enseignement supérieur et la recherche : lettre aux parlementaires

12 juin 2013

Résumé

"Réclamé très largement par la communauté scientifique, promis par le Président de la République, mis au menu des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) par la Ministre, un large débat sur l’évaluation a eu lieu pendant plusieurs mois, tant sur ses principes que ses modalités. Il s’est traduit, non par un choix difficile entre des positions éloignées, mais par l’élaboration de propositions de compromis, qui doivent permettre d’améliorer sensiblement la pratique de l’évaluation. Ce travail a été poursuivi, traduit en propositions par M. le député Le Déaut, puis dans le texte de loi voté une première fois au Parlement. Pour répondre à certaines inquiétudes, il reste certainement des choses importantes à préciser au stade des décrets ; mais l’esprit du texte, relativement à l’évaluation, va dans le sens du mouvement de convergence opéré pendant les Assises. Par contre, un retour à la case AERES, apparemment défendu par certains parlementaires de la majorité, ne répondrait pas, tout autant aux nécessités d’une évaluation qui remplisse l’ensemble de ses objectifs qu’à l’effort plus général de construire un paysage apaisé pour l’enseignement supérieur et la recherche."

Développement

"Le projet de loi en cours d’examen a été précédé d’un long processus de consultations et de débats dont la première partie, les Assises nationales de l’ESR, lancées en juillet 2012 par la Ministre, se sont conclues en décembre 2012 par la remise d’un rapport au Président de la République, par le rapporteur des Assises assisté du comité de pilotage (Copil). Ce rapport, adopté à l’unanimité par les membres du comité, a rassemblé un grand nombre de propositions qui exprimaient tout autant des positions consensuelles exprimées pendant le débat, que des constructions de compromis dans les nombreux cas où des positions divergentes s’étaient exprimées (ce qui est le cas sur l’évaluation).

L’objet de la présente lettre aux parlementaires est de préciser quelques points concernant l’évaluation, car la lecture de certaines des positions récemment exprimées sur cette question est de nature à inquiéter celles et ceux qui ont suivi de près cette question...."

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