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Entre tensions et conflits à l’université Paris 1 : quelle stratégie face à la pénurie ? - Camille Stromboni, Educpros, 26 août 2013
mercredi 28 août 2013, par
La rentrée 2013 pourrait être tendue à l’université Paris 1. Le mastodonte Panthéon-Sorbonne a en effet vécu une période difficile avant les vacances d’été, entre tensions sociales dans l’administration et conflits autour de la réduction du coût de l’offre de formation. En situation budgétaire critique, après trois déficits, l’université débute une année cruciale.
"Je fais confiance à l’esprit de responsabilité de tous. Nous allons mettre en place la nouvelle offre de formation et republier les postes", prévoit le président de l’université Paris 1, Philippe Boutry. La rentrée promise par l’UNEF s’annonce sous d’autres auspices : le syndicat espère mobiliser les étudiants contre les réductions de l’offre de formation, en parallèle d’une action en référé contre la présidence de l’université… Ambiance.
Que s’est-il passé à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ? Les chassés-croisés de communiqués des syndicats et de la présidence, plus qu’incisifs, ont rythmé le début de l’été 2013. Au cœur des préoccupations : l’adoption d’un plan de rigueur pour remettre l’université à flot. Objectif visé : réduire de 10 % le coût de l’offre de formation.
- Du gel de postes à la réduction de l’offre de formation
L’établissement est en effet déficitaire depuis trois ans (2,7 millions de déficit comptable en 2012, 4,5 millions de déficit structurel environ). "Nous sommes donc sous tutelle rectorale, résume Philippe Boutry. Si nous étions dans le privé, nous serions en faillite et si nous ne mettons pas en place des mesures au plus vite, nous ne savons pas si nous pourrons payer les salaires de nos personnels en décembre", s’alarme-t-il.
Résultat : l’historien, arrivé à la tête de l’établissement en mai 2012, a tout d’abord gelé une partie des postes à pourvoir (23 sur 50). "Rééchelonné et non pas gelé, tient-il à rectifier. Étant donné que ces postes sont republiés dès cette année. Nous avons pu, avec cette mesure d’urgence, économiser 1,5 million d’euros, avant de lancer une véritable politique de retour à l’équilibre."
S’est ensuite engagé un dialogue avec les composantes début 2013, qui ont chacune préparé un plan de réduction du coût de leur offre de formation. "L’objectif de réduction de 10 %, soit 30.000 heures de moins, nous paraissait inacceptable, estime le représentant de l’Unef et élu au conseil d’administration, Émilien Martin. Mais nous avons tout de même été dans une démarche de discussion tout au long du processus."
Les plans des composantes ont été présentés dans les conseils centraux à la fin du printemps 2013, après avoir été validés au sein des conseils d’UFR. Ouvrant ainsi les vannes du conflit.
« Si nous étions dans le privé, nous serions en faillite » (Ph. Boutry)
- Mutualisations et fermetures : les plans des composantes
Quelles économies les UFR ont-elles prévues ? Mutualisations d’enseignements, fermetures de cours à petits effectifs (moins de 8 à 10 étudiants), diminution du volume horaire de certains cours magistraux (de 39 h à 36 h par semestre)… "Pour nous, la ligne rouge a été dépassée, déplore l’élu UNEF. Trois UFR (droit, économie et gestion) ont demandé à diminuer leurs capacités d’accueil en L1, ce qui est totalement à rebours de la démocratisation que nous défendons."
Une version démentie par le président Boutry. "Nous demandons simplement que nos capacités d’accueil soient respectées, ce qui n’est pas le cas actuellement. Elles sont chaque année dépassées avec les étudiants que le rectorat nous affecte en plus courant septembre", insiste-t-il.
L’interdisciplinarité menacée ?
Autres motifs d’opposition : la suppression des séminaires de moins de 10 étudiants et "les attaques contre la pluridisciplinarité", marque de fabrique de Panthéon-Sorbonne. "Certaines composantes, comme la géographie ou l’histoire de l’art, avaient prévu d’arrêter de dispenser des TD dans les autres UFR, et de prendre à la place ces étudiants de L1 en cours magistraux. Ce qui constitue un vrai retour en arrière", dénonce Émilien Martin.
"Je ne peux pas vous dire que l’offre sera égale, évidemment, elle est diminuée, concède Philippe Boutry, mais l’interdisciplinarité n’est absolument pas menacée. Certains masters mutualisent simplement des cours de langues, ou bien des options. Au lieu d’avoir une option "droit" pour les historiens, une autre pour les géographes et une troisième pour les économistes, ce sera désormais la même." "Je pense que notre attractivité et notre diversité sont préservées", estime également Sylvie Pittia, professeur membre du conseil scientifique et élue Snesup. Les enseignants-chercheurs de deux UFR (économie et géographie) ont néanmoins voté des motions d’opposition face à ces plans.
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