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Le climat de la rentrée universitaire s’assombrit - Les Echos, Marie-Christine Corbier, 25 septembre 2013

jeudi 26 septembre 2013, par Elisabeth Báthory

La situation budgétaire des universités est « stabilisée », selon la ministre.
Les syndicats, Unef et Snesup en tête, s’inquiètent du manque de moyens.

Les avis sont partagés, voire diamétralement opposés sur l’état financier des universités. A l’heure où les étudiants font leur rentrée, la ministre de l’Enseignement supérieur entend rassurer. Mais le premier syndicat du secteur, le Snesup, ironise sur son discours « lénifiant » et la première organisation étudiante, l’Unef, s’apprête déjà à mobiliser sur le sujet. « La situation est stabilisée, même s’il reste quelques cas difficiles », affirme Geneviève Fioraso. Selon la ministre, 15 universités sur 76 devraient être en déficit cette année - contre 17 en 2012. Parmi celles-ci, trois risquent de connaître une situation critique cette année - le verdict ne sera connu qu’en juin 2014 -, à savoir Montpellier 3, Marne la Vallée et Le Mans. Contre quatre l’année précédente (Paris 1, Paris 6, Paris 13 et Evry).

L’état du fonds de roulement des universités, autre thermomètre financier, est-il inquiétant ? Elles sont 38 à disposer d’un fonds de moins de 30 jours, considéré jusqu’ici comme le seuil de sécurité. Et cette situation « se dégrade », admet un conseiller. Mais, pour la ministre, ce seuil pourrait être réduit à 15 jours. Dans ce cas, « on n’a pas d’évolution vraiment inquiétante », poursuit-elle.

La création de 1.000 postes (5.000 sur le quinquennat) a permis d’apaiser certaines inquiétudes et « d’éponger le déficit de certaines universités », avance Franck Loureiro, du SGEN-CFDT. Du coup, certaines se portent mieux que l’an dernier, comme Angers, Le Havre, Nantes, Pau ou Perpignan, avance-t-il. Mais l’argent des postes sert de fait à autre chose, proteste Marc Neveu, co-secrétaire général du Snesup-FSU, le principal syndicat de l’enseignement supérieur : « On gèle des postes pour… ne pas se geler l’hiver, autrement dit pour payer le chauffage ou autre », ironise-t-il. Il s’inquiète de l’enquête du Snesup réalisée auprès des présidents d’université, qui annoncent « 400 gels de postes supplémentaires » cette année. L’argument du gel des postes agace Geneviève Fioraso : « Les présidents d’université, par prudence, peuvent geler des postes dans un premier temps et les dégeler au cours de l’année. Cela s’est toujours pratiqué ! ».

Mobilisation étudiante

Le discours sur le manque de moyens irrite, au cabinet de la ministre. Où l’on rappelle que les 5.000 emplois prévus sur le quinquennat représentent un investissement de 300 millions d’euros ; que la nouvelle loi de juillet permet de faire « des regroupements et donc des mutualisations permettant de dégager des marges de manoeuvre » ; que « le redémarrage de l’immobilier avec les opérations Campus libère des locations souvent coûteuses pour les universités ». Un proche de Geneviève Fioraso résume : « Si les universités se débrouillent bien, elles peuvent faire des économies. Les moyens sont là, même si ce n’est pas le plan d’investissement exceptionnel dont rêveraient certains, un plan qui n’est par ailleurs pas nécessaire. »

A l’Unef, au contraire, on s’inquiète. Le syndicat s’apprête à mobiliser les étudiants, mi-octobre, sur ce thème. « De plus en plus d’universités sont concernées par la crise budgétaire et cela risque d’exploser », prévient le président de l’Unef, Emmanuel Zemmour. Le responsable Unef de Paris-I, Emilien Martin, va plus loin : « Il n’est pas normal que l’Etat continue à débourser des millions pour l’enseignement privé confessionnel supérieur ou pour un crédit impôt recherche inefficace et que, en parallèle, des universités doivent casser la qualité des diplômes pour des raisons budgétaires. » Des propos bien moins rassurants que ceux de Geneviève Fioraso.

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