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CRS à Lyon 2. Deux articles dans Rue 89

dimanche 1er décembre 2013, par Chris

Pour le rappel des faits, lire ici.

Deux nouvelles prises de position, à lire ci-dessous :
- CRS à Lyon 2 : le témoignage d’un étudiant contestataire - Rue 89, 23 novembre 2013
- Quelle place de l’extrême gauche au sein de l’université de Lyon 2 ? - Rue 89, 26 novembre 2013

CRS à Lyon 2 : le témoignage d’un étudiant contestataire - Rue 89, 23 novembre 2013


- Les violents incidents de jeudi à l’université Lyon 2 ont suscité de nombreuses réactions du côté de l’institution (présidence de la fac, ministre de l’Enseignement supérieur) par voix de communiqué de presse. Sur les réseaux sociaux, de nombreux étudiants donnent une autre version des faits.

- Nous publions le témoignage, sous couvert d’anonymat d’un étudiant de 23 ans inscrit en master qui a participé à l’envahissement du « congrès élargi ». Chargé de TD dans cette même université et salarié par ailleurs. S’il participe à de nombreux mouvements sociaux, il dit ne faire partie d’aucune organisation politique ou syndicale.


J’étais au rassemblement organisé pour protester contre les orientations de la présidence de l’université. Environ une centaine de personnes était présente devant le Grand Amphi de Lyon 2 pour s’inviter au « congres exceptionnel » organisé par le président.
Dans un premier temps, les agents hygiène et sécurité nous ont informé que le président acceptait que nous participions à ce congrès, à ma grande surprise je dois bien l’avouer.
Cependant et au bout d’un certain temps d’attente, nous avons vite compris que ce n’était qu’une stratégie pour nous faire patienter, et nous empêcher de pénétrer dans l’amphi. Nous avons donc pris la décision de rentrer dans cet amphi. Il y a eu effectivement une bousculade à ce moment là compte-tenu du fait qu’une centaine de personne tentait d’entrer par une porte devant laquelle se trouvait les agents hygiène et sécurité.
Précisons ici que ces personnes sont des agents contractuels payés une misère. Lors des mouvements sociaux, les présidents les utilisent souvent afin d’empêcher des rassemblements d’avoir lieu comme c’était le cas hier. Évidemment cela ne fait pas partie de leur métier et il n’est pas indiqué dans leur contrat qu’ils sont employés pour de telles tâches. Toujours est-il que c’est ainsi que la présidence les utilisent.

Bousculade et agent qui boite
Il y a donc eu une bousculade et j’ai aperçu un des agents qui boitait légèrement. Il est indiqué dans Tribune de Lyon qu’il a été transporté « en urgence » à l’hôpital pour « un grave problème au genou ». Nous en étions au début de l’action, il était environ 12h30. À 14h30, lorsque les policiers sont entrés dans l’établissement, cet agent était toujours là, toujours avec nous et en service, pour nous empêcher d’accéder à une autre porte.
Difficile de croire cette version officielle donc, puisqu’il s’est rendu à l’hôpital près de trois heures après, qu’il a continué d’exercer sa fonction jusqu’ici, et que nous avons entendu quelqu’un lui demander d’aller à l’hôpital afin qu’il puisse porter plainte. C’est le seul agent à ma connaissance qui aurait été « blessé ». Les médias et la présidence indiquent le nombre de 5 blessés, soit le nombre d’agent qui étaient présents ce jour là. Le président (qui n’est pourtant pas sorti de son bureau) fait état quant à lui de « violences inacceptables », de « brutales intimidations » et de « coups volontaires »…

- Pour lire la suite sur le site de Rue 89.



Quelle place de l’extrême gauche au sein de l’université de Lyon 2 ? - Rue 89, 26 novembre 2013



- Les violents incidents de jeudi à l’université Lyon 2 n’en finissent pas de faire réagir. Après la publication du témoignage d’un étudiant contestataire, nous publions le point de vue d’un enseignant-chercheur de Lyon 2 (qui a souhaité conserver l’anonymat) sur la place de l’extrême gauche dans cette université.

Les récents événements violents qui ont eu lieu à l’Université Lyon 2 (perturbation du Congrès exceptionnel par une centaine d’étudiants, dégradation du matériel, intervention des forces de l’ordre, violences et arrestations de 6 personnes) posent la question du poids de l’extrême gauche au sein de cette institution et de ses modes d’action.

Si le militantisme activiste étudiant a toujours existé dans cette université (dès sa création en 1973) le maintien d’une telle présence de l’extrême gauche qui a su s’adapter et se renouveler ces dernières années, sous des formes syndicales (FSE) ou politiques (Parti de Gauche et Union des étudiants communistes), paraît tout à fait spécifique dans le paysage universitaire français.

Même s’il ne faut pas la surévaluer au regard des 28 000 étudiants de Lyon 2, la permanence d’une centaine d’étudiants politisés, ou du moins engagés constitue en effet un poids réel qui tente de peser, parfois de manière opportuniste, dans le mode de fonctionnement de l’établissement.

Radicalisation des modes d’action

Leurs modes d’action se sont radicalisés ces dernières années : les premiers grands blocages d’établissement ont lieu dans les années 2000 (à l’occasion de l’opposition au CPE en 2006, puis à la loi LRU en 2009).

En novembre 2010, lors des manifestations contre la réforme des retraites, cette extrême gauche se fait remarquer par les mobilisations parmi les plus violentes et destructrices : des dégradations nocturnes sur le campus de Bron, à la suite d’une assemblée générale, sont telles qu’elles font alors la « une » des médias nationaux.

Le recours à la violence politique par cette petite minorité est désormais systématique et surtout plus rapide, même hors de toute mobilisation nationale.

Rapide recours à la police

Mais la nouveauté tient aujourd’hui à la réaction de la présidence de l’université. Jusqu’à présent existait une certaine tolérance tacite vis-à-vis des actions spectaculaires de cette extrême gauche sur le campus : il fallait attendre des jours, voire des semaines de blocages avant que la présidence ne fasse intervenir les forces de l’ordre. Ce qui a surpris jeudi dernier, ce fut le recours rapide à la police comme si tout mode de régulation interne avait disparu ou était épuisé.

Il est vrai néanmoins que le lieu et les circonstances de la contestation étaient exceptionnels : non plus Bron, mais les quais du Rhône à l’occasion d’une réunion de tous les représentants élus des instances de l’université. Ceci explique probablement cela. Quoi qu’il en soit, la rupture entre les principaux protagonistes – étudiants activistes d’un côté, équipe présidentielle de l’autre – semble d’ores-et-déjà consommée. Désormais, nous assistons à une rapide montée en régime de la contestation à laquelle répond une intervention policière. Et cette accélération du processus de confrontation risque de devenir une constante à l’avenir.

- Pour lire la suite sur le site de Rue 89 (Rue 89, 26 novembre 2013)