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Attaques ad hominem - Pierre Dubois (ex)Blog "Histoires d’Universités", Educpros, MàJ du 3 mars 2014

lundi 3 mars 2014, par Mademoiselle de Scudéry

Blog dissocié. !!??

Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction : le recours à des images d’un goût parfois plus que douteux ne correspond ni à notre charte ni aux valeurs journalistiques d’Educpros… Croyez-vous pouvoir renouer avec la vivacité critique qui est la vôtre sans recourir à ces méthodes ? Il est important qu’Educpros, blogs compris, reste un lieu de débat, pas de campagne d’opposants, a fortiori avec des attaques ad hominem. Je n’avais pas publié de chronique depuis ce rappel à l’ordre, daté du mercredi 19 février 2014.


Actualisation 3 mars 2014. Commentaire d’Emmanuel Davidenkoff (n°42) : nous dissocierons désormais Histoires d’universités du site d’EducPros. En clair : depuis ce matin, je ne fais plus partie de la liste des blogueurs et mes chroniques récentes ont été supprimées de l’actu. Lire également les deux autres commentaires (42 et 46) du Directeur de la rédaction. J’ai donné, sur ce blog, la parole aux partisans de l’université confédérale (ou Association) comme forme de regroupement entre universités et établissements. Geneviève Fioraso, dans une lettre du 28 février 2014 adressée à la Conférence des Présidents d’Université, rend l’Association impossible en Ile-de-France.


Attaques ad hominem ? Je critique souvent les décisions, les propos, voire les manipulations ou les mensonges de personnalités de l’enseignement supérieur, en particulier en matière de regroupements à marche forcée des universités et des établissements. Sont-ce des attaques ad hominem ? Les chroniques mises en question (cliquer ici et ici) [1] n’ont pas été censurées par la direction de la rédaction.

Images d’un goût parfois plus que douteux ? Les caricatures sont un des outils de la liberté de la presse. Elles cherchent à faire rire, à ridiculiser, à énerver, à déstabiliser des personnalités en charge d’une fonction, publique et donc exposée aux critiques… Lectrices et lecteurs du blog, les caricatures d’auto-dérision de la chronique d’aujourd’hui vous font-elles rire ou pleurer ?

Lire la suite ici

Lire aussi en pièce jointe quelques échanges de mails entre P. Dubois et E. Davidenkoff.

Des bloggeurs de Mediapart apportent leur soutien à Pierre Dubois : O. Chantraine ici, P. Maillard .


Quelques commentaires choisis.

(Qu’il est tout à fait loisible de multiplier, touiter, liker, facebouquer en fin de billet)

B. Andreotti dit : mars 1st, 2014 at 20:42

Cher Pierre,
Contrairement à ce que vous semblez dire dans votre chronique, que je juge un peu triste, le grief principal de M. Davidenkoff semble être de vous être fait le relais de « campagnes d’opposants ». Cela expliquerait le décalage de date entre le rappel à l’ordre et les caricatures douteuses que vous pointez. Cela suggère qu’il puisse y avoir une cause plus récente à ce rappel à l’ordre, d’ordre politique. En regardant vos chroniques sur trois ou quatre jours avant le 19, je ne vois que « IdF. Une université confédérale ? » qui puisse être (abusivement) qualifiée de relais de « campagne d’opposants ».

Faut-il voir dans ce rappel à l’ordre une méthode autoritaire suggérée par des membres éminents du cabinet ministériel pour contrer le fait que les communauté universitaires d’Ile-de-France s’emparent depuis quelques semaines du regroupement universitaire par association ? Seul M. Davidenkoff peut nous le dire. Que la DGESIP, Mme Bonnafous-Dizambourg, souhaite, à titre personnel, que les universités franciliennes se regroupent sous forme de ComUE, c’est une chose. Cela ne fait pas des universitaires qui, comme moi, défendent le regroupement par association des « opposants ». Opposants à quoi ? Il s’agit de proposer que l’on adopte (et à tout le moins que l’on débatte) l’une des possibilités explicites de la loi du 22 juillet, ouverte par des amendements déposés au Sénat par… Mme Fioraso et Mme Gillot, toutes deux socialistes. Sont-elles des opposantes ? C’est quand même un peu fort, qu’il soit interdit de débattre des formes légales de regroupement universitaire, alors même que les universités sont supposées être autonomes et que la liberté académique est supposée prévaloir.

Courage Pierre et merci pour l’espace de liberté intellectuelle que vous avez vaillamment tenu ouvert pendant toutes ces années. Tenez bon, et ne vous découragez pas. Les pressions politiques sont toujours des aveux de faiblesse.

Jean-Louis Fournel dit : mars 2nd, 2014 at 0:07

Cher Pierre Dubois,

Ce n’est pas vous qui avez pris le parti des mystérieux et anonymes « opposants » : vous avez simplement exprimé votre opinion comme toujours de façon précise et argumentée, parfois avec une pointe de dérision, parfois avec une irritation qui pouvait aller jusqu’à l’attaque de tel ou tel effectivement. Mais n’a-t-on pas le droit de dénoncer les actes d’une personne précise si l’on juge bon de le faire – quitte à se tromper et à être démenti ? Et le billet d’humeur n’est-il pas aussi une des ressources du blogueur libre et indépendant ?
Quant à l’allusion aux « opposants », elle est impressionnante de mauvaise foi et relève d’une vraie caricature celle-ci, une caricature que l’on aurait pu espérer plus parlante : la caricature d’une presse aux ordres. Non pas parce qu’elle prendrait ses ordres auprès du cabinet de la Ministre – il n’est pas besoin de cela en l’occurrence, et on doit toujours se méfier des logiques complotistes – mais parce que tout simplement dans ce cas le media – et son directeur au premier chef, du fait même de ce que sont ses sources, y compris personnelles, de revenus – a un intérêt objectif à défendre telle position et telle idée de l’université « moderne » plutôt que telle autre. Educpros a donc dans ce cas, par la voix de son directeur, pris « parti » plus que vous ne l’avez jamais fait, Pierre. Educpros montre de fait s’il en était besoin qu’il a choisi un camp et s’est rangé du côté de ceux qui gouvernent (et pas seulement au MESR). Il ne s’agit plus de faire semblant de représenter toutes les opinions dès lors que l’équilibre d’une politique est menacé. Dans ce cas on sacrifie les blogueurs impertinents. Il n’y a hélas sans doute rien d’étonnant à cela. Mais en tout cas, la vraie vulgarité est là, dans cette mise en garde qui entend vous faire taire, pas dans les moyens d’expression qui ont été les vôtres.

Jean-Louis Fournel

PS : Je me souviens que des journalistes d’Educpros en 2009 dans certains entretiens faisaient remarquer qu’à la différence de leurs collègues d’une certaine agence de presse spécialisée dans l’éducation, ils/elles n’étaient aux ordre de personne, surtout pas du ministère, et restaient toujours libres de leur parole. Cela est-il encore vrai aujourd’hui ? Je ne connais pas la réponse mais la question mérite d’être posée au vu de tels agissements de leur directeur.

Le caricaturiste dit : mars 2nd, 2014 at 0:53

Bonsoir Pierre,
J’ai le sentiment que vous venez de prendre une volée de flèches à ma place. J’en suis peiné, mais il n’est pas question pour moi de sortir de l’ombre protectrice : parmi les méthodes des puissants de ce monde, figure en plus de la censure indirecte, l’épuisement financier des “opposants” dans de longs procès couteux.

Puisqu’il y a eu une réprobation sur le mauvais goût dont je témoigne, je m’excuse auprès de la Chouette aux yeux d’or, convoquée pour figurer les libertés académiques, et injustement assassinée par image interposée. Pardon donc, à la chevêche d’Athéna, choisie parce qu’elle figure sur le tetradrachme qui servit de symbole au mouvement de 2009 — toujours là quand on a besoin d’elle, avait à l’époque commenté Chris Marker. Avec le recul, la situation de l’université grecque donne toute sa saveur au choix de ce symbole…

Pour les autres personnages caricaturés, je ne crois pas qu’il y ait lieu de m’excuser. Ce sont deux personnages publics qui bafouent ordinairement cette liberté qui reste le bien le plus précieux des universitaires.

1) Dans ce Mooc, récemment paru,

je me moque au passage de Simone Bonnafous, dont les conflits d’intérêts sont notoires (son mari préside une CUE), et qui bafoue l’autonomie statutaire des Universités garantie par la loi quand elle répond à AEF : “En Île-de-France, tous les regroupements en construction seront des Comue.” Au nom de quoi ? En vertu de quelle loi imposerait-elle son choix ?

Comment comparer ma moquerie, légère, et l’autoritarisme débridé de la personne moquée ?

2) M. Mérindol, récemment parachuté à la tête de Sorbonne Paris Cité (SPC), est le père des regroupements universitaires (il écrivit des textes en ce sens, caché sous la couverture anonyme du “groupe Marc Bloch”, aujourd’hui en situation monopolistique dans l’ESR). Une seule chose a échappé a sa paternité : que Mme Létard, sénatrice du centre, que Mme Gillot, rapporteure PS de la loi ESR au Sénat, et que le groupe écologiste au Sénat, détournent la voie de regroupement 2b avec l’assentiment de Mme Fioraso, pour ouvrir une possibilité de confédération horizontale, égalitaire, au libre choix des universités. Tout comme Mme Bonnafous, M. Mérindol semble furieux que ce tout petit espace de liberté ait échappé au contrôle quasi-intégral des membres du “groupe Marc Bloch”. Au passage, il serait temps que les descendants de Marc Bloch fassent savoir ce qu’ils pensent de la prise d’otage opérée sur leur aïeul, et mise au service aujourd’hui de choses bien peu ragoûtantes.

A SPC, M. Mérindol ne concède aucun débat public contradictoire sur les différentes formes de regroupement universitaire et nie l’existence même du regroupement par Association, qui figure pourtant dans la loi comme une alternative à la CUE (regroupement 2a) située exactement sur le même plan, dans une belle construction symétrique. Dans trois des quatre universités de SPC, aucune concertation et aucun débat sur les regroupements n’ont eu lieu. Malgré les demandes répétées de la communauté universitaire et, dans certains établissements, du conseil académique, M. Mérindol n’a accepté l’invitation des CA des établissements que pour présenter les statuts qu’il a écrit pour sa CUE, et pas pour participer à un débat dans lequel les trois formes de regroupements seraient confrontées, et la meilleure choisie. M. Mérindol n’a donc rien de la victime innocente d’une plaisanterie de mauvais goût.

Cher Pierre, sachez que me trotte dans la tête, depuis que j’ai commencé cette lettre ouverte, cette belle chanson de Leonard Cohen :

Oh, the wind, the wind is blowing,
Through the graves the wind is blowing,
Freedom soon will come ;
Then we’ll come from the shadows.

Je réserve mes compliments à votre endroit pour des messages privés,
Votre caricaturiste attitré.


[1En retrouver toute une panoplie ici