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Les présidents d’université s’en prennent à l’UNEF - Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde, 26 juin 2014

vendredi 27 juin 2014, par Elisabeth Báthory

Quelle mouche a piqué les éminents membres de la Conférence des présidents d’université (CPU) pour qu’ils déclarent à mots à peine couverts la guerre à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), le principal syndicat étudiant ? Dans une tribune datée du 24 juin, la CPU affirme qu’augmenter, comme le demande l’UNEF, les bourses des étudiants, aggraverait leur situation.

« Dans un budget contraint, la pratique des vases communicants entre budgets des universités et aides sociales aux étudiants contribue à dégrader les conditions de vie et d’études de ces derniers, écrivent-ils. Prendre aux universités pour donner individuellement aux étudiants n’est qu’une fuite en avant non seulement inefficace mais visiblement nuisible. »

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Lire notre analyse : Les questions militantes de l’UNEF

Une réponse, probablement, à la récente enquête menée par le syndicat étudiant où il apparaît qu’aux yeux de 60 % des étudiants, la préoccupation majeure des universités n’est pas leur réussite. « Le risque, lorsqu’on dénigre un système dont on veut défendre les valeurs, est de se voir proposer un autre système, plus fermé, plus coûteux, à un moment où la crise financière pousse à la recherche d’économies », menacent les présidents.

« IRRESPONSABLE »

Gérard Blanchard, vice-président de la CPU, développe : « L’enveloppe financière pour l’enseignement supérieur et la recherche n’augmentera pas et restera stable, ce qui est déjà appréciable dans la conjoncture actuelle. Il y a donc un risque que la hausse des bourses se fasse au détriment des budgets des universités. Or on leur demande tout et son contraire : accueillir tout le monde, sans sélection des étudiants, fixer des frais d’inscription très modérés, tout en améliorant l’accompagnement des étudiants et la professionnalisation des formations… » Les 635 000 boursiers, exonérés en outre de droits d’inscription, pèsent sur les recettes des universités, même si, pour la première fois cette année, le gouvernement a consenti à compenser partiellement ce manque à gagner.

Lire notre entretien avec Geneviève Fioraso : « Régler le problème de l’échec à l’université par la sélection est rétrograde »

Cette tribune stupéfie l’UNEF et son président, William Martinet : « L’argumentation contre l’augmentation des bourses est irresponsable, elle traduit une fébrilité à l’heure des arbitrages budgétaires. Elle conforte d’ailleurs plutôt les résultats de notre enquête en démontrant que les étudiants ne sont pas au cœur des préoccupations des universitaires. »

Au lendemain de l’élection de François Hollande, le gouvernement avait satisfait une demande pressante des jeunes en annonçant une augmentation du montant des bourses et un élargissement des critères d’attribution, pour un total, à terme, de 200 millions d’euros. En septembre 2013, les premiers 118 millions ont été débloqués ; le solde doit l’être en septembre 2014. L’UNEF est prête à mobiliser si le compte n’y est pas.

Forte de son influence et stimulée, sans doute, par sa rivalité avec la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), l’UNEF multiplie les initiatives. Elle se montre plus offensive f ace aux présidents d’université et aux syndicats d’enseignants, même vis-à-vis du Snesup, dont elle est pourtant proche politiquement.