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Extraits de CR de "Front unique" à la CA du SNCS - 12 septembre 2014

jeudi 25 septembre 2014, par Louise Michel

Avec un droit de réponse de C. Blondel, que nous avons reçu sur webmaster@sauvonsluniversite.com



EXTRAITS DU C.R.

[...]

Pourquoi les directions syndicales se raccrochent-elle à « science en marche », à la réunion des directeurs … au lieu d’engager le combat contre le gouvernement ?

Appeler à une telle manifestation de la part des fédérations syndicales, indiquerait aux travailleurs et à la jeunesse : les fédérations ont décidé d’engager le combat contre le gouvernement.

Ce n’est ni le moyen, ni le but que la CA a voulu se donner. Au lieu de cela la direction du SNCS, appelant à voter contre cette motion, a préféré que la CA se raccroche à l’initiative de « science en marche », puis plus récemment, soutenir la réunion des directeurs.

Ces initiatives expriment l’angoisse de la communauté scientifique face à cette asphyxie financière qui menace des pans entiers de la recherche, elles surfent sur le désarroi de ces milliers de jeunes (et moins jeunes) dans l’impasse des emplois précaires. Elles remplissent le vide laissé par les directions syndicales dont le seul leitmotiv est : une autre politique est possible, exigeons de bonnes négociations. Mais il ne s’agit nullement de combattre le budget 2015 qui pourtant est la condition minimum pour, non pas améliorer la situation, mais empêcher qu’elle se détériore encore plus !

Ainsi, un des participants du bureau de « la science en marche » a expliqué à la CA que l’autorisation déposée en préfecture pour la fin de la marche le 17 octobre à Paris, a été faite pour une manifestation culturelle, ce qui signifie l’interdiction des banderoles syndicales, avec un trajet partant de la porte d’Orléans, pour passer devant l’AN et y poser un cahier de doléance et se terminer place des Invalides.

Quant à la Coordination des responsables des instances du Comité National (C3N), partie prenante de la réunion des directeurs de labo, elle appelle … à attendre la fin du vote du budget !!! : « Au cas où, à la fin de la discussion budgétaire, aucune mesure n’aurait été prise par le gouvernement pour améliorer le financement de l’ESR et créer les emplois statutaires devenus indispensables, la C3N appelle le Comité national à envisager la grève, dès la session d’automne. »

Mais n’est-ce pas la responsabilité des directions syndicales de prendre l’initiative d’engager le combat contre le gouvernement, pendant qu’il est encore temps au moment du vote du budget et d’aller là ou cela se décide pour empêcher son vote ?
Comment croire que la Recherche et l’Enseignement supérieur pourrait rester à l’écart de la grande bataille lancée pour rendre « compétitives » le entreprises françaises, restaurer leurs marges, c’est-à-dire rétablir les taux de profit des capitalistes ? D’ailleurs, comme l’écrit Trautmann, membre du C3N et aussi soutien à la « science en marche », en résumant un rapport récent de l’OCDE : «  après une décennie de réformes acharnées dans l’ESR par les ministères de Pécresse et Fioraso, les structures sont posées, il ne reste qu’à les mobiliser de façon stratégique pour que le système de recherche français soit enfin au service de l’économie française ». Cela repose sur la généralisation de la recherche sur projet mais se heurte encore à un obstacle de taille les statuts des personnels d’où «  la nécessité de le faire évoluer  » afin « que le financement par projet et la précarité devienne la norme  ».

« Négociations » dans la Fonction Publique : le statut est ouvertement ciblé

En effet, le gouvernement ne se contente pas de tailler dans les budgets. Il l’a dit et répété, il s’agit de poursuivre sur la voie des « réformes structurelles » qui lui permettent de faire baisser significativement la masse salariale et s’attaquer au statut de la fonction publique.

C’est ouvertement l’objectif annoncé par le Conseil des ministres du 27 août : «  faire franchir une nouvelle étape au statut de la fonction publique  ». Il s’agit de : « revoir les mécanismes d’avancement à l’ancienneté [qui permettait vaille que vaille aux fonctionnaires de préserver leur pouvoir d’achat - NDLR] pour mieux reconnaître les mérites des agents » c’est à dire individualisation et arbitraire. Il s’agit aussi avec la réduction considérable du nombre de corps de la Fonction publique, de remplacer la gestion nationale dans le cadre des statuts nationaux par des négociations locales, de généraliser la mobilité inter- et intra-fonctions publiques, etc.

Mais, le gouvernement ne peut avancer sur un tel projet que si les organisations syndicales acceptent de porter ce projet avec lui. C’est la raison d’être des négociations que la ministre M. Lebranchu met en place en cette rentrée. Est-il envisageable que les dirigeants des syndicats acceptent de collaborer à la liquidation du statut général de la fonction publique ?

Le rôle de la CA du SNCS est de demander que notre fédération la FSU, ne participe pas à ces « négociations » et appelle les autres fédérations à faire de même. Ce refus est d’autant plus nécessaire pour les personnels du CNRS, que le statut de la FP et l’existence des corps, comme celui de chercheurs à temps plein, reste un rempart contre la fusion des corps des personnels des organismes de recherche avec ceux des universités, avec la disparition de toutes les garanties qui leurs sont associées.

Les COMUEs, le décret modifiant le statut des Enseignants-Chercheurs ou comment effacer les barrières statutaire et entre le CNRS et les universités

La mise en place des Communautés d’Universités et d’Etablissements (COMUE) de la loi Fioraso intégrant les laboratoires du CNRS et ouvrant la possibilité de placer les personnels des EPST sous la tutelle des futurs présidents des communautés d’universités tend à supprimer toutes les barrières à ces fusions de corps. Le décret Pécresse-Fioraso, qui a été publié début septembre, va dans le même sens. Outre son attaque directe contre le statut des enseignants-chercheurs en reprenant la modulation et l’évaluation contre lesquelles ils s’étaient massivement mobilisés en 2009, ce décret instaure la mise en commun des services au sein d’une COMUE et des voies privilégiées réservées aux directeurs de recherche pour accéder au grade de professeur sans la qualification de la CNU. De même une nouvelle disposition permet aux Chargé de Recherche (1ère classe) de passer Maitre de conférences avec la carotte du passage hors-classe.

Le statut des personnels des organismes de recherche ouvertement menacé

Les attendues de la deuxième motion que Front unique a soumis à la CA expliquent : Le statut des personnels du CNRS est gravement menacé.

D’un coté les COMUEs, intégrant le CNRS avec les universités et d’autres établissements qu’ils soient publics ou privés, avancent à marche forcée. Ces COMUEs vont avoir la mainmise, dans chaque région sur la politique scientifique de tous les laboratoires des organismes publics de recherche et par voie de conséquence sur leur budget de fonctionnement, leurs recrutements, … . Il s’agit d’effacer toute frontière entre les corps de l’enseignement supérieur et ceux des organismes de recherche en vue de mutualiser pour préparer des réductions massives de postes.

L’objectif avoué du gouvernement est en effet qu’à terme l’ensemble des budgets des composantes de chaque COMUE transite par ces COMUEs.

La logique de cette politique est clairement d’élargir à l’échelle des COMUEs, le processus de décentralisation et de territorialisation de la gestion des personnels engagé avec le la loi LRU pour les personnels des universités puis, avec la loi Fioraso -dite LRU II-, d’ouvrir la voie pour y englober les personnels des organismes de recherche.

L’existence du CNRS et les statuts de ses personnels sont directement menacés de disparition. En effet, parallèlement le gouvernement a ouvert des négociations visant la « révision » du statut de la fonction publique. Elles visent notamment à faire sauter le verrou de la gestion par corps statutaire pour lui substituer une « gestion déconcentrée » des agents reposant sur les accords « locaux », à développer la mobilité interministérielle et à remettre en cause les catégories A, B et C. Elles ont aussi pour objet de remettre en cause l’avancement à l’ancienneté au profit de l’avancement dit « au mérite ».

Comment peut-on empêcher le conseil d’administration du CNRS d’avaliser les COMUEs ?

La mise en place des COMUEs engageant directement l’avenir du CNRS, son conseil d’administration doit se prononcer pour approuver les statuts de chacune d’elle. Après cette approbation, les laboratoires concernés passent sous la tutelle de la direction de la COMUE. Cette étape est décisive et sans retour.

Elle est aussi une occasion unique dans tout le processus de la création des COMUEs, négociée le plus souvent en catimini entre la direction du CNRS et celle des universités sous couvert de collaboration scientifique, pour l’ensemble des personnels du CNRS et leur syndicats de mener un combat national pour défendre le CNRS et les statuts qui en découlent.

4 COMUEs ont déjà été approuvées par le conseil d’administration du CNRS du 26 juin, sans que les représentants syndicaux ne disent un mot aux personnels de ce qui se tramait dans leur dos. A la CA du SNCS, nous avons appris que c’était le tour de 11 autres COMUEs dont le statut doit être soumis au Comité Technique du 23 septembre puis au prochain conseil d’administration du CNRS.

Comme l’a dit C. Blondel, représentant du SNCS au Conseil d’administration du CNRS, « Qu’on y aille ou pas cela ne change rien on est minoritaire et on ne fera jamais changer le vote du CA du CNRS ». N’est-ce pas la preuve que, pour la direction du CNRS, seule importe la présence des syndicats représentant les milliers d’agents CNRS, et à qui on demande simplement de jouer le rôle d’opposant de sa majesté ? Cette méthode ne vaut donc rien, seul le combat contre ce gouvernement peut mettre un coup d’arrêt à la mise en place des COMUEs. En refusant de participer, les syndicats de la recherche publique donneraient le signal du combat nécessaire pour la défense des personnels. [...]



Rectificatif envoyé par Christophe Blondel à webmaster@sauvonsluniversite.com :

« Je m’estime publiquement diffamé par l’affirmation que j’aurais déclaré, à propos du conseil d’administration du CNRS, « Qu’on y aille ou pas cela ne change rien on est minoritaire et on ne fera jamais changer le vote du CA du CNRS ». Je n’ai jamais déclaré cela, pour la double raison que a) je ne pense pas et n’ai jamais pensé qu’il soit indifférent d’aller ou de ne pas aller au CA du CNRS b) je ne pense pas et n’ai jamais pensé qu’on ne fera « jamais » changer le vote du CA.

En outre, cette même déclaration me présente comme « représentant du SNCS au Conseil d’administration du CNRS », ce qui laisse entendre que le SNCS aurait un siège institutionnellement réservé dans cette instance. Cela est également faux. Je ne suis, au CA du CNRS, qu’un des quatre représentants élus du personnel, sous l’étiquette SNCS certes, mais il y avait bien plus de quatre listes en concurrence et, comme dans toute élection, le résultat n’allait pas a priori de soi. »