Accueil > Revue de presse > Plus de diplômés, pas moins de chômeurs - Véronique Soulé, Libération, 9 (...)

Plus de diplômés, pas moins de chômeurs - Véronique Soulé, Libération, 9 Octobre 2014

vendredi 10 octobre 2014, par Louise Michel

Sur le site de Libération

AU RAPPORT : Une étude souligne que si le niveau d’étude a augmenté, il n’évite pas toujours Pôle Emploi.

Les jeunes Français sont toujours plus diplômés, mais ils sont aussi toujours plus touchés par le chômage. C’est la conclusion un brin désespérante à laquelle est parvenu le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) après avoir analysé la situation des jeunes trois ans après leur sortie, en 2010, de l’enseignement supérieur. Pour être plus positif, on pourrait dire que le diplôme protège encore du chômage et qu’il vaut mieux en avoir un que de ne pas en avoir, mais qu’il ne fait pas de miracle.

Parmi les diplômés en 2010, 13% sont au chômage trois ans après la fin de leurs études, soit 4 points de plus qu’au sein de la génération 2004.

Les experts du Cereq ont comparé le devenir des jeunes sortis du supérieur en 2004 et de ceux sortis en 2010. Le niveau de diplôme s’est sensiblement élevé : 19% décrochent par exemple un master universitaire en 2010 contre 13% six ans plus tôt. Et les diplômés à bac + 5 représentent désormais près d’un tiers des sortants du supérieur.

Insertion. Mais la mauvaise nouvelle est que cela n’a en rien facilité leur insertion professionnelle. Au contraire. Au sein de la génération 2010, 13% sont au chômage trois ans après la fin de leurs études, soit 4 points de plus qu’au sein de la génération 2004. Et, pour ceux ayant un travail, le pouvoir d’achat a, en plus, fléchi. Ils perçoivent en moyenne une rémunération mensuelle de 1 620 euros nets, moins 30 euros par rapport à la génération 2004.

Seules trois catégories s’en sortent bien, échappant à la poussée du chômage : les ingénieurs, les docteurs (du supérieur) et les diplômés de la santé et du social. Pour tous les autres, la situation se dégrade. Les diplômés de master 2, notamment, connaissent un taux de chômage de 12% trois ans après leur sortie, le double de la génération 2004. Comme pour les licences générales, où la situation varie toutefois beaucoup selon les disciplines. On s’insère mieux avec un diplôme de droit ou d’économie qu’avec un diplôme d’arts, de lettres ou de langues. Les filières courtes (BTS, IUT), qui résistaient relativement mieux, sont désormais touchées. Une exception toutefois avec les licences professionnelles par apprentissage, toujours appréciées des employeurs.

Précaires. Une constante enfin : le lourd handicap des non-diplômés. Comme pour les jeunes sortis de l’école sans diplôme, ceux sortis sans rien du supérieur - plus de 20% - subissent la crise de plein fouet. Près d’un quart se trouve au chômage trois ans après leur entrée sur le marché du travail. Et, lorsqu’ils trouvent des emplois, ils sont de plus en plus souvent précaires et non qualifiés. Le diplôme reste donc, malgré tout, un plus.