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Ecole : le gouvernement détaille ses mesures post-Charlie - Marie-Christine Corbier, Les Echos, 22 janvier 2015

samedi 24 janvier 2015, par Mr Croche

Comment l’on découvre que l’école ne peut régler seule les problèmes de société mais comment malgré tout on lui demande toujours plus, ce, au mieux à moyens constants.

A lire sur le site des Echos

Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem ont détaillé ce jeudi les mesures visant à répondre aux problèmes rencontrés dans les écoles après les attentats. Ces mesures tentent de concilier le discours de fermeté de François Hollande avec une approche plus à gauche de lutte contre les inégalités.

Après un discours sécuritaire prononcé mercredi par François Hollande , le Premier ministre et la ministre de l’Education nationale ont annoncé ce jeudi le détail du « plan » de mobilisation de l’école pour les valeurs de la République.

Le ton très ferme adopté par le chef de l’Etat se traduit dans des mesures sécuritaires. Notamment une « formation renforcée » des chefs d’établissement pour qu’ils puissent faire « un meilleur repérage des risques de repli chez les jeunes pouvant représenter un risque pour eux-mêmes et la vie collective ».

Le rétablissement de l’autorité des maîtres est présent dans le plan détaillé par la ministre Najat Vallaud-Belkacem. « Les règles de civilité et de politesse doivent être apprises et respectées à l’Ecole », indique le ministère de l’Education nationale (voir document ci-dessous). Lors de la rentrée scolaire, le règlement intérieur et la Charte de la laïcité seront présentés et expliqués aux élèves et leurs parents, qui « signeront ces documents pour manifester leur engagement à les respecter ». Tout comportement « mettant en cause les valeurs de la République ou l’autorité du maître » fera l’objet d’un « signalement systématique » au directeur d’école ou au chef d’établissement, suivi d’un dialogue éducatif avec les parents et, éventuellement, une sanction. « Aucun incident ne sera laissé sans suite ». Pour renforcer l’apprentissage des droits et des devoirs, l’élève pourra être amené à exécuter une « mesure de responsabilisation », consistant en des travaux d’intérêt général grâce aux partenariats conclus avec la Croix Rouge, l’Unicef ou encore l’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEC).

Le plan évoque aussi l’importance de « la célébration des rites républicains et des symboles de la République ». « Apprendre les rites c’est apprendre leur signification », a précisé Najat Vallaud-Belkacem, qui veut que la journée de la laïcité (qui sera instaurée chaque 9 décembre, en référence à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat) et les cérémonies patriotiques soient autant d’occasions de saisir le sens de ces rites.

« Une politique active de mixité »

La réponse du gouvernement n’est pas seulement autoritaire. Elle apparaît à travers d’autres mesures plus sociales et traditionnellement dites de gauche, comme la réduction des inégalités et la mixité sociale.

Sur la mixité, le ministère promet « une politique active de mixité » pour agir sur la composition des collèges - là où le problème de mixité se pose avec le plus d’acuité - avec de « nouvelles dispositions législatives et réglementaires ». Des textes réglementaires sur la mixité ont été pris très récemment. Avec les collectivités locales, un état des lieux sera établi en 2015-2016 « au sein des collèges publics et privés sous contrat ». Mais le diagnostic ne débouchera sur la définition d’objectifs en matière de mixité sociale qu’au sein des collèges publics, indique le document du ministère.

Le gouvernement reprend aussi à son compte l’annonce de François Hollande relative aux fonds sociaux : leur financement sera augmenté de 20 % et porté à 45 millions d’euros.

Un comité interministériel contre les inégalités

« Au fil des années, l’école a dévié de son cap, elle reproduit les inégalités », a insisté le Premier ministre. Mais la réduction des inégalités ne concerne pas que l’école : Manuel Valls a évoqué « les fractures qui traversent nos sociétés » et qui « s’étendent sur l’ensemble du territoire ». « Tous les territoires perdus de la République le démontrent » et « mettent en péril notre cohésion nationale », insiste le Premier ministre. Pour « faire reculer les discriminations » et faire face aux « frustrations » nées de certaines « politiques du logement, de la santé, de la jeunesse qui ont échoué », Manuel Valls dit vouloir « réformer en profondeur l’action publique ». Il a demandé au ministre de la Ville Patrick Kanner et à sa secrétaire d’Etat Myriam El Mhomri de lancer un vaste chantier de mobilisation qui débouchera, début mars, sur la réunion d’un comité interministériel de lutte contre les inégalités dans les quartiers. Manuel Valls va jusqu’à réclamer « une politique du peuplement pour lutter contre la ghettoïsation ». « Il faut aller plus loin, agir vite et en même temps pour l’école ou les quartiers, ce sera l’affaire d’une génération », a-t-il indiqué.

Un « parcours citoyen »

L’action sur la mobilisation des valeurs de la République à l’école se traduit aussi par la mise en œuvre d’un « parcours citoyen » de l’école élémentaire à la terminale qui englobe le nouvel enseignement moral et civique, l’éducation aux médias - avec le développement d’un média - radio, journal, blog... - dans chaque collège et lycée avec l’aide des professeurs documentalistes, l’enseignement du « jugement, de l’argumentation et du débat dans les classes » dès l’école élémentaire, l’inscription des élèves de l’enseignement professionnel et des apprentis à des ateliers débats et philosophiques dans le cadre de l’enseignement moral et civique.

« Le sursaut ne doit pas venir que d’en haut » (mais aussi) des réalités de terrain », a promis Najat Vallau-Belkacem. Ce sera l’objet des Assises de l’école républicaine qui solliciteront « tous les partenaires de l’école » autour de deux questions : « Comment rétablir la mixité ? » et « Comment contrer le discours de haine et de repli sur soi ? »