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Budget de la recherche 2018 : la vérité est dans le bleu - Sylvestre Huet, Sciences2, blog du Monde, 8 octobre 2017

lundi 9 octobre 2017, par Laurence

Zéro. Zéro création d’emplois stables dans les laboratoires de la recherche publique. Celle dont partent les ruptures du savoir qui préparent les ruptures technologiques et la compétitivité future du pays. Zéro création donc. Un symbole. Un chiffre rond, facile à retenir. Qui prête à l’ironie.

D’où sort ce chiffre, alors que la ministre de l’Enseignement supérieur annonce un budget en hausse de 501 millions pour la recherche publique ? Tout simplement du « bleu ». Le bleu budgétaire, le document que ne vont lire que quelques députés, mais qui contient le vrai programme du gouvernement pour 2018. Et voici le tableau que l’on y trouve, dans l’annexe consacrée aux « opérateurs » de la recherche :

L’ennui de ce triste tableau c’est qu’il incarne, dans la chair de la science qui est d’abord affaire de cerveaux, l’ambition réelle du Président de la République Emmanuel Macron pour la recherche scientifique publique. Une ambition nulle, donc, l’autre manière, moins polie, d’énoncer le zéro mathématique dans un langage plus politique.
Acharnement bureaucratique

Et cela pour obéir à un dogme – il faut diminuer le nombre de fonctionnaires – pour le moins stupide en cette matière puisque nul (désolé, je n’ai pas résisté), parmi les responsables politiques, n’ose revenir sur l’argumentaire et les engagements de la Stratégie de Lisbonne, lorsqu’en 2000 l’Union Européenne se vantait de devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive au monde. Avec 3% du PIB en moyenne, plus pour la France, consacré à la recherche, dont 1% pour la recherche publique. Or, comme il avait été dit à l’époque par nombre de personnes raisonnables dont le Commissaire à la recherche Philippe Busquin, il est impossible d’atteindre ces objectifs sans augmenter les effectifs de la recherche publique.

Le détail par Organisme de recherche fait penser à un acharnement bureaucratique visant à aboutir à toute force au zéro final. Donc, certains affichent un chiffre identique, à l’unité près, à l’effectif de 2017. C’est le cas pour les 2 120 de l’Institut de recherche pour le développement (il est vrai que pour lutter contre l’immigration que le gouvernement veut réduire, il est inutile d’aider l’Afrique à se développer…). Ou pour les 1 793 de l‘INRIA… bizarre, on avait cru comprendre que, pour notre Président, le numérique et l’informatique sont censés nous sortir du marasme économique. C’était bien la peine de s’embourber dans l’affaire du financement de sa visite de ministre à Las Vegas.

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