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Fin des concertations dans l’enseignement supérieur : les plans du gouvernement pour détruire nos universités - Mar Martin, #payetafac, 20 octobre 2017

samedi 21 octobre 2017, par Laurence

« Réformer l’université », voilà l’un des grands « projets » du gouvernement, via la « concertation » lancée par la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal. Ce jeudi 19 octobre, cette dernière s’est vue remettre le rapport regroupant les propositions issues de la consultation des « principaux acteurs de l’université » (présidents d’université, syndicats étudiants et enseignants). Voyons à quelle sauce les étudiants actuels et futurs vont être mangés.

Un sas de sélection dès le lycée

Une première question bien épineuse pour les participants à la concertation : comment ne pas reproduire le fiasco de la session APB 2017 qui a vu exploser le nombre de bacheliers sans affectation ? Plutôt que de mettre tous les moyens nécessaires à l’accueil dans le contexte d’une demande croissante d’inscriptions à l’université (entre 2009 et 2017, le budget de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a baissé de 660 millions, pour 235 000 étudiants en plus), les propositions tendent bien plutôt à restreindre le nombre de demandeurs.

Première idée brillante : « prendre en compte le profil de l’élève », c’est-à-dire arroger le droit aux universités de demander des « prérequis » pour accéder à la formation souhaitée. Si ces « prérequis » ne sont pas définis, on peut facilement imaginer qu’ils prendraient en compte les bulletins de notes, les types de bac, les activités extra-scolaires, les connaissances générales etc. Si certaines propositions visent à en faire des prérequis « indicatifs », le gouvernement préfèrerait lui qu’ils soient prescriptifs, c’est à dire qu’ils deviennent des conditions d’entrée dans telle ou telle licence. Par ailleurs, pour certaines filières, comme la médecine, les concertations ont déjà tranché : pour rentrer dans cette filière, il faudra valider une sorte d’examen, baptisé « préparation à l’entrée dans les études de santé ». Evidemment, on se doute que dans les grands lycées, des cours préparatoires permettront de valider ce « module », tandis que dans les lycées populaires, ce sera beaucoup plus dur.

Ajoutez à la sélection la généralisation de l’avis du conseil de classe, soit en direction de l’élève, soit directement remis à l’université, et l’on entrevoit les obstacles bien inégalitaires pour l’accès de chacun à l’enseignement supérieur. Si, avant, seules les demandes pour les classes préparatoires et certaines filières sélectives devaient s’accompagner d’un avis du lycée, toutes les filières seront concernées par cet avis.

Inégaux à la naissance, inégaux face à l’école, inégaux face à la fac. Si les universités actuelles admettent d’ores et déjà bien plus bacheliers de filières générales que techniques ou professionnelles, et seulement une minorité d’enfants d’ouvriers et des classes populaires, les mesures proposées ne peuvent qu’accentuer cet état de fait. Ces réformes vont favoriser encore plus l’accès au supérieur pour les jeunes qui ont eu la chance de vivre leur scolarité dans des conditions matérielles et morales correctes, d’avoir des parents pour les aider à la maison, leur donner confiance en leurs larges possibilités d’horizon professionnel, et des moyens financiers pour élargir leurs connaissances culturelles.

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