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PSL, "première université entièrement sélective" - janvier 2018

dimanche 14 janvier 2018

Le rêve de "l’Université cible" ? Devenir une des 20 universités les plus réputées au monde — pour la modestie, ils ne craignent personne chez PSL ! ; mettre un euro privé face à chaque euro public ; recruter ses propres BIATSS sur concours et ses enseignants à l’essai ; multiplier les chaires d’excellence (sur les 10 actuelles, 1 femme : cherchez l’intruse)…

Tandis que le mot "sélection" est soigneusement évité par la ministre de l’Enseignement supérieur, par le gouvernement, PSL, à la pointe de l’avenir, n’hésite pas à se donner pour programme de devenir "la première université française entièrement sélective" (selon un document lu par l’AEF). Un vrai programme démocratique.
On y lit des choses intéressantes, l’idée par exemple qu’enseigneront les meilleurs au niveau de la recherche "à l’international" (et non pas les non-publiants comme dans le décret sur la modulation de service qui faisait de l’enseignement la tâche subalterne des moins chercheurs parmi les enseignants-chercheurs).
Le modèle de cette université est clairement celui des établissements américains de la Ivy League : 25 000 étudiants, c’est à peu près le chiffre d’Harvard.

Un avant-projet de statuts (36 pages), intitulé "Université cible" (12 décembre 2017) est actuellement examiné par le MESRI, qui a également été remis au jury des Idex le 18 décembre 2017.

PSL, actuellement COMUE présidée par Alain Fuchs (ancien PDG du CNRS), pose des jalons jusqu’en 2030, pour mener à bien son projet de "première université française entièrement sélective". Le projet vise 25 000 étudiants en 2024 et envisage d’acquérir en 2018 le statut de grand établissement, agrémenté de "quelques aménagements législatifs", doté des RCE (responsabilités et compétences élargies). L’entrée dans le palmarès de Shanghai est prévue dès 2018. En 2030, PSL doit être "une des 20 universités globales les plus réputées au monde", avec un périmètre stabilisé à 20 membres.

Neuf membres et 10 associés fondateurs composeront le futur grand établissement :

Les 9 membres du futur grand établissement (2018) sont :
• l’École nationale des Chartes,
• l’École nationale supérieure de chimie de Paris (Chimie ParisTech),
• l’École normale supérieure (ENS),
• l’École pratique des hautes études (EPHE),
• l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI PARIS),
• l’Institut Curie,
• Mines ParisTech,
• l’Observatoire de Paris (OBSPM),
• Paris Dauphine (UPD).

Les 10 associés fondateurs sont :
• le Collège de France,
• le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique (CNSAD),
• le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP),
• l’École française d’extrême orient (EFEO),
• l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS),
• l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD),
• l’École nationale des beaux-arts (ENSBA),
• l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son (La Fémis),
• l’Institut de biologie physico-chimique - Fondation Edmond de Rothschild,
• l’Institut Louis Bachelier.

Le tout pour 20 000 étudiants en 2018, dont 70% de "niveau gradué".

Les 20 compétences des membres coordonnées par PSL
• élaborer et adopter le budget,
• gérer les relations avec les ministères de tutelle,
• gérer les relations avec les organismes de recherche,
• gérer les relations avec les établissements d’enseignement supérieur partageant la tutelle d’unités de recherche,
• piloter la politique de recherche,
• créer et fermer des projets et programmes de recherche,
• mettre en œuvre la stratégie de recherche de PSL au sein des unités de recherche, sans préjudice des tutelles exercées par d’autres établissements,
• recruter et gérer les RH, dont le recrutement et la gestion des enseignants-chercheurs, chercheurs, enseignants, ingénieurs et personnels de grade équivalent dans la filière HU, dans le cadre défini par la conférence RH,
• recruter les étudiants étrangers,
• piloter les services mutualisés, développer des partenariats et coopérations,
• organiser et développer l’offre de formation à l’intention des étudiants français et étrangers au sein de 4 collèges des L, M et D et de la formation continue,
• créer ou modifier des formations,
• gérer l’insertion professionnelle des étudiants,
• mettre en œuvre la stratégie internationale, signer les accords internationaux, développer des relations institutionnelles avec des entités étrangères,
• opérer des levées de fonds,
• répondre aux appels à projets nationaux ou internationaux,
• développer des ressources propres,
• mettre en œuvre le projet d’amélioration de la qualité de la vie étudiante et de promotion sociale,
• adopter le compte financier.

La stratégie recherche de PSL entend "promouvoir une interdisciplinarité radicale" et coupler le niveau gradué (masters et doctorats, soit plus de 70 % des effectifs étudiants de PSL) à ses axes de recherche majeurs, incarnés par les labex, les grands programmes, les Iris (Initiatives de recherche interdisciplinaire et stratégique) et les EUR. Des "programmes gradués inter établissements" seront ainsi liés aux écoles doctorales ; y interviendront des chercheurs des organismes, dont "les services d’enseignement seront généralisés". Le périmètre des écoles doctorales sera d’ailleurs révisé avant 2024, de nouvelles écoles doctorales pourraient voir le jour.
Pour attirer les meilleurs doctorants, les contrats doctoraux seront assortis de "packages financiers" pour faciliter leur déménagement, installation, etc…

Le projet veut lier intimement enseignement et recherche sur la base des réseaux inter-établissements existants. PSL a augmenté de 300% le nombre de ses inscrits en doctorat, et atteint actuellement le chiffre de 3788 doctorants.

Une politique de recrutement est définie dans le projet, qui consistera à effectuer 2-3 recrutements communs sur les trois exercices à venir. Actuellement PSL s’enorgueillit de 10 chaires d’excellence, et il est prévu que chaque membre intègre dans ses commissions de recrutement ad hoc d’autres membres de PSL. Une procédure de "tenure track" [1] doit être mise en place pour les recrutements internationaux de très haut niveau en début de carrière.
Les enseignants-chercheurs seront tous —bien évidemment— de niveau international, en priorité, ainsi que les chercheurs, avec versement (déjà effectif) de PEDR à ces derniers.


[1pour ceux qui ne parlent pas couramment le volapuk managérial, c’est une sorte de prétitularisation