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A l’université, tempête sous un crâne - Catherine Walgenwitz, La Marseillaise, 23 janvier 2018

mercredi 24 janvier 2018, par Laurence

La nouvelle plate-forme d’inscription pour les études post-bac, ParcourSup se met en place dans la douleur. Un climat de défiance s’installe parmi des enseignants-chercheurs qui pourraient refuser ou détourner la réforme. Illustration à Marseille.

La licence sciences et humanités créée en 2012 à la faculté des sciences de Saint-Charles à Marseille est unique en France. Olivier Morizot, enseignant-chercheur en physique est responsable de cette licence, concernée comme toutes les autres par ParcourSup. Un dispositif lancé par le gouvernement qui succède à APB et introduit pour la première fois des attendus, qui s’ils ne sont pas remplis par les étudiants devront suivre un parcours d’accompagnement, sous peine d’être refusés. En sciences et humanités la plupart des enseignants ont prévu de déroger à cette règle et ne réclameront aucun CV et encore moins de lettre de motivation aux futurs étudiants. Une façon de détourner la réforme et d’enclencher une forme de résistance. « Les attendus locaux posent problème puisqu’ils vont permettre une différenciation dans les universités et vont accélérer la compétition entre les universités qui vont se battre pour les financements, pour les chercheurs d’exception, pour les étudiants, car c’est aussi une manne financière, à partir du moment où la suite de la réforme qui se profile et nous pose problème va être l’augmentation des frais d’inscription à la fac », prévient Olivier Morizot. Un document de campagne du candidat Macron s’inscrivait déjà dans cette économie de la connaissance, comme cela existe depuis 10 ans en Angleterre, en Allemagne et depuis plus longtemps aux Etats-Unis.

Une vie à crédit

« Tout devient logique. On voit bien que l’Etat se retire des établissements publics et fait tout pour qu’ils se rapprochent du privé pour s’autofinancer. On n’arrête pas de nous demander d’aller chercher des investissements, de faire appel à des fondations privées pour financer la moindre action. Une politique se construit sur le crédit, en demandant à des étudiants de s’endetter pour financer leurs études. Une sélection par l’argent », soutient l’enseignent-chercheur. Engagé depuis de nombreuses années le processus avait commencé par s’accélérer avec l’autonomie des universités. Jusqu’aux derniers grands mouvements de 2009, le monde universitaire tente tant bien que mal de résister et commence tout doucement à réagir aux réformes du président Macron, qui avance tel un rouleau compresseur. Pour Olivier Morizot, « personne n’a vraiment compris quel était le problème d’APB. L’université devra faire face à une nouvelle poussée démographique de ses étudiants. Tout le monde le sait depuis longtemps. La question plutôt que de sélectionner serait de mettre suffisamment d’enseignants en face des étudiants ».

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