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Parcoursup, une réforme conservatrice ? - Romuald Bodin et Sophie Orange, AOC [Analyse, Opinion, Critique], 6 février 2018

dimanche 11 février 2018, par Mademoiselle de Scudéry

À lire ici.

Associer la réforme de l’université imposée à marche forcée par Emmanuel Macron à la peur du changement semble ne pas aller de soi. L’actuel président de la République n’est-il pas l’initiateur d’un nouveau parti politique appelé « En Marche ! » ? Lui et les membres du gouvernent ne présentent-ils pas le dispositif Parcoursup comme un moyen de « fluidifier » l’entrée des bacheliers dans l’enseignement supérieur, de donner une « nouvelle dynamique » à l’orientation ? Peut-être.
Mais ces éléments de langage ne résistent pas bien longtemps à l’analyse. L’étude de la réforme mise en place et du système argumentatif censé la justifier en donne une tout autre image. D’une part, cette réforme n’a rien d’une rupture avec celles menées par les gouvernements précédents, et ne s’appuie nullement sur de nouvelles conceptions ou de nouveaux arguments. D’autre part, les e ets de Parcoursup, du moins tels que l’on peut en juger au regard des recherches réalisées en sciences sociales sur les mécanismes d’orientation et de sélection dans le supérieur, semblent bien plutôt devoir être de l’ordre de la rigidification des parcours et du renforcement des inégalités que de la fluidification ou de la redynamisation.
Précisons. Le projet de loi sur l’Orientation et la réussite des étudiants (ORE), dans lequel s’inscrit le nouveau dispositif Parcoursup, se fonde sur trois constats (dont on montrera le caractère fallacieux) : la désorientation des étudiants, les dysfonctionnements d’APB et l’échec des étudiants à l’université. Pour répondre à ces di érents maux, la réforme introduit un renforcement de l’accompagnement à l’orientation (professeur principal supplémentaire, vœux des lycéens visés par les conseils de classe, temps consacrés à l’orientation rallongés), une individualisation de la gestion de l’orientation (nouvelle plate-forme de vœux, lycéens informés directement sur leur smartphone) et une sélection à l’entrée de l’université (capacités d’accueil pour toutes les licences, formalisation d’« attendus », appréciation et classement des candidatures).


Les enquêtes sociologiques montrent qu’au seuil du baccalauréat les projets d’orientation des lycéens sont relativement bien disciplinés et conformes à leurs caractéristiques scolaires et sociales.


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