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Les universités attaquées dans les mots et dans les budgets, Olivier Monod, Libération, 28 octobre 2020

mercredi 28 octobre 2020, par Elie

Le débat sur la loi de programmation de la recherche débute finalement mercredi au Sénat. Un texte qui divise la communauté universitaire éprouvée ces derniers jours par les mots du ministre de l’Education nationale.

Le Covid ne respecte pas – non plus – les calendriers parlementaires. Programmée pour examen au Sénat mercredi puis déplacée à jeudi pour cause de débat sur l’état d’urgence sanitaire, la loi de programmation pour la recherche (LPR) débute finalement ce mercredi en séance publique. En deux mots, il s’agit d’augmenter de 5 milliards d’euros le budget de la recherche française. Dans le détail, un milliard ira aux appels à projets de l’Agence nationale de la recherche, 2,1 milliards iront aux organismes, quand 1,7 ira aux universités. Equitable ? Pas vraiment, puisque les universités emploient 84 000 personnes ayant une activité de recherche contre 49 000 pour les organismes. Le volet recherche des universités n’est donc pas valorisé par la LPR.

Le volet enseignement n’est pas à la fête non plus. Depuis 2010, la dépense moyenne par étudiant de la France ne cesse de baisser. Demandant toujours plus de travail et d’investissement aux personnels des universités. Un peu comme l’hôpital, l’enseignement supérieur français devient un service public qui tient plus par le dévouement de ses fonctionnaires que par les moyens consentis par l’Etat.

L’Etat a donné l’autonomie aux universités en 2009, mais il refuse de leur donner les moyens de l’exercer. Au contraire, depuis cette date, le budget récurrent des universités n’augmente pas au profit de financements fléchés et distribués par appels à projets. « Il s’agit là d’une conception de l’enseignement supérieur et de la recherche entièrement soumis à l’agenda du pouvoir politique », note le politologue Samuel Hayat. La logique des appels à projets est maintenant sortie du champ purement scientifique. Les universitaires ont dû déposer des candidatures pour obtenir des moyens pour mettre en place des enseignements à distance pendant le confinement de mars. Rebelote cet été, pour avoir le droit de rénover leurs bâtiments. La mise sous tutelle des universités est presque complète. C’est bien l’indépendance des universitaires et leur droit, statutaire, de choisir leur thème de recherche qui est attaqué. Hasard du calendrier, le 20 octobre, les ministres européens de la recherche ont signé la Déclaration de Bonn, qui défend « la liberté de la recherche scientifique ».

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