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Des BIATOSS dans la communauté universitaire - par Laurence Giavarini, MCF à l’université de Bourgogne, "L’Humanité" du 9 mars 2009

mardi 10 mars 2009

L’invitée de la semaine.

Laurence Giavarini, Maîtresse de conférences en littérature française à l’université de Bourgogne, porte-parole de Sauvons l’université.

D’une coordination à l’autre, de celle des universités, le vendredi 6 - chercheurs, enseignants-chercheurs, BIATOSS et étudiants - à celle des « formateurs » le lendemain, de Créteil à la Sorbonne, la mobilisation tente de se construire et de se renforcer par le collectif. Une AG vote les motions de la précédente, ajoute les préoccupations propres de ses représentants. Sans doute, c’est le train des revendications que chacun tente de prendre ainsi en marche. Mais c’est aussi

la diversité de ce qu’est l’université qui se trouve construite par les acteurs de la mobilisation.

Vendredi soir, à Créteil, vers 19 h 30, quelqu’un lit au micro le « communiqué du soir », qui répond au énième leurre tenté par Valérie Pécresse : nous serions sortis de crise, le décret réécrit. Nous écoutons la fin de la lecture, quand une dame éclate : « Merci pour les BIATOSS, encore une fois ! ». Les BIATOSS ne sont pas mentionnés dans le texte. La « Coordination nationale des universités », les « étudiants », oui, et « l’ensemble de la communauté d’éducation et de recherche », car c’est de tous qu’il s’agit là. Mais le cri de la dame dit à quel point elle se sent exclue de cette « communauté d’éducation et de recherche ». Les personnels administratifs et techniques, que ce sigle de BIATOSS rassemble et opacifie, sont certes de toutes les motions : ils ont un représentant dans chaque délégation. Nous savons que la loi LRU est pour eux ce que le décret statutaire est pour les enseignants-chercheurs : elle autorise une gestion locale de leurs carrières, instaure une concurrence féroce entre eux, érige l’emploi contractuel en règle. Nous savons qu’ils doivent déjà contribuer à ce qui les détruit.

Mais leur parole peine à se construire, peut-être parce que leurs emplois vont de la loge à la bibliothèque, des ingénieurs aux ouvriers de service et de santé. BIATOSS, c’est le mot qui nomme des emplois et des qualifications très différents, des salaires souvent dérisoires, voire infamants. C’est parmi les BIATOSS que l’on trouve ces 1 100 euros par mois que la dame nous jette à la figure quand nous lui disons, à part, que ce n’est pas ainsi qu’il faut se battre, qu’il faut prendre la parole et proposer une motion à la prochaine AG, pour poser de manière spécifique la question des BIATOSS comme « laboratoires de la loi LRU ». Il n’y a pourtant rien d’autre à proposer que cette difficile saisie par chacun de sa position dans la « communauté d’éducation et de recherche » qui profite de la formidable chambre d’écho que constitue la mobilisation, la mobilisation de tous.


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-03-09_T...