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Le Printemps des chaises fleurit dans les universités - Cécile Dumas, NouvelObs.com, "Sciences et avenir", 12 mars 2009

vendredi 13 mars 2009

Après les manifestations de mercredi qui ont réuni environ 50.000 personnes dans toute la France, les universités et les labos poursuivent leurs actions et leur grève entamées il y a 6 semaines. Syndicats et associations veulent faire entendre leurs revendications en bloc.

"Lundi 9 mars dès 7h45 : Soyez nombreux pour vider nos universités de leurs cours", annonce cette affiche du Printemps des chaises lancé à Grenoble.
Bientôt six semaines de mobilisation, depuis le mot d’ordre du 2 février pour que « les universités et les laboratoires s’arrêtent », et les enseignants-chercheurs restent déterminés à batailler contre les réformes. Cette semaine un nouveau mouvement est parti de l’université de Grenoble, le Printemps des chaises, repris dans plus de la moitié des universités françaises.

A Dijon, au second étage du bâtiment des Lettres, les chaises ont été sorties des salles et empilées dans les couloirs pour signifier qu’il n’y aurait pas de cours, témoigne ainsi Laurence Giavarini, maître de conférence à l’Université de Bourgogne et porte-parole du mouvement Sauvons l’Université (SLU). Lectures publiques de la Princesse de Clèves, cours hors-les-murs, création de l’Université Paris 14 (sur la ligne 14 du métro parisien), démission de leurs fonctions administratives comme à l’Université de Provence… Les enseignants-chercheurs, souvent rejoints ou soutenus par les étudiants, inventent de nouvelles formes de mobilisation, face à un gouvernement qui refuse d’ouvrir des négociations.

Tout en faisant part de ses préoccupations pour l’année universitaire en cours–« nous sommes déjà à la moitié du second semestre »- Laurence Giavarini affirme que tout le monde est déterminé à poursuivre le mouvement, même s’il faut trouver des solutions pour faire grève tout en permettant aux étudiants de valider leur semestre. « Jusqu’à présent je n’ai eu aucune réaction négative de mes étudiants auxquels j’ai expliqué pourquoi j’étais gréviste », précise la spécialiste de littérature française.

La ministre de la recherche, Valérie Pécresse, a certes élaboré un nouveau texte sur le statut des enseignants-chercheurs au cours d’une rencontre avec trois syndicats mais les mouvements comme SLU, SLR (Sauvons la recherche) ou Qualité de la Science française (QSF) refusent cette nouvelle version du décret. De plus, même les syndicats concernés continuent à défendre en bloc les revendications de l’université et refusent de parler d’accord tant que la globalité des motifs de la grève n’aura pas été prise en compte.

Le décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs : il répartit la charge entre l’enseignement, la recherche et les tâches administratives assurées par les universitaires. Dans le cadre de la loi LRU sur l’autonomie des universités, le décret prévoit une modulation des heures d’enseignement et de recherches en fonction de l’évaluation de l’enseignant-chercheur. Les universitaires dénoncent le risque d’un alourdissement des heures d’enseignement pour ceux dont les recherches ne seront pas jugées assez bonnes (« l’enseignement-punition »). La nouvelle mouture discutée fin février avec la ministre n’apporte pas les garanties suffisantes, selon SLU. Elle ne fixe pas de temps légal de travail mais seulement un temps de référence, sans plafond au-delà duquel les heures d’enseignement sont rémunérées en heures supplémentaires. Le tout dans un contexte de pénurie budgétaire et de réduction des effectifs.

La ‘mastérisation’ : ce terme un peu barbare désigne la réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire. Le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos a demandé aux universités de remettre aux rectorats les projets de masters avant même que les modalités des nouveaux concours soient connues. Plusieurs « cérémonies de non-remise des maquettes » ont eu le mois dernier pour protester. Les universitaires dénoncent une réforme menée rapidement et sans consultation, qui de plus supprime l’année de stage rémunérée des futurs enseignants.

Les suppressions de postes : les grévistes protestent contre la suppression d’un millier de postes à l’université en 2009, dont une grande partie de BIATOS, acronyme qui désigne le personnel administratif.

Le contrat doctoral : la ministre Valérie Pécresse a présenté le nouveau contrat doctoral comme un moyen de valoriser le diplôme du doctorat et de donner aux thésards un véritable contrat de travail. De fait, la Confédération des jeunes chercheurs (CJC) se bat contre le travail précaire et sans statut subi par certains jeunes chercheurs dans les laboratoires. Un cadre juridique est donc nécessaire. Malgré cela, le contrat doctoral, dans sa version initiale, a suscité de nombreuses oppositions, notamment parce qu’il exige du thésard un rapport d’activité annuel pour renouveler son CDD et qu’il le prive d’un statut national. Les dernières discussions entre les organisations représentatives et le ministère, le 10 mars, auraient cependant permis d’avancer dans le bon sens, selon les informations de la CJC (voir leur site).


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