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"Mise en place de la mastérisation" : « Pour 2010, c’est impossible »" (Le Monde, 13 mars 2009)

vendredi 13 mars 2009

Xavier Darcos et Valérie Pécresse ont annoncé jeudi 12 mars l’"étalement" de l’application de la réforme de la formation des enseignants. Le nouveau concours sera effectivement mis en place pour 2010, et les formations de mastères dès septembre 2009. Les étudiants de ces mastères pourront effectuer 108 heures de stage par année de formation.

Marc Champesme est délégué national du Snesup (syndicat majoritaire dans l’enseignement supérieur), chargé de la formation des enseignants.

Comment réagissez-vous à cette dernière annonce ?

Les ministères reconnaissent que ce qu’ils avaient prévu pour la rentrée 2009 ne fonctionnera pas. Mais au lieu de reprendre la revendication de tous les acteurs et de maintenir les concours sous leur forme actuelle pour 2010, ils inventent un processus assez complexe. Il faudra utiliser des mastères qui actuellement n’existent pas.

Est-il possible de mettre en place cette réforme dans les délais exigés ?

Pour 2010, ça nous paraît impossible. On ne sait pas exactement ce que seront les concours qu’on nous demande de mettre en place. Les formations prévues pour préparer à ces concours n’existent pas, ou sont à l’état de projet. On nous demande de mettre en place à la rentrée 2009 un dispositif complètement baclé, qui n’est pas acceptable.

Pour les étudiants qui se demandent ce qu’ils vont faire à la rentrée 2009, s’ils doivent commencer à préparer les concours, la situation n’est absolument pas lisible. Le dispositif de formation pour préparer au concours va être complètement différent d’une université à l’autre, il n’y aura pas de règle générale.

Que pensez-vous de la proposition d’instaurer des stages de 108 heures ?

108 heures, c’est-à-dire trois semaines, ça nous paraît insuffisant. Dans n’importe quel mastère pro, les stages durent trois mois, à plein temps. Ça ne correspond pas non plus à ce qui se faisait dans les IUFM. Il n’est pas dit que tous les élèves pourront bénéficier de ces stages, nous n’avons pas encore assez de précisions.

Les IUFM sont totalement absents de ce texte, nous souhaitons réaffirmer leur rôle dans cette future formation. Les IUFM rassemblent un potentiel de formation et de recherche qui s’est constitué au fil des années, précisément pour la formation des enseignants. Le ministère prétend que c’est à chaque université de décider si elle utilise l’IUFM pour définir le programme du futur mastère enseignement, mais dans les faits, ils sont totalement absents des discussions. Quelles que soient les critiques qu’on puisse faire aux IUFM, la non-utilisation de leur potentiel est très grave.

Propos recueillis par Rémy Maucourt


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