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Rapport de la Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires. "Bassin parisien : l’offre d’enseignement supérieur et de recherche face aux besoins de l’économie et de l’emploi, 2006-2008
mercredi 16 septembre 2009
Veuillez télécharger le doc joint pour accéder à l’ensemble du rapport. Ci-dessous, les 3 pistes de travail en matière d’aménagement des territoires retenues au terme de l’analyse.
Scénario 1 : concentration de l’enseignement supérieur et de la recherche de haut niveau en Ile-de-France
1°) Les niveaux Master et Doctorat seraient concentrés dans les universités parisiennes, la logique de rattachement des niveaux doctorat se calquant sur l’organisation géographique de la recherche privée (doctorants concentrés dans les universités situées près de centres de recherche privés). Les laboratoires localisés dans les régions limitrophes se rattacheraient à des universités franci- liennes, notamment ceux insérés dans des pôles de compétitivité régionaux. La répartition des spécialisations en Master entre les différentes facultés de l’IDF se ferait en cohérence avec la répartition des universités de recherche.
2°) Dans les autres territoires, un « service minimum » se maintiendrait d’une part dans les universités régionales autour des formations de niveau licence pour les filières générales, d’autre part autour de formations professionnelles courtes dans des villes secondaires, selon la spécialisation des secteurs d’activité locaux (comme la métallur-
gie dans les Ardennes), ou selon des thèmes transversaux (activités de services). L’avantage d’un tel scénario est de renforcer le rayonnement de Paris sur la scène internationale, facilitant stages et embauches dans les grands groupes, ainsi que des synergies avec la recherche privée, qui se concentre actuellement sur la région parisienne. Il permet aussi d’optimiser les coûts académiques, en assurant une taille critique pour toutes les spécialisations et en concentrant les ressources administratives.
Ce scénario est rendu envisageable en raison de l’aspiration vers Paris des diplômés et chercheurs, constatée par toutes les régions limitrophes, et par l’attractivité globale des universités parisienne, qui ont vu leurs effectifs augmenter de 4 % en 5 ans (+ 14 000 étudiants) au détriment des universités proches : Rouen, Reims et Orléans ont 2 600 étudiants sur la même période, soit 4 % de leurs effectifs.
Les inconvénients consistent dans le risque d’accélérer le vieillissement et l’appauvrissement des régions périphériques de l’Ile-de- France, par le départ des étudiants et par une moindre incitation des entreprises à s’installer ou à rester en région (aggravation de la difficulté des entreprises à trouver des cadres ou des repreneurs). La contribution de l’ESR se limiterait aux besoins de court terme de l’économie locale. Ce scénario met enfin en jeu le coût très élevé de la vie parisienne pour les étudiants, les professeurs et les chercheurs.
Scénario 2 : organisation multipolaire
Ce scénario se fonde sur la constitution ou le renforcement de 4 grands pôles universitaires généralistes régionaux ou interrégionaux, à travers le regroupement d’universités aujourd’hui distinctes :
Rouen, Caen et Le Havre
Orléans-Bourges, Tours et Poitiers
Le Mans, Angers, Nantes
Reims et Amiens
L’objectif est d’atteindre ou de maintenir une taille critique d’au moins 40 000 étudiants par pôle universitaire, au moyen d’une offre complète de disciplines LMD.
Ce scénario repose sur l’harmonisation de l’offre publique à l’intérieur des 4 pôles : répartition des spécialisations Master et des unités de recherche entre chaque pôle universitaire, harmonisation de l’offre de formation courte sur l’ensemble du territoire, maintien d’antennes universitaires de niveau licence dans les villes secondaires. Il suppose la mobilisation de tous les acteurs économiques et académiques à l’échelon régional :
mutualisation des moyens dans le cadre des PRES, associant aussi les écoles privées ;
forte implication des collectivités territoriale pour développer l’attractivité des
territoires concernés ;
renforcement des liens avec le tissu économique et avec les pôles de compétitivité.
L’avantage de ce scénario est de proposer un aménagement équilibré du territoire. Il s’agit d’une démarche déjà engagée qui a montré ses effets économiques positifs.
Les inconvénients résident dans un éloignement relatif des différents sites d’un même pôle : il peut être plus long d’aller d’une ville à l’autre d’un même pôle que d’aller à Paris. Cet éloignement peut provoquer la réticence des étudiants : s’il faut quitter le domicile parental, autant aller à Paris ou à l’étranger plutôt que de se déplacer à l’intérieur de la région. Dans les villes secondaires par ailleurs, le maintien d’antennes universitaires représente un coût impossible à financer par les universités sans l’aide des collectivités locales. Enfin, certains regroupements universitaires sont source de complexité potentielle, car ils dépassent les délimitations régionales et académiques actuelles, et impliquent de très nombreux acteurs et sources de financement (régions, départements, agglo, académies, CCI, organisations professionnelles...).
La réalisation d’un tel scénario nécessite de faciliter la mobilité des étudiants à l’intérieur des pôles, au moyen de l’intensification des liaisons ferroviaires entre villes secondaires, et de l’amélioration des conditions de la vie étudiante.
Mais c’est une course contre la montre face à des tendances économiques et démographiques lourdes : certaines régions du Bassin parisien affichent des projections de population négatives (notamment Champagne-Ardennes) ; les effectifs dans les établissements privés ou spécialisés augmentent, alors qu’ils sont moins sensibles aux logiques d’aménagement du territoire. Peu de PME perçoivent les retombées concrètes à attendre des pôles de compétitivité ; enfin, la mise en œuvre des infrastructures nécessaires (transport et logement) demande un certain délai.
Scénario 3 : réseaux éclatés
Ce scénario expose un maillage territorial de l’offre d’enseignement supérieur limité aux premières années d’études supérieures. Il suppose l’harmonisation des STS et IUT au niveau de chaque ville secondaire, et le renforcement du réseau national des IUT, ainsi que le maintien de filières générales L1-L2 et d’IUFM au niveau des universités régionales. Mais dès le niveau L3, les universités régionales se spécialiseraient et fonctionneraient en réseau avec d’autres établissements nationaux voire internationaux, en choisissant des domaines d’excellence dont le rayonnement dépasse le cadre régional, en lien avec l’économie locale et la recherche (comme la biologie à Rouen).
En conséquence, l’enseignement à distance se développerait afin de rattacher des étudiants à des formations hors région. Ce scénario propose le développement de réseaux d’écoles spécialisées et des formations en alternance :
accueil d’antennes d’écoles extérieures aux territoires concernés ;
rattachement des formations isolées à des réseaux d’écoles, ex : transformation pos-
sible de l’IFTS de Charleroi en une école d’ingénieurs, insérée à un réseau de type
Supméca ou École des Mines ;
développement du rayonnement international des grandes écoles, à l’exemple de
l’ESC Rouen, qui a ouvert sa gouvernance au-delà de la CCI pour viser une place
dans les 20 premières écoles européennes de management.
Avantages de ce scénario : il élargit les synergies possibles entre des établissements, qui peuvent dès lors mutualiser certains de leurs coûts (administration, communication). L’élargissement porte aussi sur les zones de recrutement d’étudiants, sur des critères pédagogiques et non de domicile. Ces synergies favorisent une reconnaissance nationale des diplômes émis par les établissements. Des territoires peu attractifs (petites villes du Bassin parisien) peuvent bénéficier de la dynamique de réseau d’ES de niveau national, en maintenant des établissements qui ne pourraient fonctionner de façon indépendante (antennes de l’école des Mines par ex), et des retombées locales de meilleures relations entre écoles et entreprises (promotion de stages tournés vers des PME locales).
L’accès à des projets de recherche avec des centres privés ou des universités étrangères s’en trouve facilité, si un contrat est signé par une université parisienne, mais réalisé dans une université régionale du réseau.
Inconvénients : il est obligatoire de se délocaliser hors du territoire régional pour étudier certaines matières et les collectivités locales ont une moindre influence sur l’offre de formation. La réalisation de ce scénario est conditionnée par des efforts importants pour attirer des écoles vers des territoires peu attractifs, et par la généralisation du Haut débit internet et des équipements de communication à distance. Si la logique de réseau ne se révèle pas suffisamment solide, le risque est de revenir à une concentration en Ile-de-France.